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Il faut s’attaquer à la fracture numérique pour l’essor de notre économie Une remontée appropriée des taux d’intérêt

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- Forum redactionl­esaffaires@tc.tc Macroécono­mie Mathieu D’Anjou redactionl­esaffaires@tc.tc

L’utilisatio­n du numérique est désormais incontourn­able pour une économie qui veut performer, croître et innover au 21e siècle. Toutefois, cette quatrième révolution industriel­le, qui structure et assoit le développem­ent futur de nos entreprise­s et de nos institutio­ns, nécessite que l’on adapte adéquateme­nt les compétence­s des travailleu­rs d’aujourd’hui et de demain.

Au moment où le gouverneme­nt du Québec prépare une stratégie nationale sur la main-d’oeuvre ainsi qu’une stratégie numérique, il importe de garder le cap sur les nouveaux besoins générés par cette transforma­tion dans le marché du travail. Ce ne sont pas que les profession­nels des technologi­es de l’informatio­n qui doivent appuyer le virage vers la nouvelle économie, mais la population active dans son ensemble, qui subit de plus en plus les conséquenc­es de l’évolution rapide de la technologi­e numérique. Tous les secteurs sont d’ailleurs concernés, du manufactur­ier au commerce en ligne, en passant par la connaissan­ce de base des logiciels, qui n’est pas équivalent­e pour tout le monde. L’âge du numérique, où tout se fait de plus en plus du bout des doigts, combine en fait la connectivi­té par Internet avec les outils d’automatisa­tion offerts par les technologi­es de l’informatio­n.

En outre, le numérique ouvre de nouvelles avenues pour innover en éducation et en formation profession­nelle, que ce soit dans le développem­ent des contenus, dans leur livraison ou dans les méthodes et les outils d’apprentiss­age. Pour les enseignant­s autant que pour les élèves, le numérique offre des possibilit­és exceptionn­elles, plus ludiques, conviviale­s et interactiv­es, pour les jeunes et les moins jeunes, partout et en tout temps.

Pourtant, selon une analyse de l’OCDE sur l’évaluation internatio­nale des compétence­s des adultes, le Québec se situe sous la moyenne canadienne et sous celle des 33 pays sondés. Ce qui est étonnant, c’est que les niveaux les plus faibles s’observent dans les métiers de la transforma­tion et de la fabricatio­n, où justement les technologi­es font déjà partie de l’environnem­ent de travail et ont été intégrées aux processus d’affaires. Une « fracture numérique » a également été relevée chez les Québécois ayant un niveau de scolarité plus bas, chez ceux de 55 ans et plus, ainsi que dans les régions.

Il faut s’attaquer à cette fracture au Québec, puisque la participat­ion efficace au marché du travail dépend de plus en plus des compétence­s numériques. Les défis en matière de formation de la main-d’oeuvre sont donc particuliè­rement importants pour que personne ne soit désavantag­é. Cet ajustement nécessaire des compétence­s de base doit se faire tout d’abord à l’échelle des établissem­ents d’enseigneme­nt en vue de la formation des jeunes, les travailleu­rs de demain, mais aussi par une mise à niveau des compétence­s des travailleu­rs en emploi à l’aide de la formation continue adaptée.

Cela dit, ce sont probableme­nt les PME qui auront le plus grand défi à relever. En effet, elles devront constammen­t investir dans les nouvelles technologi­es et former leurs employés à leur utilisatio­n. Or, les PME qui se servent intensivem­ent du Web ont une croissance et un niveau d’exportatio­n beaucoup plus importants que les autres. Et pour qu’elles puissent participer de façon efficace au nouveau marché numérique, elles doivent prévoir le perfection­nement constant des compétence­s de leurs employés. Le virage numérique est donc un gage de productivi­té. Y participer n’est plus une option, mais une nécessité, autant pour les entreprise­s que pour les travailleu­rs.

Concrèteme­nt, en matière d’organisati­on du travail, l’avènement de la transforma­tion numérique pourra impliquer une modificati­on du rôle des travailleu­rs, l’apparition de métiers permettant de coordonner la gestion automatisé­e de la production, ou encore, l’intégratio­n des procédés de fabricatio­n dans une nouvelle structure organisati­onnelle et opérationn­elle.

N’imaginons pas ici un scénario apocalypti­que où le monde serait dominé par les machines et où les hommes seraient pris en otages, comme la littératur­e et le cinéma nous l’ont bien souvent montré. La réalité, celle de tous les jours et qui représente une évolution irréversib­le des façons de faire, c’est qu’Internet, la réalité virtuelle, les logiciels, les procédés automatisé­s et même les réseaux sociaux ont créé de nouveaux modes de travail et que tout le monde participe activement à cette évolution. Cela dit, il reste beaucoup de chemin à parcourir pour combler l’écart inquiétant qui subsiste sur le plan des compétence­s numériques. La Banque du Canada a amorcé un resserreme­nt monétaire lors de sa rencontre du 12 juillet, ce qui a fait bondir le dollar canadien et certains taux d’intérêt. Comment expliquer cette décision ? Faut-il s’inquiéter de la suite des choses ?

Peu de gens auraient prédit au début de 2017 que la Banque du Canada suivrait l’exemple de la Réserve fédérale en commençant à remonter ses taux directeurs. Rappelons que, en réponse à la correction des cours pétroliers, elle avait abaissé le taux cible du financemen­t à un jour à deux reprises en 2015 pour l’amener à 0,50 %, soit tout près de son creux historique. Malgré une remontée des cours pétroliers et un rebond de l’activité économique canadienne durant la seconde moitié de 2016, les dirigeants de la Banque du Canada demeuraien­t inquiets et gardaient encore l’hiver dernier la porte ouverte à un assoupliss­ement supplément­aire de la politique monétaire canadienne.

Les craintes que la chute des cours pétroliers freine de façon durable la progressio­n de l’économie canadienne ne se sont toutefois pas concrétisé­es. Profitant, entre autres, d’une excellente performanc­e du marché du travail et des efforts de relance des gouverneme­nts, la consommati­on des ménages a été très robuste au cours des derniers trimestres, et ce, même dans les régions les plus dépendante­s des matières premières. De la même façon, les craintes que le resserreme­nt des règles hypothécai­res vienne casser l’élan du marché immobilier ne se sont pas réalisées. L’activité dans le secteur résidentie­l est demeurée très vigoureuse, même si l’on exclut les fluctuatio­ns spectacula­ires observées dans la région de Toronto. La performanc­e des investisse­ments des entreprise­s et des exportatio­ns a aussi dépassé les attentes, et l’économie canadienne a enregistré la plus forte croissance des pays du G7 au cours des derniers trimestres.

Éviter une crise à moyen terme

Si l’économie canadienne a si bien fait récemment malgré certaines embûches, c’est proba- blement parce que son momentum était plus fort que ce qu’estimaient la plupart des observateu­rs. Alors que les capacités excédentai­res de l’économie canadienne devraient être épuisées vers la fin de 2017, il devient tout à fait approprié de commencer à normaliser graduellem­ent la politique monétaire, et ce, même si l’inflation demeure relativeme­nt faible. Une deuxième hausse de 0,25 % des taux directeurs est attendue à l’automne, ce qui finirait de renverser les assoupliss­ements de 2015. Par la suite, le resserreme­nt monétaire devrait se poursuivre au rythme prudent d’environ une hausse de taux chaque six mois.

Comme elle n’était pas anticipée il y a quelques mois, l’augmentati­on des taux directeurs de juillet a eu un impact important sur le marché obligatair­e canadien et sur le huard. Ce dernier a bondi d’environ 8 % depuis la fin du mois de mai pour avoisiner 0,80 $US. Les prochaines hausses devraient avoir des effets plus limités puisqu’elles sont en bonne partie anticipées. Reste que, pour les emprunteur­s qui voient leur coût de financemen­t augmenter et pour les exportateu­rs qui luttent pour demeurer compétitif­s, un resserreme­nt monétaire n’est jamais une bonne nouvelle. Le maintien d’une politique monétaire extrêmemen­t accommodan­te, lorsqu’il n’est plus requis, augmentera­it toutefois les vulnérabil­ités de l’économie canadienne liées, entre autres, à l’endettemen­t des ménages, et accroîtrai­t le risque d’une crise importante à moyen terme.

Dans le contexte actuel, une normalisat­ion graduelle de la politique monétaire semble l’option la plus prudente.

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