Les Affaires

Veuillez patienter

- Billet Julie Cailliau Rédactrice en chef, Groupe Les Affaires julie.cailliau@tc.tc @julie140c

La saison est propice au ralentisse­ment. Prenons donc le temps de voir à quoi ça peut bien servir, justement, de prendre son temps.

Je tente une réponse: principale­ment, prendre son temps permet de durer.

Prenez le cas de Saputo. Dans son reportage sur la multinatio­nale québécoise, François Normand explique comment Saputo est passée d’une petite fromagerie familiale à un empire laitier. Une histoire qui a débuté en 1954. Oui, il y a 63 ans.

Ça peut sembler beaucoup, 63 ans, à notre époque. Ça peut même sembler exagéré. Maintenant que tout va vite et que les succès quasi instantané­s se multiplien­t, Saputo n’est-elle pas un peu petite pour son âge? Si on mesure la valeur accumulée par Facebook en une dizaine d’années, on serait porté à penser que le succès se bâtit désormais plus vite qu’avant.

Je n’en crois rien. En règle générale (et bravo à tous ceux qui l’infirmeron­t), le succès, le vrai, celui qui dure, nécessite du temps et de la patience.

Un bon indicateur que cet énoncé n’est pas loin de la vérité, c’est l’âge moyen des entreprise­s qui figurent dans notre classement annuel des 500 plus grandes entreprise­s du Québec. D’après les données colligées au printemps, les grands employeurs du Québec ont en moyenne 55,3 ans. Ce ne sont plus exactement des débutants... Bâtir une grande entreprise prend de nombreuses années.

C’est encore plus vrai si on prend l’échantillo­n des 50 plus grandes capitalisa­tions québécoise­s à la Bourse: la moyenne d’âge du top 50 au Québec est de 62,8 ans, et Molson, fondée au 18e siècle, est la doyenne.

J’ai cherché quelques références internatio­nales. Le Monde écrivait en mars que les 70 plus grandes capitalisa­tions françaises à la Bourse étaient âgées de 137 ans. Il faut dire qu’avec une doyenne comme Saint-Gobain, fondée en 1665 par nul autre que Colbert, ministre de Louis XIV, la moyenne monte vite. Et le quotidien français de déplorer que l’écart se creuse entre une industrie française qui se fossilise et des États-Unis toujours plus dynamiques: les 150 plus grandes entreprise­s américaine­s cotées n’auraient plus « que » 91 ans.

Plus de gros succès rapides, plus de nouvelles venues sur les marchés, une économie qui se renouvelle de fond en comble. Très bien, j’en suis. Cependant, souhaitons qu’après la relève de la garde, la moyenne d’âge reparte à la hausse. Ce sera le signe que les nouvelles venues sauront braver les crises, comme leurs aïeules avant elles.

la

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada