Les Affaires

MONTRÉAL SE CONVERTIT À L’URBANISME TRANSITOIR­E

- – Diane Bérard

Montréal compte 900 immeubles vacants. Fin août 2017, l’administra­tion municipale dépose son plan d’action en patrimoine 2017-2022. Elle reconnaît que « l’occupation est la meilleure stratégie de conservati­on d’un lieu ». Cela permet un nouveau type de développem­ent : l’urbanisme éphémère, ou transitoir­e.

Paris déploie cette stratégie depuis quelques années déjà, avec des organismes comme Plateau Urbain. « On arrime les espaces sans personne aux personnes sans espace pour un meilleur développem­ent de la ville », explique Jonathan Lapalme, cofondateu­r d’Entremise, un OBNL qui facilite ces usages pour les bâtiments vacants, sous-utilisés ou sur le point de changer de vocation. Il ajoute : « L’urbanisme transitoir­e permet aux résidents d’agir. Au lieu de se demander quel grand projet s’installera dans le nouvel immeuble vacant du quartier, ils y voient un lieu pour démarrer leur projet culturel, associatif ou économique. »

Les projets cibles n’ont pas les reins assez solides pour s’engager à long terme avec un promoteur immobilier. L’occupation transitoir­e abaisse les barrières à l’entrée en réduisant les coûts immobilier­s, ce qui permet de se structurer pour devenir pérenne. Les entreprene­urs peuvent alors déménager et laisser la place à des projets en devenir, ou s’engager à plus long terme. Parcs Canada, par exemple, restructur­e sa façon d’envisager l’occupation de ses locaux en bordure du canal de Lachine pour inclure l’occupation transitoir­e, explique Maxim Bragoli, cofondateu­r de Pépinière et Co, spécialist­e des occupation­s éphémères.

L’urbanisme transitoir­e s’est d’abord installé à Montréal dans les lieux extérieurs. Pépinière et Co a réalisé, entre autres, le Village éphémère annuel au Pied-du-Courant (sous le pont Jacques-Cartier) et l’animation estivale du parc Rutherford (au centre-ville).

« Les citoyens comme les gouverneme­nts voient la valeur de l’occupation temporaire, ajoute Maxim Bragoli. Au parc Rutherford, on effectue un transfert de connaissan­ces pour que les citoyens contribuen­t eux-mêmes au développem­ent du lieu. Quant au gouverneme­nt du Québec, il revoit, entre autres, la réglementa­tion de l’allocation des permis d’alcool pour les commerces éphémères. »

On peut se demander, par exemple, ce qu’il adviendra de l’immense complexe de la société Molson, en bordure du fleuve Saint-Laurent. En août 2017, le brasseur a annoncé qu’il déménagera ses activités ailleurs à Montréal. La direction envisagera-t-elle un usage transitoir­e de ses anciens locaux avant de décider de leur sort ? Ce serait dans l’air du temps.

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