Les Affaires

Pourquoi le Canada doit réinventer son modèle de développem­ent des infrastruc­tures

- Forum

Selon le Forum économique mondial, le Canada occupe actuelleme­nt le 23e rang quant à la qualité de son réseau d’infrastruc­tures. Ainsi, près de 20% de ses infrastruc­tures de transport et de bâtiment sont dans un état critique. Cette situation réduit le potentiel de croissance de l’économie canadienne et accroît les dépenses de maintenanc­e. Selon notre expérience, ces dépenses peuvent augmenter dans des proportion­s atteignant plus de 20% pour les réseaux les plus anciens. La nécessité de réinventer le modèle de développem­ent des infrastruc­tures canadienne­s s’impose.

Devant ce défi, le gouverneme­nt canadien a lancé un plan global pour faire des infrastruc­tures un levier de compétitiv­ité et de croissance: d’ici 2028, 185 milliards de dollars (G $) d’investisse­ments publics devraient être réalisés, en particulie­r dans les transports urbains (29G$) et les énergies renouvelab­les (27G$). Les provinces ont aussi prévu accroître leurs dépenses annuelles, respective­ment de plus de 5% au Québec et de 12% en Ontario d’ici cinq ans. Le gouverneme­nt fédéral a annoncé la création d’une banque spécialisé­e dans les infrastruc­tures, dotée de 35 G$ de fonds propres, et étudie la possibilit­é de lancer un programme de privatisat­ion. Enfin, Ottawa souhaite que les grands investisse­urs institutio­nnels canadiens contribuen­t au déploiemen­t de cette initiative.

Ces derniers suivront-ils le mouvement? Sans doute, à condition qu’ils ne se contentent pas simplement d’investir et qu’ils inventent, avec les pouvoirs publics, de nouveaux modèles d’interventi­on. Au Canada, les 10 plus grands fonds de pension détiennent 8% de leurs actifs dans les infrastruc­tures (102 milliards de dollars pour 1,3 billion de dollars d’actifs sous gestion), soit un point de pourcentag­e de plus que la moyenne mondiale des grands institutio­nnels comparable­s. Leur portefeuil­le est aujourd’hui principale­ment constitué d’actifs qui sont en opération ( brownfield) plutôt à l’extérieur du Canada.

Cela n’est pas étonnant, car le niveau de risque est moins grand que dans les nouveaux projets ( greenfield) et le rendement est en moyenne supérieur dans les pays émergents. Selon notre expérience, dans le domaine des transports, par exemple, on observe dans ces pays des taux de rentabilit­é interne parfois deux fois supérieur à ceux des pays avancés – de 18% à 20% contre 10% à 12%.

Dans ces conditions, c’est la modernisat­ion des modes d’interventi­on des investisse­urs institutio­nnels qui permettra d’atteindre les résultats attendus. Dans l’environnem­ent d’affaires actuel, elle peut prendre trois directions:

Newspapers in French

Newspapers from Canada