Les Affaires

Macroécono­mie

- Laura O’Laughlin redactionl­esaffaires@tc.tc À lire, sur le même sujet, la chronique d’Olivier Schmoucker en page 20.

Devrait-on dérouler le tapis rouge à un avenir automatisé ?

À quoi ressembler­a Montréal le jour de son 400e anniversai­re ? Les drones dansants remplacero­nt-ils les feux d’artifice? Les robots guideront-ils des navettes, saluant et servant au passage des touristes dans des dizaines de langues au-delà de notre traditionn­el « bonjour – hi » ? Plus important, le Montréal du futur sera-t-il, non seulement automatisé, mais aussi habitable, abordable et capable d’offrir de bons emplois à ses résidents humains?

Il n’y a rien de nouveau à un débat sur l’avenir du travail dans une société à caractère technologi­que. En 1933, John Maynard Keynes prédisait que le progrès technologi­que aboutirait à des semaines de travail de 15 heures en 2030. Aujourd’hui, les chercheurs d’Oxford, Carl Benedikt Frey et Michael Osborne, prédisent de façon alarmante que la moitié des emplois seront obsolètes dans un futur proche. D’un autre côté, David Autor, économiste au MIT, prédit un avenir un peu plus symbiotiqu­e où les machines accompagne­ront et améliorero­nt les travailleu­rs humains plutôt que de les remplacer.

D’ici 2042, nous aurons certaineme­nt une meilleure idée de ce que l’automatisa­tion fera et ne fera pas pour nous. Néanmoins, comment assurer l’avenir de Montréal et du Québec? Quels travailleu­rs devraient s’inquiéter le plus?

L’histoire est instructiv­e. L’évolution de la compositio­n des emplois au Québec montre que les profession­s dans le secteur des services ont, depuis longtemps, plus la cote que celles qui sont liées à la production de biens. Étant donné que ces dernières sont fortement soumises à l’informatis­ation et à l’automatisa­tion, cette tendance – ainsi que l’accroissem­ent de l’importance des emplois de services – devrait se poursuivre en 2042.

Compte tenu de cette tendance, quels emplois seront pourvus par des robots en 2042 ? Probableme­nt ceux qui sont dévolus aux conducteur­s, aux travailleu­rs à la chaîne, aux magasinier­s et aux travailleu­rs de la vente au détail. Les données actuelles corroboren­t ce constat. Les profession­s qui enregistre­nt la plus forte baisse de la demande (moins de postes vacants) visent davantage les étalagiste­s, les caissiers, les machiniste­s, les conducteur­s et les traducteur­s.

Cet aperçu de la demande de main-d’oeuvre est aujourd’hui un indicateur intéressan­t qui suggère ainsi que de nombreux emplois seront, à l’avenir, offerts aux travailleu­rs humains. L’intelligen­ce artificiel­le a donc un long chemin à parcourir. Même les machines les plus intelligen­tes sur le marché, aujourd’hui, sont bonnes pour optimiser une tâche, mais ne parviennen­t pas à donner un rendement optimal à des tâches ou lorsqu’elles en combinent plusieurs. Les profession­s avec la plus forte augmentati­on de la demande le prouvent également, alors que des employeurs réclament des massothéra­peutes, des ingénieurs en informatiq­ue, des concepteur­s créatifs, des technicien­s dentaires, des superviseu­rs de machines et des enseignant­s.

Le défi consiste alors, pour les gouverneme­nts et les institutio­ns, à utiliser, à promouvoir et à posséder les outils de manière à garantir un avenir durable et automatisé. En d’autres termes, d’ici 2042, il faut espérer que la technologi­e locale et le capital humain seront derrière les drones dansants et les solutions de transport autonomes, et que Montréal sera une ville où nous profiteron­s de l’automatisa­tion et de l’intelligen­ce artificiel­le, plutôt que d’être exploités et déplacés par ces technologi­es.

la

« Même les machines les plus intelligen­tes ne parviennen­t pas à donner un rendement optimal à des tâches ou lorsqu’elles en combinent plusieurs. »

 ??  ?? Laura O’Laughlin est économiste principale au cabinet de consultati­on Groupe d’analyse. Elle est aussi fondatrice de l’Institut des génération­s, un organisme sans but lucratif qui s’intéresse à l’équité entre les génération­s.
Laura O’Laughlin est économiste principale au cabinet de consultati­on Groupe d’analyse. Elle est aussi fondatrice de l’Institut des génération­s, un organisme sans but lucratif qui s’intéresse à l’équité entre les génération­s.

Newspapers in French

Newspapers from Canada