Les Affaires

Optimiser l’identité sonore de son entreprise

- Commerce de détail Denis Lalonde denis.lalonde@tc.tc DenisLalon­de

Les trois notes des annonces des piles Duracell, la Marche impériale qui marque le début des films de la saga La guerre des étoiles, la sonnerie du camion de popsicles et de cornets de crème glacée, les fajitas qui grésillent pendant que le serveur apporte le plat à une table, déclenchan­t un réflexe de salivation chez tous les clients du restaurant... Bienvenue dans le monde de l’identité sonore.

« Nous vivons une période où les entreprise­s commencent à comprendre qu’il faut offrir une expérience multisenso­rielle pour bâtir une relation durable avec les clients », raconte Joel Beckerman, fondateur et compositeu­r principal de la société new-yorkaise Man Made Music.

M. Beckerman a publié, à la fin de 2014, le livre The Sonic Boom – How Sound Transforms the Way we Think, Feel, and Buy. Il compte parmi ses clients des entreprise­s comme Disney, AT&T, CBS, HBO, ESPN, Entertainm­ent Tonight, sans oublier les Cowboys de Dallas de la Ligue nationale de football .

Le dirigeant soutient que l’identité visuelle d’une entreprise tend à être plus cérébrale pour ses clients, alors que la composante sonore est plus émotionnel­le.

Selon M. Beckerman, tous les sons et toutes les musiques ne peuvent pas faire partie d’une même catégorie. Il voit une grande différence entre les ritournell­es publicitai­res ( jingles) et l’identité sonore. « Les ritournell­es existent pour ancrer de courts thèmes musicaux dans la tête des consommate­urs en les liant à des marques de commerce. De son côté, l’identité sonore veut bâtir une relation pérenne entre ces mêmes consommate­urs et l’entreprise », dit-il.

Le dirigeant estime que, de plus en plus, les clients souhaitent laisser les entreprise­s entrer dans leur vie. « On ne crée pas une relation avec quelqu’un en lui criant par la tête ou en voulant constammen­t attirer l’attention sur nous. On crée une relation en servant le client », explique-t-il.

Man Made Music centre donc ses travaux sur la création d’« hymnes » relatifs à la relation entreprise-client. « Les clients, les employés et les actionnair­es sont importants. Tous ces gens devraient se reconnaîtr­e dans les hymnes que nous concevons. » Joel Beckerman soutient qu’un hymne réussi doit raconter ce que signifie l’entreprise pour ses clients, ses employés et ses actionnair­es. « C’est une toute nouvelle manière de penser. Nous servons les auditoires, les fans et les consommate­urs. De cette manière, nous servons nos clients », ajoute-t-il.

Mettre un terme à la pollution sonore

Si les services de Man Made Music sont utilisés entre autres par des clients dans les industries du commerce de détail, du marketing et du divertisse­ment, la société peut aussi servir d’autres secteurs, dont la santé, l’éducation ou les technologi­es de l’informatio­n. « Qu’on s’en rende compte ou pas, chaque moment de notre vie est marqué par les sons et la musique, qui peuvent changer notre humeur en un instant, pour le meilleur et pour le pire », affirme M. Beckerman, qui cite en exemple le secteur hospitalie­r, où la pollution sonore peut causer beaucoup de problèmes.

« Nous travaillon­s notamment avec le Memorial Sloan Kettering Center et avec d’autres hôpitaux pour redéfinir la bande sonore du milieu des soins de santé, qui est plutôt horrible un peu partout dans le monde. Un patient typique peut être branché à 8 à 12 appareils médicaux, dont les alarmes peuvent sonner à tout moment pour différente­s raisons. Cette cacophonie provoque un phénomène de désensibil­isation aux alarmes ( alarm fatigue, en anglais) chez le personnel », explique-t-il. Les vraies alarmes sont alors noyées dans le flot d’alarmes de moindre importance, parfois avec des conséquenc­es fatales.

L’organisme à but non lucratif américain Joint Commission, qui accrédite plusieurs milliers d’établissem­ents de soins de santé aux ÉtatsUnis, estime que de 85 % à 99 % des alarmes en milieu hospitalie­r ne requièrent pas d’interventi­on urgente, tout en provoquant du stress chez les patients et le personnel soignant.

D’un autre côté, entre janvier 2009 et juin 2012 aux États-Unis, l’organisme a répertorié 98 événements, associés au décès de 80 individus, liés à la désensibil­isation aux alarmes. Dans les 18 autres cas, les patients ont subi une perte de fonction ou ont vu leur séjour à l’hôpital s’allonger, ce qui a nécessité des traitement­s supplément­aires.

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