Il faut s’attaquer à la fracture numérique pour l’essor de notre économie Une remontée appropriée des taux d’intérêt
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L’utilisation du numérique est désormais incontournable pour une économie qui veut performer, croître et innover au 21e siècle. Toutefois, cette quatrième révolution industrielle, qui structure et assoit le développement futur de nos entreprises et de nos institutions, nécessite que l’on adapte adéquatement les compétences des travailleurs d’aujourd’hui et de demain.
Au moment où le gouvernement du Québec prépare une stratégie nationale sur la main-d’oeuvre ainsi qu’une stratégie numérique, il importe de garder le cap sur les nouveaux besoins générés par cette transformation dans le marché du travail. Ce ne sont pas que les professionnels des technologies de l’information qui doivent appuyer le virage vers la nouvelle économie, mais la population active dans son ensemble, qui subit de plus en plus les conséquences de l’évolution rapide de la technologie numérique. Tous les secteurs sont d’ailleurs concernés, du manufacturier au commerce en ligne, en passant par la connaissance de base des logiciels, qui n’est pas équivalente pour tout le monde. L’âge du numérique, où tout se fait de plus en plus du bout des doigts, combine en fait la connectivité par Internet avec les outils d’automatisation offerts par les technologies de l’information.
En outre, le numérique ouvre de nouvelles avenues pour innover en éducation et en formation professionnelle, que ce soit dans le développement des contenus, dans leur livraison ou dans les méthodes et les outils d’apprentissage. Pour les enseignants autant que pour les élèves, le numérique offre des possibilités exceptionnelles, plus ludiques, conviviales et interactives, pour les jeunes et les moins jeunes, partout et en tout temps.
Pourtant, selon une analyse de l’OCDE sur l’évaluation internationale des compétences des adultes, le Québec se situe sous la moyenne canadienne et sous celle des 33 pays sondés. Ce qui est étonnant, c’est que les niveaux les plus faibles s’observent dans les métiers de la transformation et de la fabrication, où justement les technologies font déjà partie de l’environnement de travail et ont été intégrées aux processus d’affaires. Une « fracture numérique » a également été relevée chez les Québécois ayant un niveau de scolarité plus bas, chez ceux de 55 ans et plus, ainsi que dans les régions.
Il faut s’attaquer à cette fracture au Québec, puisque la participation efficace au marché du travail dépend de plus en plus des compétences numériques. Les défis en matière de formation de la main-d’oeuvre sont donc particulièrement importants pour que personne ne soit désavantagé. Cet ajustement nécessaire des compétences de base doit se faire tout d’abord à l’échelle des établissements d’enseignement en vue de la formation des jeunes, les travailleurs de demain, mais aussi par une mise à niveau des compétences des travailleurs en emploi à l’aide de la formation continue adaptée.
Cela dit, ce sont probablement les PME qui auront le plus grand défi à relever. En effet, elles devront constamment investir dans les nouvelles technologies et former leurs employés à leur utilisation. Or, les PME qui se servent intensivement du Web ont une croissance et un niveau d’exportation beaucoup plus importants que les autres. Et pour qu’elles puissent participer de façon efficace au nouveau marché numérique, elles doivent prévoir le perfectionnement constant des compétences de leurs employés. Le virage numérique est donc un gage de productivité. Y participer n’est plus une option, mais une nécessité, autant pour les entreprises que pour les travailleurs.
Concrètement, en matière d’organisation du travail, l’avènement de la transformation numérique pourra impliquer une modification du rôle des travailleurs, l’apparition de métiers permettant de coordonner la gestion automatisée de la production, ou encore, l’intégration des procédés de fabrication dans une nouvelle structure organisationnelle et opérationnelle.
N’imaginons pas ici un scénario apocalyptique où le monde serait dominé par les machines et où les hommes seraient pris en otages, comme la littérature et le cinéma nous l’ont bien souvent montré. La réalité, celle de tous les jours et qui représente une évolution irréversible des façons de faire, c’est qu’Internet, la réalité virtuelle, les logiciels, les procédés automatisés et même les réseaux sociaux ont créé de nouveaux modes de travail et que tout le monde participe activement à cette évolution. Cela dit, il reste beaucoup de chemin à parcourir pour combler l’écart inquiétant qui subsiste sur le plan des compétences numériques. La Banque du Canada a amorcé un resserrement monétaire lors de sa rencontre du 12 juillet, ce qui a fait bondir le dollar canadien et certains taux d’intérêt. Comment expliquer cette décision ? Faut-il s’inquiéter de la suite des choses ?
Peu de gens auraient prédit au début de 2017 que la Banque du Canada suivrait l’exemple de la Réserve fédérale en commençant à remonter ses taux directeurs. Rappelons que, en réponse à la correction des cours pétroliers, elle avait abaissé le taux cible du financement à un jour à deux reprises en 2015 pour l’amener à 0,50 %, soit tout près de son creux historique. Malgré une remontée des cours pétroliers et un rebond de l’activité économique canadienne durant la seconde moitié de 2016, les dirigeants de la Banque du Canada demeuraient inquiets et gardaient encore l’hiver dernier la porte ouverte à un assouplissement supplémentaire de la politique monétaire canadienne.
Les craintes que la chute des cours pétroliers freine de façon durable la progression de l’économie canadienne ne se sont toutefois pas concrétisées. Profitant, entre autres, d’une excellente performance du marché du travail et des efforts de relance des gouvernements, la consommation des ménages a été très robuste au cours des derniers trimestres, et ce, même dans les régions les plus dépendantes des matières premières. De la même façon, les craintes que le resserrement des règles hypothécaires vienne casser l’élan du marché immobilier ne se sont pas réalisées. L’activité dans le secteur résidentiel est demeurée très vigoureuse, même si l’on exclut les fluctuations spectaculaires observées dans la région de Toronto. La performance des investissements des entreprises et des exportations a aussi dépassé les attentes, et l’économie canadienne a enregistré la plus forte croissance des pays du G7 au cours des derniers trimestres.
Éviter une crise à moyen terme
Si l’économie canadienne a si bien fait récemment malgré certaines embûches, c’est proba- blement parce que son momentum était plus fort que ce qu’estimaient la plupart des observateurs. Alors que les capacités excédentaires de l’économie canadienne devraient être épuisées vers la fin de 2017, il devient tout à fait approprié de commencer à normaliser graduellement la politique monétaire, et ce, même si l’inflation demeure relativement faible. Une deuxième hausse de 0,25 % des taux directeurs est attendue à l’automne, ce qui finirait de renverser les assouplissements de 2015. Par la suite, le resserrement monétaire devrait se poursuivre au rythme prudent d’environ une hausse de taux chaque six mois.
Comme elle n’était pas anticipée il y a quelques mois, l’augmentation des taux directeurs de juillet a eu un impact important sur le marché obligataire canadien et sur le huard. Ce dernier a bondi d’environ 8 % depuis la fin du mois de mai pour avoisiner 0,80 $US. Les prochaines hausses devraient avoir des effets plus limités puisqu’elles sont en bonne partie anticipées. Reste que, pour les emprunteurs qui voient leur coût de financement augmenter et pour les exportateurs qui luttent pour demeurer compétitifs, un resserrement monétaire n’est jamais une bonne nouvelle. Le maintien d’une politique monétaire extrêmement accommodante, lorsqu’il n’est plus requis, augmenterait toutefois les vulnérabilités de l’économie canadienne liées, entre autres, à l’endettement des ménages, et accroîtrait le risque d’une crise importante à moyen terme.
Dans le contexte actuel, une normalisation graduelle de la politique monétaire semble l’option la plus prudente.
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