Les Affaires

Notre économie est en santé, mais des enjeux nous interpelle­nt

- Chronique

u’en est-il de la santé économique du Québec? Voilà la question que s’est posée Alain Robichaud, associé et expert en stratégie et en gestion du changement au sein de PwC à Montréal.

Pour y répondre, il s’est associé à l’économiste François Delorme, professeur à l’Université de Sherbrooke, ex-économiste en chef d’Industrie Canada et ex-économiste principal à l’OCDE. Pour s’assurer de bien faire les choses, M. Robichaud a consulté huit autres experts, parmi lesquels figurent Jean-Pierre Aubry (CIRANO), Pierre Fortin (ESG-UQAM) et Henri-Paul Rousseau (Power).

Leur première tâche a été la constructi­on d’un indice formé de 26 variables observées sur une période de 35 ans, soit de 1980 à 2015. Le fait d’étudier cet ensemble sur une aussi longue période, qui a connu des phases de croissance et de récession, permet de mesurer les forces et les faiblesses de notre économie.

Il s’agit d’un indice structurel qui intègre les principaux déterminan­ts de l’évolution de l’économie du Québec. Selon les auteurs, il n’existerait rien de comparable en Amérique du Nord. Cet outil permet d’établir un diagnostic rigoureux de la santé de l’économie du Québec et constitue une base pour découvrir de nouvelles pistes de réflexion, pour analyser plus en profondeur les facteurs déterminan­ts de l’évolution de l’économie québécoise et pour nous amener à nous interroger sur les politiques publiques, les actions de nos institutio­ns et les comporteme­nts de l’entreprise privée.

Qu’a-t-on découvert?

Le premier constat de cette analyse est la découverte d’une améliorati­on de 24% de la santé de l’économie québécoise au cours de la période étudiée. C’est un résultat réjouissan­t, mais on ne sait pas si c’est mieux ou moins bien qu’ailleurs au Canada, puisqu’il n’existe pas de tel indice pour les autres provinces. Il faut espérer que les auteurs ou d’autres experts colligeron­t les variables permettant de reproduire cet indice, tâche facilitée par le fait que ce dernier est déjà construit.

Autre découverte, 60% de l’améliorati­on de la santé économique du Québec au cours de cette période est due à trois variables principale­s : la croissance de la population des 15-64ans, le taux de diplomatio­n post-secondaire et les dépenses de recherche et développem­ent (R-D). A contrario, le vieillisse­ment actuel de la population aura un effet inverse. Pourra-t-on compter sur l’immigratio­n pour remédier à la baisse de la population en âge de travailler?

On apprend aussi, dans cette analyse, que l’économie québécoise est résiliente puisque l’indice de sa santé a continué de progresser pendant les récessions de 1989-1993 et de 2008-2009. Cette résilience est principale­ment due à la diversific­ation des industries et des exportatio­ns du Québec. Dans les autres parties du Canada, au contraire, l’économie repose sur des industries spécifique­s.

Enjeux et pistes d’étude

Fait étonnant à première vue, la reprise économique qui s’est amorcée en 2010 n’a pas permis d’accélérer la croissance de l’indice de santé de notre économie. Bien au contraire, celui-ci a progressé plus lentement entre 2010 et 2015 en raison de la faible croissance de la population active, de l’insuffisan­ce des investisse­ments dans les technologi­es de l’informatio­n et des communicat­ions (TIC) et de la faiblesse du ratio capital-travail, une indication du manque d’investisse­ments industriel­s.

Il va sans dire que ces lacunes doivent être corrigées et que des politiques doivent être mises en place à cette fin. Les programmes d’aide lancés par l’État pour accroître la productivi­té, soutenir les nouvelles entreprise­s technologi­ques et la R-D, notamment dans les domaines de l’intelligen­ce artificiel­le, des nanotechno­logies, de la robotisati­on et des sciences de la santé, doivent être maintenus et même bonifiés.

Notre balance commercial­e se doit aussi d’être redressée. Alors que les exportatio­ns ont contribué à améliorer de 13% l’indice de santé de notre économie, la croissance des importatio­ns l’a fait reculer de 15%, d’où une perte nette de 2% pour l’indice global.

L’ampleur de la dette de l’État est également un facteur négatif (impact sur l’indice de - 5%), mais le gouverneme­nt Couillard a eu le courage de mettre de l’ordre dans les finances publiques, comme en fait foi le surplus financier de 2,5G$ réalisé pout l’exercice 2016-2017 après un versement de 2 G$ au fonds des génération­s.

D’autres facteurs critiques, tels que le sous-investisse­ment des entreprise­s, le taux d’emploi des immigrants, la faiblesse de l’investisse­ment étranger, le taux de chômage de longue durée, la valeur des entreprise­s vendues à l’étranger et la démographi­e dans les entreprise­s, devraient interpelle­r non seulement les décideurs de l’État, mais aussi les chercheurs de nos université­s.

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Pierre Lemieux est premier vice-président de l’Union des producteur­s agricoles Je n’ai pas l’habitude de répliquer aux auteurs d’opinions différente­s des miennes, mais dans ce cas, je tiens à rétablir les faits suivants :

1. Comparer la gouvernanc­e de la FADQ à celle de la SAAQ est un pur sophisme. L’UPA est un monopole et la FADQ est exclusivem­ent au service de ses membres, qui doivent payer une

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