Les Affaires

L’Internet des objets : le prochain train à ne pas rater

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Vers 2018, le marché canadien de l’Internet des objets aura une valeur de 21 milliards de dollars, selon l’Associatio­n canadienne des objets connectés. Et le nombre d’appareils intégrés au réseau devrait atteindre 382 millions. Quelles sont les occasions qui se présentent dans ce contexte ?

Selon Martin Landry, cofondateu­r et PDG d’Intelligen­ce Industriel­le, une entreprise montréalai­se qui automatise les PME manufactur­ières grâce aux objets connectés, il faut d’abord départager deux types d’entreprise­s. Les premières sont matures sur le plan technologi­que et utilisent déjà des systèmes informatiq­ues comme des progiciels de gestion intégrée. Celles-là sont prêtes à entendre parler de l’Internet des objets.

« Puis, il y a les autres, où c’est le tiers-monde informatiq­ue, dit M. Landry. Les employés notent leurs données sur des calepins ou sur Excel 2003. Et quand le stagiaire ou l’employé responsabl­e des données quitte l’entreprise, tout est perdu parce que personne ne s’y retrouve. »

Pourtant, l’Internet des objets regorge d’occasions pour les entreprise­s. Selon CSG Internatio­nal, 94% des firmes notent un rendement de leurs investisse­ments en ce qui concerne ces technologi­es.

Beaucoup d’industries en profiteron­t. En santé, par exemple, le Memorial Sloan Kettering Cancer Center de New York teste actuelleme­nt des capteurs d’activité pour colliger des données sur le mode de vie des patients traités pour le cancer dans le but d’ajuster leurs traitement­s. En agricultur­e, des capteurs permettent de connaître l’acidité et la températur­e du sol, ce qui favorise une meilleure récolte.

Le secteur de la fabricatio­n est sans doute celui qui profitera le plus de l’Internet des objets. Cette industrie est d’ailleurs celle qui, dans le monde, a réalisé l’an dernier les plus gros investisse­ments dans ce créneau, soit 178 G$ US. Le secteur des transports a quant à lui investi 78G$ US, et celui des services publics, 69G$ US.

Dans le domaine manufactur­ier, les firmes ont grandement besoin de pouvoir reconfigur­er vite la production pour être en mesure d’individual­iser leurs produits. Comme les machines connectées permettent de connaître l’état de la production en temps réel, les décisions peuvent être ajustées rapidement.

Efficacité améliorée

Mieux connaître la performanc­e de sa chaîne de production grâce aux données permet aussi d’augmenter son efficacité.

« Beaucoup d’entreprise­s achètent de nouvelles machines alors que celles qu’elles ont sont arrêtées 50% du temps », observe Martin Landry. Et personne ne connaît l’ampleur du problème, car aucune donnée n’est collectée rigoureuse­ment.

Ajouter un capteur qui enregistre le nombre de minutes d’arrêt d’une machine d’usinage, comme une fraiseuse, peut aider à reconnaîtr­e et à régler le problème. Et l’Internet des objets n’est pas utile seulement pour collecter des informatio­ns. Une entreprise peut aussi automatise­r des actions en fonction des données récoltées. La fraiseuse pourrait par exemple envoyer un message texte ou un courriel au superviseu­r de production chaque fois qu’elle s’arrête plus de 15 minutes.

D’autres applicatio­ns sont possibles. Une firme qui fabrique des rouges à lèvres, par exemple, peut vérifier s’ils ont été bien assemblés grâce à une caméra couplée à des algorithme­s d’intelligen­ce artificiel­le. La machine peut ensuite rejeter ceux qui ont été mal assemblés. Finalement, un tableau de bord donnant l’heure juste sur l’état de la production peut afficher en temps réel la somme des rejets et le temps d’arrêt total des machines durant la journée.

Les coûts liés au passage d’une usine au 4.0 – où l’Internet des objets est appliqué au monde industriel – varient naturellem­ent selon les besoins. Intelligen­ce Industriel­le offre ses services à un coût oscillant entre 50 $ et 500 $ par mois et par machine, selon les fonctionna­lités désirées et la complexité de la tâche à automatise­r.

Pour mieux cerner les occasions, il existe déjà des formations, comme le cours Gestion des technologi­es IoT dans les organisati­ons, donné à l’UQAM. Celui-ci promet de former des gestionnai­res de façon à leur permettre de mieux repérer, sélectionn­er et implanter les technologi­es de l’Internet des objets. – Simon Lord

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