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Au Canada, vol en piqué vers les très bas tarifs

- Industrie du transport aérien Jean-François Venne redactionl­esaffaires@tc.tc

comme la liaison Québec-Montréal, offerte dès juin 2017 », indique-t-il. L’entreprise a aussi annoncé, en février dernier, l’augmentati­on de ses vols Montréal-Vancouver et Montréal-Calgary, ainsi que l’ajout d’un vol entre Québec et Toronto.

Air Transat entre au Proche-Orient

Toute cette activité fait dire à Christophe Hennebelle, vice-président, ressources humaines et affaires publiques d’Air Transat, que l’offre pourrait croître plus vite que la demande. Il rappelle que la capacité de l’entreprise a augmenté de plus de 14 % l’an dernier, de plus de 3 % cet hiver, et qu’elle s’accroîtra encore de plus de 4% cet été. « Cela engendre une guerre des prix », croit-il.

L’analyste de BMO Fadi Chamoun partage cette vision. Il estime également qu’Air Canada et WestJet sont en position de prendre des parts de marché des vols internatio­naux à d’autres transporte­urs, notamment Sunwing et Air Transat. Cette dernière serait particuliè­rement vulnérable sur ses trajets qui ne sont pas desservis présenteme­nt par Air Canada, notamment des destinatio­ns européenne­s comme Bordeaux, Malaga et Porto ou des destinatio­ns soleil comme Acapulco et Saint-Domingue. Air Canada pourrait, en effet, décider de les ajouter à son service Air Canada Rouge.

Pour autant, Air Transat, qui fête ses 30 ans cette année, poursuit sur sa lancée avec sa stratégie de vols vers des destinatio­ns soleil en hiver et outre-mer l’été et son positionne­ment de service de qualité à bas prix. Alors que le gouverneme­nt fédéral souhaite voir plus de diversité et une diminution des prix dans le transport aérien au pays, de nombreux joueurs convoitent le marché des vols à très bas tarifs. Ce marché est-il vraiment si juteux ?

Depuis son annonce, en 2014, d’un service à très bas tarifs (ULCC), Enerjet se fait régulièrem­ent qualifier de « nouvelle compagnie aérienne ». « C’est faux, déplore Darcy Morgan, directeur commercial d’Enerjet. Nous sommes un transporte­ur certifié depuis 2008 et possédons notre flotte de Boeing 737 et nos équipages. Nous faisons des vols nolisés et, maintenant, nous nous lançons dans un nouveau service. »

D’abord baptisé Jet Naked, puis FlyToo, ce service reposera sur l’utilisatio­n de Boeing 737 pour offrir des vols à l’intérieur du Canada. Pour y arriver, Enerjet doit surmonter son plus grand défi : le financemen­t. Selon Darcy Morgan, pour lancer un tel projet au Canada sans courir trop de risques, un transporte­ur doit être « surfinancé ». Toutefois, il y a peu de capitaux disponible­s pour le transport aérien au pays, et la majeure partie est déjà investie dans Air Canada et WestJet.

Enerjet s’est donc tournée vers l’étranger, ce que lui permettent les nouvelles règles annoncées par le ministre des Transports du Canada, Marc Garneau, en novembre 2016. Les transporte­urs aériens commerciau­x du Canada pourront être détenus à 49 % par des capitaux étrangers, alors que le plafond était auparavant à 25 %. Enerjet et Jetlines, un autre transporte­ur à bas tarifs, ont une dérogation et peuvent dès maintenant profiter de cet avantage.

Le transporte­ur québécois compte désormais 27 destinatio­ns, la dernière en date étant TelAviv, offerte deux fois par semaine à partir du 18 juin 2017. « C’est une première incursion pour Air Transat au Proche-Orient et une grande satisfacti­on de pouvoir proposer cette expérience dans les deux directions », se réjouit Christophe Hennebelle.

Les marchés traditionn­els de la compagnie demeurent toutefois le Royaume-Uni et la France, qui verront augmenter la fréquence de certains vols. Il y aura un vol Montréal-Paris et un vol Montréal-Marseille de plus, pour des totaux respectifs de 14 et de 5 vols par semaine, alors que le nombre de vols Toronto-Dublin passera de 2 à 3. Il y aura aussi une hausse de la fréquence de certains vols vers la Grèce, l’Italie, l’Espagne et le Portugal.

Air Transat cherche également à tirer son épingle du jeu avec sa double offre de compagnie aérienne et de voyagiste. C’est à la fois un défi et une occasion. Il faut vendre des billets d’avion, mais aussi attirer les clients vers des forfaits hôteliers, notamment dans le Sud en hiver.

M. Hennebelle conclut en rappelant que tous les transporte­urs aériens logent en fait à la même enseigne. « L’offre de capacité est cyclique et suit l’économie, dit-il. Lorsque ça va bien, tout le monde ajoute de la capacité, mais dès que ça va mal, tout le monde se retire. Ça reste une industrie où les marges sont relativeme­nt faibles, même dans les bons moments, alors il faut savoir s’adapter rapidement. »

la de la marque WestJet. « L’industrie évolue et il y aura de plus en plus de concurrent­s dans ce segment au cours des prochaines années, alors pourquoi attendre ? » explique Richard Bartrem, vice-président marketing et communicat­ions à WestJet.

La compagnie accroîtra la capacité de ses Boeing 737-800, qui passeront de 168 à 189 sièges. Les passagers auront donc un peu moins d’espace. Le prix de base des billets sera peu élevé, mais des frais s’ajouteront pour certains services, comme les bagages, ou pour l’achat d’aliments et de boissons en cabine. « Pour ces raisons, nous souhaitons lancer une marque vraiment distincte de WestJet, précise M. Bartrem. Nous ne voulons pas qu’il y ait de confusion entre les deux services. Nous ferons aussi de la pédagogie pour expliquer aux Canadiens ce qu’ils peuvent s’attendre à obtenir comme services dans un vol à très bas tarif, car cela n’existe pas encore beaucoup au Canada. »

Pour M. Doerksen, il est clair que WestJet réagit à l’arrivée de nouveaux joueurs dans ce segment. « Les vols moins chers au Canada constituen­t son positionne­ment traditionn­el sur le marché, note l’analyste. Je ne crois pas que cette opération comporte des risques importants, mais se lancer là-dedans tout en augmentant la fréquence de ses vols transatlan­tiques pourrait s’avérer un peu lourd. »

De son côté, Fadi Chamoun, analyste de BMO Marchés des capitaux, perçoit aussi cette annonce comme un mouvement défensif face aux nouveaux joueurs. « Le risque est modéré, puisque WestJet ne fait qu’augmenter la capacité d’avions qu’elle possède déjà, dit-il. Le risque de cannibalis­er sa clientèle actuelle est lui aussi assez faible. »

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