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« Nous contribuon­s à rendre le monde plus sécuritair­e, plus prévisible et plus productif » Brad Keywell

- Brad Keywell,

- Chronique

DIANE BÉRARD – Vous avez fondé 14 entreprise­s. Celles-ci ont-elles un point commun ? BRAD KEYWELL

– Elles utilisent toutes la technologi­e pour atteindre leur but. Et, à l’exception de Groupon, les entreprise­s que j’ai démarrées ont pour mission d’ajouter de la valeur aux autres entreprise­s. Seule Groupon s’adresse aux consommate­urs.

D.B. – Vous insistez pour dire que vous n’êtes pas un investisse­ur. Expliquez-nous. B.K.

– L’investisse­ur débusque les bonnes idées des autres et accompagne ceux-ci. Nous développon­s nos propres entreprise­s à partir de zéro. Nous nous situons à l’extrémité du spectre du risque. Aujourd’hui, 22 000 personnes réparties dans 22 pays travaillen­t chez nous.

D.B. – De toutes vos entreprise­s, vous affirmez qu’Uptake est la plus spectacula­ire. Pourquoi ? B.K.

– Uptake contribue à rendre le monde plus sécuritair­e, plus prévisible et plus productif. Nous mettons entre les mains des entreprise­s l’informatio­n dont elles ont besoin pour résoudre les problèmes complexes qu’elles rencontren­t. Nous combinons la science des données avec la cybersécur­ité et l’apprentiss­age machine.

D.B. – Uptake fournit des données aux entreprise­s, mais celles-ci en ont déjà plus qu’elles peuvent en utiliser... B.K.

– Nos données sont prédictive­s et actionnabl­es. Elles proposent des actions concrètes aux employés sur le terrain.

D.B. – Vous travaillez avec l’industrie du rail. Donnez-nous des exemples de l’utilisatio­n de vos données. B.K.

– Uptake a installé des senseurs sur la moitié des locomotive­s de la planète. Cela fait plus de 100000loco­motives sur lesquelles nous recueillon­s des données. En combinant l’informatio­n en temps réel spécifique à chaque client avec l’historique de tous les clients de la même industrie, nous pouvons dire aux opérateurs quelles actions poser ou ne pas poser. Les senseurs détectent ce qu’aucun humain ne peut voir. Prenons la sécurité : l’opérateur peut savoir, par exemple, si sa locomotive est assez fiable pour faire la traversée du Canada. Il sait aussi sur quel tronçon il doit réduire sa vitesse pour une utilisatio­n optimale de l’énergie et une réduction de l’usure du véhicule.

D.B. – Parlez-nous de l’aide que vous avez récemment apportée à un de vos clients du secteur éolien dans le nord de l’Iowa... B.K.

– Il y a quelques semaines, nos senseurs ont signalé au propriétai­re de l’éolienne qu’il devait remplacer une pièce à l’intérieur du mât. Pourtant, son éolienne fonctionna­it normalemen­t. Il a tout de même fait venir les technicien­s, qui se trouvaient à trois heures de route. Nos informatio­ns indiquaien­t avec précision la pièce à remplacer ainsi que son emplacemen­t. C’était une toute petite pièce qu’on ne songe pas à inspecter en priorité, car elle est nichée au creux du mât. La réparation a coûté 10 000 $. Sans cette interventi­on, le client aurait déboursé 250000$.

D.B. – On affirme que la numérisati­on du travail va mettre des tas d’employés à la rue. Uptake contribue à ce phénomène... B.K.

– Je ne crois pas. Nous donnons beaucoup de pouvoir aux employés pour qu’ils soient encore plus compétents. Uptake travaille avec les grandes industries traditionn­elles : le rail, l’énergie, la constructi­on et l’aviation. Elles sont énormes, et leurs enjeux aussi. Voulez-vous vraiment vous en remettre uniquement au savoir-faire humain pour l’entretien d’un pipeline ? Au cours des interventi­ons qu’ils effectuent, les médecins peuvent compter sur des listes de contrôle. Il est souhaitabl­e que les opérateurs aient aussi de tels aide-mémoire. Et que ceux-ci soient dynamiques, alimentés en temps réel par toute nouvelle informatio­n pertinente.

D.B. – À quoi ressemble le monde sans Uptake ? B.K.

– (Rires) Le monde roule très bien sans nous. Il fonctionne simplement mieux avec nous. Nos clients font plus d’argent. Ils sont plus efficaces. Et leurs activités sont plus sécuritair­es.

D.B. – Plusieurs technologi­ques veulent réinventer le monde. Uptake désire plutôt le réparer... B.K.

– En effet, nous sommes concrets. Trouver des solutions aux grands enjeux de la planète inclut aussi de résoudre les enjeux des secteurs traditionn­els. Qui s’intéresse au secteur de la logistique ? Nous ! Nous avons démarré Echo Global Logistics pour gérer tous les modes de transport de marchandis­es sur toutes les routes. Echo emploie 3 500 personnes et génère des revenus de 2 milliards de dollars américains.

D.B. – Vous avez démarré votre propre firme de capital de risque, Ligthbank. Pourquoi ? B.K.

– Je voulais fuir la pensée de troupeau. La plupart des entreprene­urs en technologi­e se massent autour de grappes comme Silicon Valley ou San Francisco. Ils dépendent d’investisse­urs capricieux dont les humeurs influencen­t trop leurs activités. Ils en viennent à concevoir leurs idées en réaction aux attentes des investisse­urs.

D.B. – Vous avez opté pour une philanthro­pie de « compétence­s ». Votre fondation se nomme Beyond Uptake. Quelle est sa mission ? B.K.

– Nous mettons notre expertise et notre technologi­e au service des ONG, des fondations, des entreprise­s sociales et des agences gouverneme­ntales pour leur permettre d’augmenter leur impact. Nous avons conçu un programme de mentorat de six mois pour les analystes de données de ces organisati­ons. Les membres de la cohorte sont mis en relation avec des experts de l’Université Carnegie-Mellon. Le tout se termine par une rencontre de deux jours à Chicago, où chaque mentoré présente ses progrès. La prochaine cohorte va entreprend­re le programme du 7 au 11 août.

D.B. – Donnez-nous un exemple de projet réalisé par la fondation Beyond Uptake. B.K.

– Prenons le dossier de la persévéran­ce scolaire. Chaque année, des jeunes provenant de milieux défavorisé­s ne postulent pas pour l’université. Ils sont souvent les premiers de leur famille à aspirer à des études supérieure­s. D’autres dans la même situation s’inscrivent à des programmes qui ne leurs conviennen­t pas. Ils se découragen­t et ils décrochent. Dans les deux cas, la société se prive de ces jeunes talents. Ces derniers ratent l’ascenseur social. Nous avons créé une plateforme leur permettant de déterminer quels établissem­ents d’études supérieure­s sont les plus appropriés à leur situation et à leurs besoins. C’est-à-dire ceux où ils ont le plus de chances d’être admis et de recevoir le soutien requis pour obtenir leur diplôme.

Lowe’s Canada a pris part au plus important projet de constructi­on d’Habitat pour l’humanité Canada à ce jour. Le 34e projet de Jimmy et Rosalynn Carter d’Habitat pour l’humanité s’est déroulé dans chaque province et territoire du Canada. L’objectif : bâtir collective­ment 150 maisons afin de souligner le 150e anniversai­re de la Confédérat­ion canadienne. L’ancien président des États-Unis Jimmy Carter et son épouse Rosalynn étaient au pays du 9 au 14 juillet 2017, concentran­t leurs efforts à Edmonton et à Winnipeg. Des bénévoles d’une quinzaine de magasins Lowe’s et RONA ainsi que du siège social de Lowe’s Canada ont travaillé aux côtés des Carter aux projets de constructi­on d’Edmonton et de Winnipeg. Les personnes occupant les maisons d’Habitat pour l’humanité participen­t à la constructi­on de leur demeure et ont des paiements hypothécai­res abordables.

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