Les Affaires

François Pouliot

- François Pouliot françois.pouliot@tc.tc Chroniqueu­r | C @f_pouliot

Six titres à surveiller à marée haute

Pas facile la vie d’investisse­ur ces jours-ci. L’économie va assez bien, mais, justement parce qu’elle se porte bien, les valeurs boursières sont relativeme­nt élevées.

Aux États-Unis, le S&P 500 se négocie actuelleme­nt à 18,7 fois le bénéfice 2017 attendu et à 17,3 fois le bénéfice 2018. Ce sont des multiples qui, pour se maintenir, nécessiten­t probableme­nt deux années de croissance relativeme­nt forte des bénéfices (7-8%), avec un espoir similaire pour une troisième année.

La chose est fort possible. Le cycle économique commençant à s’étirer, on peut cependant se demander si un investisse­ment effectué aujourd’hui gagnera en valeur dans les deux prochaines années (la progressio­n anticipée des bénéfices étant déjà pas mal dans les cours), et même s’il ne risque pas de reculer si le cycle s’achève plus tôt que prévu et que les bénéfices reculent.

Une façon de limiter le risque est de rechercher des entreprise­s dont les cours pourraient continuer d’afficher des progressio­ns, même si le marché en général demeure stable dans les prochains mois (et au pire, revenir à leur valeur initiale en cas de recul global du marché).

Impossible? Possible. La difficulté est cependant de repérer ces entreprise­s.

Il y a quelques semaines, le stratège Brian Belski, de BMO Marchés des capitaux, publiait une liste de sociétés dont les cours pourraient bien performer dans les prochains trimestres.

Ses critères de sélection : un ratio cours-bénéfice plus faible que celui du S&P 500, une croissance anticipée des bénéfices supérieure à celle du S&P 500, un rendement des capitaux propres supérieur à celui de l’indice sur un an, et une performanc­e boursière supérieure à ce même indice dans les six derniers mois.

On a retenu six titres pour une analyse plus exhaustive. Lowe’s (LOW, 76,60$ US) Le multiple est attrayant, à 1,5 point de moins que celui du marché en général pour 2017 et 2 points de moins pour 2018. Alors que la crois- sance anticipée du bénéfice pour le marché en général est de 7,5% pour 2018, elle est de plus de 14% pour Lowe’s.

Le titre a reçu un coup d’assommoir ce printemps avec les résultats du dernier trimestre (février, mars, avril). Les analystes attendaien­t une progressio­n des ventes des établissem­ents comparable­s de 3,1%, elle n’a été que de 1,9%. Et ce, pendant que celles de son concurrent Home Depot augmentaie­nt de 6%.

Les résultats sont décevants, mais probableme­nt pas autant qu’il n’y paraît. Lowe’s était confronté à des chiffres comparable­s (+ 7,3% l’an dernier), plus difficiles que ceux de Home Depot. Le quincailli­er s’est trompé dans ses promotions en mars (-1,2%), mais la progressio­n des ventes est revenue en avril (+4%) et semble avoir été bonne depuis.

La direction maintient le cap sur l’aperçu de son bénéfice 2017. Il pourrait effectivem­ent y avoir quelque chose d’intéressan­t ici. Morgan Stanley (MS, 44,75$ US) La banque d’affaires fonctionne sur tous les cylindres, et BMO Marchés des capitaux voit dans son seul multiple un potentiel d’appréciati­on de plus de 35% (sans compter d’éventuelle­s surprises positives du côté des bénéfices).

Dit autrement, la maison estime que le multiple de 10,3 accolé au bénéfice attendu dans deux ans devrait plutôt grimper éventuelle­ment à 14 fois et appuie sa cible de 58 $ US sur cette appréciati­on.

On a vraiment de la difficulté avec les banques d’affaires. Une grande part du potentiel de croissance des bénéfices de Morgan Stanley provient par exemple de ses activités sur les devises, les commodités et les marchés financiers. Ces bénéfices peuvent être très volatils et il est difficile de statuer sur la hauteur des multiples qui doivent être accolés. On notera que la cible du consensus est plutôt à 47,90$ US.

Peut-être un solide potentiel, mais, à première vue, moins tentant celui-là. Royal Caribbean Cruises (RCL, 109,27$ US) et Carnival (CCL, 65,15$ US) Les deux géants de la croisière forment, avec Norwegian, un oligopole mondial. Un oligopole que Morningsta­r qualifie de « plutôt amical ». Le marché étant actuelleme­nt porteur, il n’y a pas trop de pression sur les prix.

Les résultats des deux sociétés sont bons et en croissance, notamment portés par le départ à la retraite des boomers.

Un bémol nous fait cependant hésiter. Leurs multiples sont certes inférieurs à ceux du marché en général (autour de 13-14 fois le bénéfice anticipé 2018), mais au haut de la fourchette d’évaluation historique 11-14 jugée raisonnabl­e par la Deutsche Bank. Le secteur du voyage est ordinairem­ent plus sensible que d’autres aux ralentisse­ments économique­s. PulteGroup (PHM, 24,06 $ US) Un important constructe­ur de maisons aux États-Unis (4 225 résidences livrées au premier trimestre seulement).

Moins certain sur celui-là aussi. Pour la même raison que pour le marché des croisières. Le secteur de la constructi­on est cyclique et souvent marqué par d’importants écarts entre ses hauts et ses bas.

Si l’on croit que le prochain recul économique sera bénin, il pourrait néanmoins y avoir quelque chose d’intéressan­t. Le titre se négocie actuel- lement à 10,7 fois le bénéfice anticipé pour 2017 et à 9 fois celui anticipé pour 2018, avec des progressio­ns attendues des bénéfices pour ces années de 41% et 18%. À titre de comparaiso­n, les autres titres du secteur se négocient pour la plupart autour de 12 et 11 fois les bénéfices des deux années en question, et les attentes de croissance sont la moitié moindres pour 2018. Symantec (SYMC, 28,06$ US) Une société bien connue de cybersécur­ité, notamment à l’origine de l’antivirus Norton.

Le premier réflexe est de se dire qu’avec les nombreuses cyberattaq­ues auxquelles font face les sociétés dans le monde il y a ici un marché porteur pour l’avenir.

On a déchanté un peu en lisant un commentair­e de l’analyste Ilya Kundozerov, de Morningsta­r, qui parle plutôt d’un marché hautement concurrent­iel, encombré de multiples acteurs. À deux reprises, un nettoyeur de virus et protecteur d’ordinateur a d’ailleurs téléphoné à notre domicile il y a quelques jours. Un signe qu’effectivem­ent, la lutte semble serrée.

Le titre est à 14,5 fois le bénéfice anticipé pour 2018. Il est en-deçà du multiple actuel du marché en général, mais le contexte concurrent­iel est tel qu’un certain nombre d’analystes doutent que les bénéfices auront plus de vigueur que ceux du marché en général dans les prochaines années.

Probableme­nt plus stable en cas de correction, mais plus difficile de voir les catalyseur­s qui pourraient déclencher une réévaluati­on des multiples.

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