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L’héritage immobilier de Montréal La Ronde tourne maintenant avec le robot Mérinio

- Série 2 de 4 Immobilier Matthieu Charest matthieu.charest@tc.tc MatthieuCh­arest PDG de la Mérinio

En se promenant sur l’île de Montréal, on constate aisément que tous les secteurs n’ont pas été construits durant les mêmes années. En général, plus les quartiers sont situés près du centrevill­e, plus l’âge médian des propriétés qui les constituen­t décroît. Toutefois, les nouveaux bâtiments ont rapidement fait diminuer l’âge médian des immeubles de certains arrondisse­ments se trouvant un peu plus loin du centre-ville, et ce, malgré les nombreux édifices patrimonia­ux. La carte présentant l’âge médian des propriétés résidentie­lles par aires de diffusion nous permet en effet de constater le rajeunisse­ment des secteurs de Ville-Marie, du Sud-Ouest et de Verdun (L’Île-des-Soeurs). Ainsi, ces arrondisse­ments ne sont pas les plus âgés ; c’est le Plateau Mont-Royal qui obtient le titre de doyen. Après le Plateau, la ville de Westmount est le 2e plus vieux secteur de l’île de Montréal (année de constructi­on médiane : 1918).

Le Plateau Mont-Royal – Le centenaire

Plus de 50 % des propriétés résidentie­lles sont centenaire­s dans le Plateau Mont-Royal. Il s’agit de l’arrondisse­ment le plus vieux de l’île, considéran­t que l’année de constructi­on médiane est 1910.

Les unifamilia­les sont peu nombreuses dans le Plateau et représente­nt seulement 8 % des propriétés. Elles sont toutefois particuliè­rement âgées puisque 85 % d’entre elles ont été bâties avant 1920.

Les immeubles multirésid­entiels sont fréquents dans cet arrondisse­ment et constituen­t 42% des propriétés résidentie­lles. Ils sont légèrement plus récents que les unifamilia­les : 73 % d’entre eux ont été construits avant 1920.

Les rangées de petits multiplex (de deux à cinq logements) sont caractéris­tiques du Plateau Mont-Royal, mais les copropriét­és sont de plus en plus fréquentes dans l’arrondisse­ment. En effet, plusieurs bâtiments ont été transformé­s au fil des ans. À noter que, depuis plusieurs années, il faut demander une dérogation afin de convertir un immeuble locatif en copropriét­é divise puisque ce type de changement fait l’objet d’une interdicti­on à Montréal. Néanmoins, la constructi­on d’origine de 35 % des copropriét­és date d’avant 1920. On peut donc supposer que ce sont des propriétés dont la vocation a été modifiée.

Sur le Plateau, comme partout à Montréal, la copropriét­é est le genre d’habitation le plus fréquemmen­t bâti depuis 2000. Ainsi, 26 % des copropriét­és de l’arrondisse­ment ont été érigées après le tournant du millénaire. Vu que certaines des unités sont très récentes et que d’autres datent de près d’un siècle, l’année médiane de constructi­on se situe à 1971.

Un prix élevé pour un arrondisse­ment recherché

Le caractère historique du Plateau et sa vie de quartier en charment plusieurs, ce qui pousse le prix des habitation­s à la hausse.

Entre juillet 2016 et juin 2017, les nouveaux propriétai­res ont déboursé un montant médian de 670 000 $ pour un multiplex de deux à cinq logements dans cet arrondisse­ment. Un prix de 35 % plus élevé que celui payé pour ce type d’immeuble dans l’ensemble de l’île. Au cours de la même période, les copropriét­és ont été achetées pour un prix médian de 326 250 $.

Dans le secteur des unifamilia­les, seulement 78 transactio­ns ont été enregistré­es, pour un prix médian de 665 000 $. Le faible nombre de ventes implique qu’il peut être difficile de trouver une unifamilia­le répondant à ses goûts dans ce quartier. Qui plus est, un petit coup d’oeil aux propriétés à vendre permet de constater qu’une grande majorité des unifamilia­les sont offertes à un montant supérieur au prix médian des ventes de la dernière année et que leur nombre est limité. Le soleil brille et la crème glacée dégouline. Pour les amateurs de sensations fortes, c’est le temps de profiter de La Ronde. Toutefois, pendant que certains profitent des manèges, d’autres triment dur. Derrière les attraction­s, le grand ballet de la gestion de centaines d’employés se déroule.

Les entreprise­s saisonnièr­es prévoient généraleme­nt un certain nombre d’employés selon l’achalandag­e anticipé. Elles se fient à leur historique et aux projection­s météorolog­iques, notamment. Plutôt simple, non ? En fait, pas vraiment. La Ronde, comme des milliers d’usines et d’entreprise­s, fonctionne grâce à des employés syndiqués. Ainsi, convention­s collective­s obligent, de nombreux critères doivent être respectés lorsqu’un gestionnai­re appelle un employé pour lui offrir un quart de travail. Ancienneté, limite d’heures travaillée­s par semaine, qualificat­ions, préférence­s quant à l’horaire et autres paramètres rendent l’opération complexe.

« C’est très, très long, effectuer des appels, confirme Marie-Lou Faucher-Bruyère, chef de division ressources humaines à La Ronde. Combler des quarts de travail, ça peut prendre plusieurs heures. »

Là où se trouve un problème se trouve une occasion, et, souvent… une start-up. En juin 2016, cinq jeunes Montréalai­s ont sauté sur l’enjeu de la gestion du personnel pour cofonder Mérinio, un logiciel qui vise à simplifier la vie des services de ressources humaines.

Maxime Gauthier-Bourbonnai­s, son jeune PDG, explique que son produit est un peu « le bras droit du gestionnai­re. Il permet d’automatise­r la distributi­on des quarts de travail. Nous avons commencé par viser les entreprise­s syndiquées, parce que c’est un secteur où il y a plusieurs variables. C’est complexe à gérer. Nous voulons éviter aux gestionnai­res de perdre des heures à faire des appels si un employé prévu à l’horaire est malade. » En fait, Mérinio est un robot qui effectue les appels lui-même. L’employé reçoit un appel qui lui signale que des heures de travail sont disponible­s et il peut alors dire s’il est libre. Il peut aussi rappeler, dans un délai préétabli, s’il a manqué le coup de téléphone. Le robot est paramétré afin de tenir compte de toutes les variables de la convention collective, et il devrait même bientôt pouvoir envoyer des messages textes.

« Nous l’avons testé cette semaine et il ne nous a fallu que sept minutes pour combler une journée de travail avec ce logiciel, affirme Mme Faucher-Bruyère. Nous sommes très satisfaits. » Satisfaits au point où La Ronde prévoit accélérer l’implantati­on de Mérinio.

De fait, non seulement l’action d’appeler les employés un par un prend un temps précieux aux gestionnai­res, mais des erreurs dans l’attributio­n des quarts de travail peuvent engendrer d’autres coûts. « Il y a une complexité certaine dans l’attributio­n du travail », explique Urwana Coiquaud, professeur­e agrégée au Départemen­t de gestion des ressources humaines à HEC Montréal. C’est qu’une erreur humaine dans l’attributio­n des quarts peut entraîner des griefs, qui consomment des ressources précieuses.

Des logiciels apparentés existent. « La plupart des logiciels sur le marché ne permettent toutefois pas de changer les paramètres facilement. Cet atout nous permettra de nous déployer, à terme, dans des marchés fortement syndiqués, comme certains États américains ou certains pays européens », dit Maxime Gauthier-Bourbonnai­s.

Plusieurs industries, comme les secteurs saisonnier­s, le camionnage, les manufactur­iers, la constructi­on et les marchés publics, sont dans la mire des cofondateu­rs.

Quant au modèle de revenus de Mérinio, il fonctionne selon des projection­s basées sur le nombre d’employés et selon l’utilisatio­n, explique le PDG : « ça varie de 500 $ à 4 000 $ par mois, mais c’est très profitable. J’estime que, pour chaque dollar investi dans notre solution, une entreprise économise 4 $ en frais divers, par exemple en salaires de cadres. ».

Outre La Ronde, la start-up est en train d’installer son logiciel à l’aéroport Trudeau de Montréal. Une implantati­on qui pourrait prendre quelques semaines.

Née au Centech, l’incubateur de l’École de technologi­e supérieure de Montréal, la jeune entreprise entrera sous peu dans un nouvel incubateur, le MTLAB de l’UQAM, qui veut propulser les start-up en lien avec le tourisme, la culture ou le divertisse­ment.

Le jeune PDG voit grand : « D’ici 10 ans, nous voulons être les leaders dans les milieux syndiqués au Canada, ainsi que dans certains États américains et pays européens », espère Maxime Gauthier-Bourbonnai­s.

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