Les Affaires

Notre lecteur épargne-t-il trop ?

- Stéphane Rolland stephane.rolland@tc.tc srolland_la

Bien des gens se demandent s’ils épargnent suffisamme­nt pour la retraite. Notre lecteur se pose la question contraire. Toute sa marge de manoeuvre est consacrée à l’épargne. Se prive-t-il des plaisirs du moment présent sans que cela soit nécessaire ? Nous avons posé la question à Nathalie Jacques, planificat­rice financière chez la Financière Sun Life.

La situation

Ingénieur célibatair­e de 35 ans, ce fonctionna­ire municipal gagne un revenu annuel de 85 000 $. S’il reste en poste, il peut aspirer à une bonne progressio­n de sa rémunérati­on, car il lui reste encore des échelons à gravir. Outre son salaire, il peut compter sur un revenu de location annuel de 14 500 $ tiré d’une copropriét­é. Il se demande s’il aurait les moyens d’acquérir un autre immeuble à revenus.

À la retraite, le travailleu­r bénéficier­a d’un régime de retraite à prestation déterminée auquel il cotise depuis un an. Pour chaque année de travail réalisée, le rentier accumule l’équivalent de 2 % de la moyenne de son salaire annuel des trois meilleures années de carrière. S’il prend sa retraite à 60 ans, il aura accumulé 26 années de service (taux de remplaceme­nt du salaire à 52 %).

La valeur de son régime enregistré d’épargneret­raite (REER) atteint 175 000 $. Ce bas de laine constitue la très grande majorité de ses actifs financiers. À part le REER, il a accumulé 7 500 $ dans son compte d’épargne libre d’impôt (CELI) et 3 700 $ dans un compte non enregistré.

Dans la colonne des passifs, il a des hypothèque­s de 185 000 $ sur sa résidence et de 124 000 $ sur la copropriét­é en location. Il a aussi une marge de crédit de 10 000 $. À partir de 2018, il commencera à rembourser les 25 000 $ retirés de son REER dans le cadre du régime d’accession à la propriété (RAP).

Ses habitudes d’épargne consistent à mettre de côté 60 $ par semaine en vue d’acheter une voiture d’ici deux à quatre ans. Le véhicule qu’il possède est entièremen­t payé. Le jeune profession­nel contribue 5 000 $ à son REER chaque année. Cet argent est toutefois puisé dans une marge de crédit, qu’il rembourse au cours de l’année. Notre lecteur estime ne pas avoir de marge de manoeuvre supplément­aire vu le financemen­t de son train de vie et le remboursem­ent des deux hypothèque­s.

La réponse

Monsieur n’a pas besoin d’épargner autant en vue de la retraite, dit Nathalie Jacques. Ses excédents budgétaire­s peuvent donc être utilisés à d’autres fins. La planificat­rice financière estime que notre lecteur pourrait se contenter de mettre 150 $ par mois dans son REER afin d’atteindre ses objectifs. Pour l’instant, le montant correspond au remboursem­ent du RAP, mais cette cotisation devra être maintenue jusqu’à l’âge de 60 ans.

En procédant ainsi, il aura suffisamme­nt d’argent pour remplacer 70% de ses revenus actuels à 60 ans. Cela représente un revenu mensuel de 3 750$ en dollars actuels pour financer les dépenses courantes, en plus de 10000$ chaque année pour les voyages entre 60 ans et 70 ans.

Pour arriver à ce chiffre, Mme Jacques estime que le portefeuil­le de placement générera un rendement de 7% avant la retraite et de 4% au moment de la retraite. Les prévisions de l’inflation sont à 2 %. La planificat­rice ne tient pas compte de la valeur des actifs immobilier­s dans le calcul (résidence et copropriét­é en location). Elle présume que notre lecteur conservera sa résidence principale et la copropriét­é, qui continuera d’être une source de revenu de location.

Pour le remboursem­ent du RAP, Mme Jacques suggère à notre lecteur de cotiser au Fonds de solidarité FTQ « afin de rembourser son RAP et d’optimiser ses remboursem­ents d’impôt ». Elle rappelle que le particulie­r n’est pas obligé de rembourser son RAP à partir du compte où il a fait les retraits. « Une simple écriture comptable sur la déclaratio­n d’impôt indiquera qu’une partie de ces contributi­ons seront appliquées au remboursem­ent du RAP », précise-t-elle.

Au bout du compte, la planificat­rice pense que le jeune profession­nel peut se permettre d’alléger son budget de 5 000$ par année. Cela équivaut au prêt qu’il effectue pour cotiser à son REER. Entre parenthèse­s, elle souligne qu’il est mieux de payer les cotisation­s à l’aide de l’épargne plutôt que de recourir à l’endettemen­t à court terme.

Pour l’achat d’une deuxième propriété à revenu, elle estime que de libérer la marge de manoeuvre de 5 000$ permettrai­t d’accumuler la mise de fonds nécessaire à l’achat d’un immeuble locatif dans un horizon de cinq à huit ans.

Comme la rémunérati­on de l’ingénieur mu- nicipal est appelée à croître plus rapidement que l’inflation, Mme Jacques l’invite à consacrer toute augmentati­on salariale à l’épargne et aux projets spéciaux.

Tour d’horizon des placements

En ce qui concerne le contenu du REER de notre lecteur, la planificat­rice constate qu’il est principale­ment investi dans des titres américains et étrangers. Il contient très peu d’actions cana- diennes. L’ingénieur aurait intérêt à augmenter la pondératio­n de son portefeuil­le canadien « afin d’obtenir une meilleure diversific­ation et, par conséquent, une réduction du niveau de risque », suggère-t-elle.

Elle conseille également de maintenir un faible niveau de risque à l’intérieur du CELI. L’épargne effectuée en vue de se payer une voiture ne devrait pas être trop exposée à la volatilité du marché, prévient-elle.

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