Les Affaires

Les liaisons nombreuses

- Jean-François Venne redactionl­esaffaires@tc.tc

Les compagnies aériennes canadienne­s ajoutent des avions et des destinatio­ns à un train d’enfer. Pour le plus grand bonheur des consommate­urs, qui rêvent de prix plus bas. Cependant, le marché pourra-t-il soutenir cette croissance ?

Air Canada poursuit, en 2017, son expansion mondiale avec plus de 20 nouvelles liaisons, dont Lima, au Pérou. Il s’agira de la première destinatio­n sud-américaine accessible de Montréal avec Air Canada. C’est surtout le troisième continent à s’ajouter à l’offre d’Air Canada à partir de la métropole québécoise en deux ans, après l’Afrique (Casablanca, Alger) et l’Asie (Shanghai). La compagnie prévoit déjà ajouter Phoenix en 2018.

« Il y aura des gagnants et des perdants dans le contexte de cette forte croissance de l’offre, notamment du côté des vols transatlan­tiques, estime Cameron Doerksen, analyste à la Financière Banque Nationale. Je doute que la demande soit suffisante pour occuper toute cette nouvelle capacité. » Expansion mondiale d’Air Canada Au cours des trois dernières années, la capacité d’Air Canada au départ de Montréal a augmenté de 81 %, faisant de la ville l’une des plaques tournantes affichant la plus forte croissance en Amérique du Nord. Les nouveaux vols augmentero­nt encore la capacité transatlan­tique d’Air Canada à partir de Montréal de 19 % à l’été 2017, par rapport à 2016.

La compagnie recevra aussi cet automne ses nouveaux Boeing 737 et, d’ici deux ans, les appareils CSeries de Bombardier. « Ils feront de notre parc aérien l’un des plus modernes, écoénergét­iques et confortabl­es de l’industrie », assure Isabelle Arthur, chef de service, relation avec les médias d’Air Canada.

« La stratégie d’expansion mondiale d’Air Canada génère en grande partie la forte croissance de l’offre des vols internatio­naux, estime Fadi Chamoun, analyste de BMO Marchés des capitaux. Air Canada est dans cette dynamique depuis 2012, surtout en raison de sa capacité à réduire ses coûts. Cela lui a permis de lancer de nouveaux services, notamment du côté des vols touristiqu­es avec Air Canada Rouge. » Rafale de nouveautés chez WestJet Les concurrent­s d’Air Canada ne restent pas les bras croisés devant cette expansion. WestJet vise à diversifie­r à la fois sa clientèle et ses trajets. Récemment, elle annonçait presque du même souffle qu’elle lançait un nouveau service à très bas tarifs, qui aura sa propre marque, et qu’elle achetait des avions pour offrir de nouvelles destinatio­ns transatlan­tiques.

L’achat de 10 Boeing 787-9 Dreamliner confirme cette percée vers l’internatio­nal. Les avions seront livrés au premier trimestre de 2019. « Nous avons commencé par offrir des vols vers Dublin, puis Glasgow, et enfin Londres avec un grand succès, explique Richard Bartrem, vice-président marketing et communicat­ions à WestJet. Les nouveaux avions nous permettron­t d’offrir plus de vols vers Londres l’été et des vols sans escale vers Hawaï l’hiver, un marché très important pour nous. »

« WestJet est surexposée au marché de l’Ouest canadien et surtout de l’Alberta. Elle a donc particuliè­rement souffert de la récession dans cette province », analyse M. Doerksen. Pas étonnant, donc, qu’elle souhaite diversifie­r son offre.

Son positionne­ment aussi évolue. « WestJet a longtemps été tournée presque entièremen­t vers le marché touristiqu­e, mais elle accorde dorénavant plus d’importance au segment des voyages d’affaires, poursuit l’analyste. L’entreprise tente de les attirer avec une section Plus ou un programme de récompense, par exemple. »

Une stratégie que confirme Richard Bertram. Il ajoute que le positionne­ment de WestJet est très centré sur son image de transporte­ur national. « Nous voulons être une compagnie aérienne vraiment nationale. C’est pourquoi nous avons ajouté récemment des vols au Québec, y compris à l’intérieur de la province,

Un marché convoité Le modèle d’affaires d’Enerjet propose notamment d’éviter les grands aéroports canadiens, reconnus pour leurs frais très élevés. L’entreprise se tournera plutôt vers des aéroports secondaire­s. « Beaucoup de ces aéroports sont sous-développés parce que peu de transporte­urs y vont, dit M. Morgan. Nous établirons des partenaria­ts à long terme avec les communauté­s locales pour les utiliser. »

Enerjet devra aussi affronter de nouveaux joueurs. Basée à Vancouver, Jetlines entend utiliser 6 Boeing 737, puis augmenter sa flotte à 40 avions en huit ans pour offrir des vols au Canada et vers les États-Unis, le Mexique et les Caraïbes. Quant à NewLeaf, c’est un voyagiste qui loue des avions, des équipages et de la maintenanc­e à son partenaire Flair Air, spécialisé dans les vols nolisés. Pour sa part, l’islandaise WOW Air offre des vols à bas prix vers Reykjavik et l’Europe.

Cette véritable ruée vers ce segment de marché laisse certains analystes perplexes. En entrevue, Cameron Doerksen, analyste à la Financière Banque Nationale, admet douter qu’il y ait un si gros marché pour ce type de service au Canada. « Il n’y a pas beaucoup de villes au pays, et les coûts d’opération, notamment les frais d’aéroport et les dépenses liées à l’hiver (dégivrage, etc.), sont très élevés, dit-il. L’axe principal Montréal-Toronto-Calgary-Vancouver est déjà bien desservi par Air Canada, WestJet ou Porter. » WestJet contre-attaque Dans la foulée, WestJet a annoncé qu’elle lancera, dans les prochains mois, sa propre compagnie de vols à très bas tarifs, distincte

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