Les Affaires

LE MANITOBA VEUT CRÉER SON « PLAN NORD »

- François Normand francois.normand@tc.tc francoisno­rmand Immobilier

Pour relancer l’économie du nord de la province, le Manitoba planche sur une stratégie ambitieuse baptisée Objectif Nord (Look North, en anglais), qui s’inspire en partie du Plan Nord du Québec. Les leaders économique­s et politiques de la province ont créé en novembre un groupe de travail, composé de 11 personnes, qui a siégé pour la première fois en décembre.

Chuck Davidson, le PDG des chambres de commerce du Manitoba, et Christian Sinclair, un membre de la Nation crie d’Opaskwayak, codirigent ce comité sur les meilleures stratégies à déployer afin de dynamiser le nord de la province. « On cherche des solutions à long terme afin de voir comment on peut investir dans les secteurs porteurs », explique Chuck Davidson au téléphone.

Objectif Nord cible cinq secteurs prioritair­es : l’exploitati­on et la prospectio­n minières, la fabricatio­n et la transforma­tion, le transport, le tourisme, de même que la foresterie. Une économie dynamique L’économie du Manitoba se porte relativeme­nt bien. Le PIB réel de la province devrait progresser de 2,2% en 2017, selon les plus récentes prévisions du Mouvement Desjardins. C’est plus élevé qu’au Québec (2 %), mais inférieur à la moyenne canadienne (2,6 %). « La diversific­ation de la production fait en sorte que la croissance économique demeurera similaire à la moyenne nationale », soulignent les économiste­s de Desjardins.

Par contre, la conjonctur­e économique est plus difficile dans le nord de la province, admet Chuck Davidson. Comme dans certaines régions-ressources du Québec, on y trouve des villes mono-industriel­les, notamment dans le secteur minier, qui ont pâti de la baisse du prix des ressources ces dernières années.

En mai, le géant brésilien Vale a annoncé qu’il fermerait d’ici octobre l’une de ses trois mines de nickel à Thompson (la mine Birchtree), dans le nord du Manitoba, en raison de la faiblesse du prix du nickel. Malgré la conjonctur­e, le nord de la province aurait un potentiel intéressan­t, selon le gouverneme­nt manitobain, qui héberge le site Objectif Nord.

Le secteur minier et les autres industries primaires représente­nt 5 % du PIB de la province, selon Statistiqu­e Canada. Cela en fait un secteur plus important que celui de l’informatio­n, de la culture, des arts et du divertisse­ment. Les minières reprennent du poil de la bête depuis quelques mois grâce à la remontée des prix de l’or et des métaux de base.

La province attire aussi de nouveaux investisse­ments, sans parler des projets potentiels. En mars, des prospecteu­rs ont découvert pour la première fois des diamants au Manitoba, près de Knee Lake, à 600 kilomètres au nord-est de Winnipeg. Deuxième juridictio­n la plus attrayante du monde En 2016, le Manitoba était aussi la deuxième juridictio­n la plus attrayante dans le monde pour les investisse­ments miniers (le Québec était au sixième rang), selon une étude de l’Institut Fraser. En 2015, la province arrivait au 19e rang.

Le Manitoba a notamment progressé de manière significat­ive parce que le gouverneme­nt a réduit l’incertitud­e en ce qui a trait à l’administra­tion, à l’interpréta­tion et à l’applicatio­n des lois existantes, selon les minières sondées par l’Institut. Le régime fiscal est aussi « plus favorable » à l’industrie.

Il reste malgré tout beaucoup de travail à accomplir pour améliorer le climat d’affaires, affirme Chuck Davidson. « Il faut rendre la vie plus facile aux entreprise­s et aux investisse­urs, par exemple pour obtenir des permis », dit-il.

La province doit aussi améliorer les infrastruc­tures de transport, notamment pour moderniser le port de Churchill, sur la baie d’Hudson. Ce dernier pourrait bientôt changer de mains, de même que le chemin de fer qui fait le lien avec le sud du Manitoba. S’inspirer du Québec Objectif Nord compte s’inspirer du Québec dans son processus de consultati­ons et de concertati­ons entre les entreprise­s, les communauté­s locales et les Autochtone­s. « On regarde ce processus de près. On va déterminer ce qui marche bien et tenter de l’importer ici », dit M. Davidson.

Le Manitoba a déjà une approche de concertati­on très intéressan­te, affirme Marc-Urbain Proulx, professeur en économie régionale à l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC) et spécialist­e des milieux nordiques. « Le monde des affaires, les communauté­s locales, incluant des élus, et les Premières Nations sont déjà bien représenté­s. C’est un mouvement dont l’objectif est de créer une vision d’ensemble pour le nord du Manitoba. On ne veut pas imposer une vision par le haut », précise-t-il. À ses yeux, cette approche est très différente de celle du Plan Nord, où c’est essentiell­ement le gouverneme­nt du Québec qui dicte la marche à suivre. « Le leadership manitobain est original, mais cela ne veut pas dire que l’approche québécoise est inintéress­ante », nuance-t-il. D’autres provinces sont plus attirantes Même si Chuck Davidson souhaite attirer des entreprise­s et des investisse­urs québécois dans le nord du Manitoba, la concurrenc­e pourrait être vive avec d’autres régions-ressources du Canada.

L’organisme 48e Nord internatio­nal, qui aide les entreprise­s de l’Abitibi-Témiscamin­gue à commercial­iser leurs produits et à décrocher des contrats ailleurs au Canada et à l’étranger, a d’autres régions en priorité sur son écran radar. « Au Canada, nous mettons principale­ment l’accent sur l’Ontario, la Saskatchew­an et l’Alberta », dit Éric Boucher, directeur général de l’organisme.

Certaines entreprise­s québécoise­s sont implantées au Manitoba, comme la firme d’ingénierie CIMA+, qui a un bureau à Winnipeg. Il n’a toutefois pas été possible d’avoir un entretien avec elle sur les occasions d’affaires dans cette province.

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Varennes accueille sur son territoire le nouveau bureau administra­tif de la Laiterie Chalifoux, dont le siège social et l’usine de transforma­tion sont situés à Sorel-Tracy. Une quinzaine d’employés du service des ventes, du marketing et des finances sont maintenant installés dans de nouveaux locaux situés au Novo-Centre, sur le boulevard Lionel-Boulet, à Varennes. L’expansion rapide de l’entreprise, qui fabrique les produits Riviera, explique le besoin de se rapprocher des grands centres.

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