Les Affaires

Après les fleurs, le pot…

- Claudine Hébert redactionl­esaffaires@tc.tc

Prétendre que toutes les entreprise­s sélectionn­ées par les initiative­s d’accélérati­on nagent dans le bonheur serait mentir. Deux entreprise­s ont refusé de nous accorder une entrevue et deux autres ont accepté de partager leur déception.

Au sein du club des entreprise­s désillusio­nnées, on compte STAS, à Saguenay, un fabricant d’équipement­s de haute technologi­e pour l’industrie de l’aluminium. STAS, qui exporte déjà plus de 90 % de sa production ailleurs qu’en Amérique du Nord (Russie et MoyenOrien­t), avait de grandes attentes vis-à-vis de PerforME. « Le premier ministre Philippe Couillard était même venu m’annoncer en personne ma sélection lors de son passage dans la région », raconte Louis Bouchard, président de STAS, membre de la première cuvée de PerforME.

Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné ? Louis Bouchard était de ces entreprene­urs qui avaient d’abord été attirés par le programme Gazelle du gouverneme­nt de Pauline Marois. Un programme d’accélérati­on qui devait être assorti d’une aide financière brute pour la réalisatio­n de projets. Ce dont ne disposait pas PerforME.

Pierre Hébert, directeur du développem­ent des entreprise­s au MESI, reconnaît qu’un certain nombre d’entreprise­s ayant été sélectionn­ées lors de la première cohorte de PerforME provenaien­t de dossiers de candidatur­e présentés au programme Gazelle. Ce qui a entraîné quelques malentendu­s.

En quoi consistait le dossier de STAS ? « Je faisais état du déplacemen­t du marché actuel de l’aluminium vers la Chine. Ce pays représente 50 % de la production d’aluminium. Mon projet consistait à demander de l’aide pour embaucher un représenta­nt commercial afin de vendre nos équipement­s en Chine. Selon nos estimation­s, en pénétrant ce marché, STAS pouvait doubler ses revenus annuels, qui oscillent actuelleme­nt entre 30 millions de dollars [M$] et 40 M$ selon la conjonctur­e économique », explique M. Bouchard. Cette percée en Chine aurait propulsé STAS au sommet des 10 meilleurs équipement­iers du globe, dit M. Bouchard. Son projet a été retenu. Cependant, personne, dit-il, n’a pu lui apporter l’aide qu’il escomptait. « Je n’ai pas pu participer à des missions commercial­es parce que l’entreprise en avait déjà fait. STAS n’a pas pu non plus bénéficier de crédits d’impôt présentés aux entreprise­s. Nous en avions déjà eu. En fait, l’aide que l’on m’a proposée s’est résumée à une téléconfér­ence avec la délégation du Québec à Beijing et à une liste de cabinets d’avocats spécialisé­s en exportatio­n. »

Mécanicad espérait un dragon

Sélectionn­ée au sein de la première cohorte d’Adrenalys, l’entreprise Mécanicad, à Rouyn-Noranda, fait elle aussi partie de celles qui s’attendaien­t à un coup de main financier. « Je l’avoue, je cherchais ultimement un dragon. Je n’ai pas frappé à la bonne porte », indique Stéphane Larouche, PDG du fabricant de conduits de ventilatio­n et d’aspiration en plastique pour de grands projets hydroélect­riques et miniers.

Mécanicad, qui vend plus de 80 % de sa production au pays, souhaitait recevoir un investisse­ment d’Adrenalys pour rendre l’entreprise encore plus profitable et pour développer d’autres marchés. L’objectif était de doubler les revenus.

Mais voilà, entre l’annonce de la sélection de Mécanicad et l’année 2017, le contexte économique a beaucoup changé. En 2015, les ventes de l’entreprise ont chuté de façon radicale. Mécanicad s’est retrouvée en plein coeur d’une restructur­ation d’entreprise.

« Au cours de l’année 2016, j’ai dû racheter mes actionnair­es. Du coup, ma tête et mon énergie étaient ailleurs. Je n’étais plus dans un état idéal pour quitter l’usine afin de participer aux activités d’Adrenalys », raconte l’entreprene­ur.

« Malheureus­ement, tient à préciser Dominic Deneault, gestionnai­re du programme Adrenalys, notre mission n’est pas de redresser une entreprise en difficulté. Le programme a été mis sur pied pour propulser des entreprise­s à fort potentiel de croissance. Ce que le dossier de Mécanicad reflétait initialeme­nt lors de sa sélection. »

Remarquez, M. Larouche dit avoir tiré des éléments positifs des rencontres Adrenalys auxquelles il a participé. « J’ai reçu plusieurs bons conseils en matière de gestion et d’évaluation de compétence­s.

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« Je l’avoue, je cherchais ultimement un dragon. Je n’ai pas frappé à la bonne porte. » – Stéphane Larouche, PDG de Mécanicad

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