Les Affaires

Le fondateur de MTY a encore de l’appétit

Grande réforme comptable en vue

- Dominique Beauchamp dominique.beauchamp@tc.tc beauchamp_dom PDG de MTY

C’est bien connu, l’affable fondateur du franchiseu­r de restaurant­s MTY ne fournit pas de prévisions au milieu financier. Il préfère laisser les résultats parler d’eux-mêmes, au fil du temps.

En revanche, le PDG de Groupe d’alimentati­on MTY (MTY, 49,13 $) aime bien se fixer des objectifs afin de donner une direction à son entreprise.

L’entreprene­ur de 70 ans imagine que, d’ici cinq ans, 7 000 franchisés pourraient réaliser un chiffre d’affaires total de 2,8 milliards de dollars (G$). C’est 25 % de plus que les 5 594 franchises actuelles, et 22% de plus que le chiffre d’affaires courant du réseau (2,1G$). Toute une trajectoir­e pour l’immigrant qui a fondé un premier Tiki Ming en 1983.

Quatorze mois après avoir avalé sa plus grosse bouchée, le franchiseu­r américain Kahala Brands (avec ses 2 839 établissem­ents et ses revenus de 300 M$ US), M. Ma est très satisfait de la transactio­n qui lui a donné de bonnes fondations au sud de la frontière.

Cet achat a instantané­ment doublé la taille de MTY. La société s’est endettée et a émis de nouvelles actions pour la première fois depuis son entrée en Bourse. Maintenant, elle réalise la moitié de ses revenus chez l’Oncle Sam.

« Au début, j’avais prévenu ma famille que j’irais sans doute vivre à Scottsdale, en Arizona, pour cinq ou six semaines, mais ça n’a pas été nécessaire. L’équipe locale de Kahala est solide et notre chef des finances, Éric Lefebvre, s’y rend souvent. On tient aussi des conférence­s téléphoniq­ues chaque semaine. À celle de cet après-midi, on discutera des dommages à nos commerces en Floride et à Porto Rico », raconte M. Ma, en entrevue au siège social toujours aussi sobre de l’arrondisse­ment Saint-Laurent.

Les fonctions administra­tives, légales et informatiq­ues ont déjà été intégrées. Maintenant, il s’agit de donner des orientatio­ns aux 230 employés locaux et de les laisser « exécuter ».

M. Ma assure ne pas ressentir l’hécatombe du commerce de détail aux États-Unis, qui fait pourtant les manchettes. Seulement de 15 à 20 % de ses franchises américaine­s et le quart de toutes ses franchises sont dans des centres commerciau­x.

« Les ventes en ligne sont certaineme­nt un facteur pour les détaillant­s, mais dans le secteur de la restaurati­on rapide, j’imagine mal les consommate­urs commander en ligne et se faire livrer un repas qui vaut 10 $ », évoque Stanley Ma.

Comme prévu, MTY installe lentement ses franchises Thaï Express et Ginger Sushi (le pendant américain de Sushi Shop). Thaï Express compte une succursale au Mall of America, au Minnesota, et quatre autres seront bientôt en constructi­on en Arizona, en Géorgie et à Las Vegas.

Le premier Ginger Sushi ouvrira ses portes à Las Vegas à la fin de l’année.

Sa notoriété américaine attire des occasions

Les acquisitio­ns restent le principal moteur de MTY, comme en témoignent ses 31 transactio­ns totalisant 644 M$ depuis 2001. Sa mainmise sur Kahala lui donne plus de notoriété et apporte de l’eau au moulin. « De plus en plus de gens nous approchent », indique M. Ma.

Celui-ci n’entend toutefois pas déroger à sa discipline : il évaluera chaque candidat à l’achat au cas par cas.

Fidèle à ses habitudes, l’entreprene­ur n’ouvre pas son jeu. Les achats canadiens et américains l’intéressen­t tout autant, et le « pipeline » est attrayant des deux côtés de la frontière, se contente-t-il de dire. En fait, aucun concept ni menu ne manque vraiment à son réseau de 85 enseignes.

Les quatre dernières transactio­ns ont été de petite taille, et les 55 établissem­ents acquis sont tous au Canada : la glacerie La Duperie, les restaurant­s décontract­és Steak Frites St-Paul, Giorgio Ristorante, Houston Avenue Bar & Grill et Industria Pizzeria & Bar, ainsi que la sandwicher­ie Dagwoods.

Le principal fournisseu­r de sushis en Amérique du Nord, Bento, était dans la mire du PDG bien avant l’échec tout récent de son entrée en Bourse, confie M. Ma.

D’expérience, lorsque la décision d’ouvrir son capital est prise, il devient plus difficile pour le propriétai­re d’une entreprise de se résigner à vendre, met-il en contexte.

Par ailleurs, M. Ma ne ressent pas de pression en ce qui concerne l’ajout de concepts qui plaisent aux milléniaux friands de mets végétarien­s, végétalien­s ou frais.

Le franchiseu­r estime déjà bien les servir avec un large choix de mets asiatiques, de bols de poke, de sandwichs, de salades et de smoothies dans ses enseignes existantes.

Revitalisa­tion des marques

Comme il l’a répété à l’assemblée annuelle, M. Ma accorde autant d’attention au redresseme­nt des ventes des restaurant­s comparable­s qu’aux acquisitio­ns.

Ces ventes, le meilleur reflet de la croissance interne, ont baissé lors de 15 des 18 derniers trimestres. Deux nouvelles règles comptables internatio­nales seront imposées au cours des prochaines années, règles qui transfigur­eront les états financiers de MTY, prévient le chef de la direction financière, Éric Lefebvre. La règle IFRS 15 modifiera la comptabili­sation des revenus dès 2018. « Ça ratisse pas mal plus large que seulement les frais de franchise », dit-il. La règle IFRS 16, qui couvre les baux, transforme­ra le bilan de façon radicale en ajoutant ceux-ci au passif, ce qui fera bondir « massivemen­t » le ratio d’endettemen­t. « Ce ne sera pas facile pour les investisse­urs de s’y retrouver au début. Les repères habituels vont disparaîtr­e. L’analyse de la performanc­e réelle de l’entreprise sera beaucoup plus difficile à établir, déplore M. Lefebvre. Nous tenterons du mieux possible de faire un pont entre l’ancien IFRS et le nouveau, mais ce ne sera pas évident. » Manchu Wok. Quelque 399 franchises ont fermé leurs portes depuis un an, surtout des kiosques TCBY dans les cinémas et des cafés Country Style dans 200 stations d’essence Shell. Dans les deux cas, les propriétai­res immobilier­s voulaient reprendre l’espace.

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