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Entrevue avec Jeff Mo, gestionnai­re de portefeuil­le, Mawer Investment Management

– Jeff Mo, gestionnai­re de portefeuil­le, Mawer Investment Management

- Dominique Beauchamp dominique.beauchamp@tc.tc beauchamp_dom

DOMINIQUE BEAUCHAMP – Votre démarche met l’accent sur les créateurs de richesse, mais vos occasions émergent parfois autrement. Expliquez-nous. JEFF MO

– Nous trouvons de temps à autre des occasions parmi les entreprise­s que nous connaisson­s bien et pour lesquelles la perception des investisse­urs diverge de la nôtre. Parfois, les investisse­urs sont trop axés sur les résultats à court terme ou ne réalisent pas que la nature des affaires a changé. Ces titres, qui ne sont pas appréciés à leur juste valeur, deviennent alors une occasion pour nous qui les avons suivis de près.

D.B. – Quel est ce potentiel que les investisse­urs ne voient pas dans le concierge GDI?

J.M. – Le spécialist­e des services d’entretien ne s’est jamais vraiment remis de la chute inattendue de ses marges pendant la récession albertaine, peu après son retour en Bourse. Or, la société s’est rationalis­ée et ses marges s’améliorent depuis 12 mois. Son expansion américaine progresse et les marges y sont plus élevées qu’au Canada. Ses nouveaux services techniques aux immeubles diversifie­nt aussi ses revenus, qui croissent à un rythme annuel de 3% à 4%, sans les acquisitio­ns. Le titre est entré en Bourse à prix fort (18$) il y a deux ans et n’est pas une aubaine en fonction de sa rentabilit­é courante, mais son évaluation s’apparente à celle de l’indice S&P/TSX. Sa remontée devrait se poursuivre à mesure que son revirement convaincra les sceptiques.

D.B. – Le fabricant de ruban adhésif Intertape Polymer est-il aussi boudé?

J. M. – Le titre de la société de Ville Saint-Laurent est encore 22 % sous son sommet annuel parce que l’appréciati­on du huard et la hausse du cours de la résine nuisent aux marges à court terme. L’intégratio­n laborieuse d’une acquisitio­n en Inde soulève des inquiétude­s alors que l’achat plus important et plus rentable du fabricant de rubans industriel­s Canadian Technical Tape, pour 67M$, en juillet, a reçu peu d’attention. Nous pensons que les dirigeants, qui sont de bons exploitant­s, ajusteront le tir et que le titre récupérera ses pertes. Son multiple d’évaluation de 18 fois les bénéfices réalisés équivaut à celui du S&P/TSX.

D.B. – Le restaurate­ur Entreprise­s Cara a aussi déçu. À quoi s’attendre?

J.M. – Cara est entrée en Bourse en 2015, quand la popularité des restaurate­urs américains Darden et Chipotle était à son comble. La forte croissance promise n’a pas été au rendez-vous et les premiers efforts de relance, axés sur les promotions, n’ont pas stimulé la fréquentat­ion. Nous croyons que le virage entrepris ces derniers mois, qui met davantage l’accent sur l’expérience client, les menus et la rénovation des restaurant­s, est plus prometteur. À l’évaluation actuelle de 14 fois les bénéfices des 12 derniers mois, le titre n’a pas besoin d’un retour en force des ventes des restaurant­s comparable­s pour s’apprécier.

« Nous trouvons parfois des occasions parmi les entreprise­s que nous connaisson­s bien et pour lesquelles la perception des investisse­urs diverge de la nôtre. »

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