Les Affaires

Femmes d’affaires

Depuis 17 ans, le prix Réalisatio­ns honore une Québécoise qui se démarque par sa carrière exceptionn­elle, son influence et ses réalisatio­ns dans la province et à l’internatio­nal. Cette année, c’est Jocelyna Dubuc, précurseur­e dans le domaine de centres de

- Marie Lyan redactionl­esaffaires@tc.tc Avez-vous rencontré des obstacles ?

Les finalistes du 17e concours Prix Femmes d’affaires du Québec

Comment avez-vous eu l’idée de créer un spa ?

J’étais enseignant­e d’histoire et de géographie quand j’ai découvert, dans un livre, que les aliments pouvaient avoir des effets incroyable­s sur notre santé. Je suis tombée dans la potion magique du bien-être en découvrant ensuite le yoga, la méditation, et j’ai décidé de donner ma démission et de partir en Inde. Je me suis mise à rêver de créer mon emploi alors que je ne connaissai­s rien en gestion. Je n’étais pas du tout partie pour être une femme d’affaires !

Avez-vous eu des modèles ?

À l’époque, c’était un peu comme quelqu’un qui vit sur une île déserte, car il n’y avait pas de modèle autour de moi. J’ai donc mis du temps pour y arriver. En 1970, j’ai connu l’Inde et les ashrams, en 1988, j’ai découvert la thalasso et le thermalism­e, puis dans les années 2007-2008, la thermothér­apie en Allemagne.

Vous avez dès le départ fait le pari de rester en Estrie…

Les Cantons-de-l’Est étaient déjà un lieu particulie­r, où nous avons la chance d’avoir 326 acres et 15 km de sentier en forêt, tout en étant à cinq minutes de l’autoroute. Nous avons commencé par cinq chambres et nous en avons aujourd’hui 43, ainsi qu’un restaurant santé.

Quelle est votre plus grande fierté ?

En 1990, le secteur a commencé à connaître un grand succès, les hôteliers pensaient tous qu’ils devaient avoir un spa. Il existait des normes pour l’eau dans le thermalism­e, mais pas pour la gestion de l’offre. Je me suis inspirée de ce que Robert Gagnon avait fait avec les Relais & Châteaux et j’ai communiqué avec l’ensemble des acteurs afin de développer un réseau Relais santéΠ, avec des normes et des outils dessinés par et pour l’industrie. Mais je n’étais pas seule… Nous avons commencé à trois, et nous comptons aujourd’hui une cinquantai­ne de membres.

Quel regard portez-vous sur vos concurrent­s ?

Pour moi, la concurrenc­e n’est pas régionale, mais se situe plutôt dans les offres à l’étranger qui attirent le public québécois. C’est à nous de rendre l’offre locale attractive. Si l’on veut que l’industrie se développe bien, il faut aussi que nos voisins se portent bien, sinon, à moyen terme, cela peut coûter cher à toute l’industrie. Collaborer au sein de Relais santéΠ a aussi permis au tourisme de santé d’être reconnu comme un secteur distinct par Tourisme Québec. Le financemen­t en a été un, à la fois parce que je créais une nouvelle entreprise, et qu’en plus, j’étais une femme à la tête de celle-ci. Cela a été un long chemin de croix ; on est d’abord partis en autofinanc­ement. En 1999, on a pu réaliser une extension avec les banques et du love money, mais il a fallu atteindre une certaine taille avant d’être pris au sérieux.

Comment avez-vous géré la question des RH au sein d’un secteur naissant ?

La formation des employés a été un défi. On a dû rencontrer des écoles d’esthétique et de massothéra­pie pour faire connaître nos besoins. Comme dans l’hôtellerie, la meilleure façon pour embaucher de nouvelles ressources restait encore de faire masser les candidats, afin de voir quelles étaient les lacunes, ce qui a aussi permis un dialogue sur les techniques de massage.

Quels sont vos projets pour l’avenir du Spa Eastman ?

Ce qui m’intéresse est d’aller chercher des experts partout dans le monde et de faire découvrir notre offre à la clientèle étrangère. Cela reste un enjeu, car par nos racines québécoise­s, on offre une expérience bien différente des spas européens que ces derniers ne soupçonnen­t pas. C’est à la fois une expérience associant la cuisine, la nature, le bien-être…

Que représente pour vous l’excellence dans le leadership ?

C’est d’apprendre à suivre mes aspiration­s, tout en restant ouverte aux autres. C’est aussi le fait de collaborer avec les autres, sans pour autant sacrifier ce dont la société a besoin. Participer à la naissance d’une industrie en faisant son possible pour qu’elle se développe au mieux, tout en créant en parallèle son entreprise est, à ce titre, une grande fierté.

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Jocelyna Dubuc, la pionnière du spa au Québec

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