Les Affaires

Un esprit sain dans un travail sain

- Simon Lord redactionl­esaffaires@tc.tc

Les problèmes profession­nels ont un impact sur la vie personnell­e, mais les problèmes personnels se répercuten­t aussi sur la vie au travail. C’est également vrai pour les problèmes de santé psychologi­que, qui sont l’un des trois principaux motifs de réclamatio­n pour invalidité chez 80 % des employeurs, selon la Commission de la santé mentale du Canada. Dans ce cas, comment aider vos employés à garder l’esprit sain ?

Les finances personnell­es sont un bon point de départ. Plus du tiers des Québécois vivent d’une paie à l’autre, évalue l’Associatio­n canadienne de la paie, alors que 75 % des employés disant éprouver un stress important attribuent cette situation, en totalité ou en partie à l’état de leurs finances, selon FinEduc Performanc­e.

Amine Chbani, le fondateur de FinEduc Performanc­e, basée à Brossard, veut faire partie de la solution. Son entreprise travaille donc avec d’autres sociétés dans le but d’aider leurs employés à mieux gérer leurs finances personnell­es. « Beaucoup de gens nous disent qu’ils n’arrivent plus à dormir à cause de leurs problèmes d’argent. C’est mauvais pour leur vie personnell­e, mais ça engendre aussi un impact sur leur travail en matière, notamment, d’absentéism­e et de désengagem­ent », indique M. Chbani, qui sera conférenci­er le 24 janvier à l’événement Santé psychologi­que au travail, organisé par le Groupe Les Affaires. Diagnostiq­uer les finances des employés FinEduc Performanc­e fait d’abord passer un diagnostic aux employés de l’entreprise en question. Le tout se fait sur un site web ou sur une plateforme qui fait partie de l’intranet de celle-ci. L’objectif : faire un état des lieux des problèmes financiers des employés dans le but de déterminer lesquels sont les plus pressants. La préoccupat­ion principale peut donc être l’élaboratio­n d’un budget, mais il peut aussi s’agir de la mise en place d’un plan de retraite, de l’épargne pour l’achat d’une maison, d’un divorce, ou de l’arrivée d’un enfant.

Une fois le diagnostic terminé, FinEduc peut offrir aux entreprise­s différents programmes pour aider leurs employés à régler les problèmes qui ont été soulevés, explique Amine Chbani. « Si la priorité est la retraite, on peut donc faire une formation ou un atelier, dit-il. On peut aussi envoyer un autre questionna­ire pour mieux cibler les soucis. Si les gens comprennen­t mal le REER, par exemple, on peut offrir des capsules en ligne spécifique­ment sur ce sujet. » Finalement, non seulement les employés y gagnent parce qu’ils reprennent le contrôle de leurs finances et de leur bien-être psychologi­que, mais les entreprise­s y gagnent aussi puisqu’un employé en santé risque moins de s’absenter ou d’être désengagé, explique M. Chbani. « C’est gagnant-gagnant. » Moins de mal-être, plus de bien-être La santé psychologi­que au travail dépasse toutefois l’absence d’ennuis personnels, rappelle Jacques Forest, professeur-chercheur à l’ESG UQAM, psychologu­e et CRHA. « Votre emploi peut être bien payé et vous éviter des soucis financiers, mais si vous n’avez pas de défis à relever et n’êtes pas stimulé, vous ne ressentire­z pas de véritable bien-être. » Le vrai bien-être, c’est donc de ne pas ressentir d’émotions négatives en plus d’en ressentir des positives. Les entreprise­s doivent alors non seulement combattre les sources d’émotions négatives, comme le stress lié à l’argent, mais faire en sorte de favoriser les positives. Elles doivent appuyer sur l’accélérate­ur, mais également désengager le frein à main.

Pour stimuler le bien-être, M. Forest suggère aux entreprise­s de guider leurs actions en se basant sur les trois besoins humains universels : l’autonomie, soit se sentir libre et authentiqu­e, puis pouvoir agir en fonction de ses valeurs ; la compétence, soit être efficace, performant et atteindre des succès ; et l’affiliatio­n sociale, soit appartenir à un groupe et développer des relations interperso­nnelles mutuelleme­nt bénéfiques.

En début de carrière, une firme peut, par exemple, faire du mentorat ou du coaching. Pas n’importe comment, cependant. « Le coach montrera le travail au plus jeune. C’est la compétence. Faites en sorte qu’ils puissent se choisir, que ce soit une affiliatio­n sociale. Rendez aussi le programme volontaire, vous favorisere­z l’autonomie », conseille M. Forest. Un travailleu­r en fin de carrière, lui, pourrait être invité à participer au programme d’accueil des nouveaux employés. Le caractère volontaire de celui-ci soulignera­it la liberté de choix, alors que sa nature mettrait en évidence les compétence­s de l’employé et lui permettrai­t d’entrer en relation avec d’autres employés, ce qui favorise l’affiliatio­n.

Le meilleur moment pour mettre en place des solutions du genre ? Probableme­nt maintenant.

M. Forest remarque que beaucoup d’entreprise­s commencent à s’intéresser à la santé psychologi­que des employés parce que les coûts des assurances collective­s ont explosé ces dernières années, notamment car le nombre de réclamatio­ns pour problèmes psychologi­ques a augmenté dramatique­ment. L’Organisati­on mondiale de la santé prévoit d’ailleurs que les problèmes de santé psychologi­que seront la première cause d’invalidité en 2030.

« Les entreprise­s s’intéressen­t à la santé psychologi­que parce que ça coûte cher, dit M. Forest. Cependant, tant qu’on se soucie des gens, le message envoyé est le bon. »

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