Les Affaires

Petite poissonner­ie est devenue grande

Les grands exportateu­rs En complément de chaque Focus régional, découvrez le portrait d’une entreprise locale dont le chiffre d’affaires repose notamment sur l’exportatio­n.

- Pierre Théroux redactionl­esaffaires@tc.tc

Les débuts de Pêcherie Manicouaga­n ont été modestes: un simple petit comptoir de vente au détail de poissons et de fruits de mer, ouvert à Baie-Comeau en 1983 par Jacquelin Savard et Gilles Gagnon. Une trentaine d’années plus tard, l’entreprise est l’un des plus importants transforma­teurs de produits de la mer frais et surgelés du Québec; 80% de sa production se retrouve même sur les tables de consommate­urs aux États-Unis et en Asie.

« On en a fait, du chemin », souligne Janita Gagnon, directrice du marketing chez Pêcherie Manicouaga­n, qui transforme maintenant du crabe des neiges, du turbot, du flétan, du buccin et de la mactre de Stimpson pêchés dans les eaux froides et salées du fleuve Saint-Laurent sur la Côte-Nord.

Le petit commerce de détail initial a d’abord pris de l’envergure en étendant ses activités à la vente en gros dans les secteurs commercial et de la restaurati­on. Puis, au début des années 1990, elle s’est lancée dans l’industrie de la transforma­tion grâce à l’acquisitio­n d’une usine aux Escoumins, puis de celle des Crabiers du Nord, à Portneuf-sur-Mer, en 1994.

« On a toujours servi d’abord le marché local, mais on produit de si gros volumes qu’il a fallu trouver des débouchés à l’internatio­nal », explique Janita Gagnon. L’entreprise, qui possède aussi l’usine de transforma­tion Umek, à Sept-Îles, transforme bon an mal an quelque sept millions de livres de poissons et de fruits de mer. « Ça varie d’une année à une autre, selon la quantité de produits pêchés et selon les quotas des pêcheurs », explique celle qui a joint l’entreprise cofondée par son père.

États-Unis, Japon, Chine

L’entreprise s’approvisio­nne auprès de six entreprise­s de pêche au crabe, qui sont aussi actionnair­es, et d’une trentaine d’autres pêcheurs. Pour assurer un meilleur approvisio­nnement, Pêcherie Manicouaga­n a conclu des partenaria­ts avec les nations autochtone­s d’Essipit, de Pessamit et d’Uashat-Maliotenam.

Au départ, Pêcherie Manicouaga­n transforma­it uniquement le crabe des neiges pour les marchés québécois et américain. Au fil des ans, elle a diversifié sa production et ses marchés. Les consommate­urs japonais sont particuliè­rement friands du buccin, un escargot marin mieux connu ici sous le nom de bourgot. Les Chinois raffolent pour leur part de la mactre de Stimpson, un mollusque de la famille des palourdes qui est très peu connu et consommé au Québec.

Les têtes et les arêtes des poissons et de fruits de mer transformé­s par Pêcherie Manicouaga­n intéressen­t aussi le marché asiatique, qui les utilise entre autres pour cuisiner des bouillons. « On récupère tout, même les carapaces et autres déchets de poissons, qui sont transformé­s en compost par une entreprise de la région », indique Janita Gagnon.

L’Accord économique et commercial global entre le Canada et l’Union européenne pourrait aussi ouvrir les portes de ce marché à l’entreprise, espère-t-elle.

Entretemps, Pêcherie Manicouaga­n, qui emploie jusqu’à 250personn­es pendant la saison de transforma­tion s’étendant d’avril à novembre, a acquis une autre usine, à Forestvill­e. Elle compte, à partir de l’an prochain, l’utiliser pour se lancer dans la transforma­tion secondaire de poissons et de fruits de mer. « On veut ajouter encore plus de valeur à nos produits », explique Mme Gagnon.

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Pêcherie Manicouaga­n a pris de l’envergure en étendant ses activités à la vente en gros dans les secteurs commercial et de la restaurati­on.

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