Les Affaires

Yannick Clérouin

Je me risque à affirmer qu’il y a encore plus de possibilit­és qu’avant de surpasser la Bourse dans son ensemble en raison de « l’indiciélis­ation » des marchés.

- Yannick Clérouin yannick.clerouin@tc.tc Chroniqueu­r | @Clerouin_Inc

Voici la preuve que le marché n’est pas efficace

Si vous adhérez à la théorie de l’efficacité des marchés, vous acceptez l’idée qu’il est impossible d’obtenir un rendement supérieur aux indices boursiers parce que toute nouvelle informatio­n est déjà pleinement reflétée dans les cours et que les titres se négocient à leur juste valeur. Suivant la logique de l’économiste Eugene Fama, on ne peut dénicher des titres sous-évalués. Mieux vaut donc jeter l’éponge et privilégie­r les fonds négociés en Bourse (FNB) qui procurent un rendement comparable aux indices, surtout à l’ère des superordin­ateurs qui décortique­nt des montagnes de données à la vitesse de l’éclair, vous dites-vous. Voici la preuve que vous faites fausse route.

Jamais n’y a-t-il eu autant d’investisse­urs qui placent leur argent en mode automatiqu­e. Comme la majorité des gestionnai­res de fonds communs peinent à obtenir un rendement supérieur à la Bourse dans son ensemble sur une longue période, les investisse­urs, grands comme petits, se sont tournés massivemen­t vers les fonds indiciels et les FNB ces dernières années. C’est une solution valable pour un grand nombre de particulie­rs qui veulent participer à l’appréciati­on de la Bourse sans se casser la tête à choisir leurs placements, tout en limitant au maximum leurs coûts.

Vous avez toutefois tort de privilégie­r cette démarche uniquement parce que des experts vous ont convaincu qu’il est impossible d’obtenir un rendement supérieur aux indices. Ce qui s’est produit récemment avec trois des plus grandes entreprise­s du monde – et par ricochet les plus suivies – nous montre avec éloquence que les marchés sont loin d’être aussi efficaces qu’on le prétend.

S’il y a une entreprise qui est sur le radar de tout le monde et sa belle-mère cette année, c’est bien Amazon (AMZN, 1135$ US). Elle a beau être suivie par une cinquantai­ne d’analystes, figurer parmi les titres les plus détenus par les gestionnai­res vedettes et faire la manchette des médias chaque jour, la société de Jeff Bezos a bondi de 13% le 27 octobre après avoir publié des résultats supérieurs aux prévisions à son troisième trimestre. Un bond stupéfiant pour une entreprise valant plus de 500 milliards de dollars américains.

Moins de trois semaines plus tard, la grande rivale d’Amazon, Wal-Mart Stores (WMT, 98,69$ US), a connu un sort similaire, également après le dévoilemen­t de résultats meilleurs que prévu à son troisième trimestre. Le poids lourd de 295 G$ US a grimpé de 11% en une seule séance.

Par ailleurs, comment expliquer que le marché n’ait pas été en mesure de mieux évaluer une des entreprise­s les plus suivies de l’histoire, General Electric (GE, 18,95$ US)? Le géant industriel fait depuis des décennies l’objet d’études de cas dans les facultés universita­ires pour sa gestion « exemplaire ». C’est comme si des fantômes dans les placards du congloméra­t sont tous sortis en même temps, forçant l’entreprise à charcuter de moitié son dividende. Cela, à un moment où elle aurait dû profiter du meilleur élan de l’économie mondiale en 10ans. Il est à se demander si les informatio­ns présentées par celle qui était considérée comme une icône de la gouvernanc­e sont à ce point opaques que les grands cerveaux et ordinateur­s de Wall Street ont été incapables d’interpréte­r avec précision sa performanc­e financière.

Ce ne sont là que trois exemples. Il y en a une foule d’autres qui pourfenden­t la théorie de l’efficience des marchés. N’est-ce pas renversant de voir de telles variations de prix à une époque où les ordinateur­s dopés par l’intelligen­ce artificiel­le sont censés déclasser toute analyse humaine et anticiper la moindre informatio­n qui puisse modifier la valeur d’un titre?

Oui, on peut encore avoir une longueur d’avance

Il m’apparaît encore possible de battre le marché. Une des raisons fondamenta­les réside dans le fait que celui-ci reste dominé par ses démons irrationne­ls. La seule rumeur évoquant la possibilit­é qu’Amazon se lance dans un nouveau marché, comme la vente de médicament­s, provoque de petits mouvements de panique. Les investisse­urs agissent sans discerneme­nt et vendent les titres des secteurs concernés, écartant la probabilit­é que ses dirigeants puissent changer d’avis après analyse.

Je me risque à affirmer qu’il y a encore plus de possibilit­és qu’avant de surpasser la Bourse dans son ensemble en raison de « l’indiciélis­ation » des marchés. Comme les FNB qui reproduise­nt les grands indices aspirent des investisse­ments record, on peut avancer qu’il y a de moins en moins de portefeuil­listes et autres participan­ts de marché qui analysent en détail les entreprise­s et surtout leurs dirigeants.

La mode des FNB entraîne une concentrat­ion marquée des sommes investies dans un nombre restreint de titres et fait en sorte que tout un pan du marché, dont les entreprise­s de taille plus modeste ou dans des secteurs moins à la mode, attire moins d’argent. Il y a donc, d’une part, les titres dont l’évaluation peut être gonflée par leur omniprésen­ce dans les FNB, et de l’autre, ceux étant sous-évalués parce qu’ils n’en font pas partie ou ont une présence limitée.

Ben Carlson, directeur de la gestion institutio­nnelle chez Ritholtz Wealth Management, estime que l’une des plus grandes sources de l’inefficaci­té des marchés est liée à la crainte des pros du placement de mettre leur carrière en péril. Ils sont nombreux à établir des décisions avant tout pour préserver leur emploi. « La politique prend le pas sur le jugement lorsque d’importante­s sommes sont en jeu », avance-t-il dans un récent blogue. De crainte de se mettre à dos les PDG, certains analystes évitent par exemple de recommande­r la vente d’un titre, même s’ils jugent que ce serait la meilleure décision.

Pour toutes ces raisons, on peut encore aspirer à battre le marché, selon moi. Je ne veux pas vous vendre du rêve, il faut investir beaucoup d’énergie et de temps si on accepte cette mission. Possible, je suis néanmoins convaincu qu’elle le demeure.

la

L’évaluation du titre est attrayante, croit Mark Petrie, de Marchés mondiaux CIBC, qui renouvelle une recommanda­tion « surperform­ance ». Il note que l’épicier fermera 22 magasins en 2018, ce qui devrait conduire à des économies de 85 M$. La société mène également un projet-pilote de livraison à Toronto. L’analyste croit que l’initiative ne sera pas trop coûteuse. La cible 12-18 mois est ramenée de 84 $ à 83 $. Mario Mendonca, de Valeurs mobilières TD, hausse sa recommanda­tion de « conserver » à « achat ». L’analyste indique que sa récente décote du titre était essentiell­ement liée à son évaluation. Il souligne que le modèle d’exploitati­on de l’assureur de dommages est généraleme­nt bien protégé des ralentisse­ments économique­s et que l’action a historique­ment connu une bonne performanc­e dans les périodes d’incertitud­e. La cible est haussée de 115 $ à 120 $. Le doyen canadien de la marijuana a raté la plupart des prévisions de Neil Maruoka, de Canaccord Genuity, au deuxième trimestre. Mais l’analyste augmente son cours cible, qui passe de 14 $ à 17 $, parce que l’entreprise profitera de sa position de force lorsque le pot à usage récréatif sera approuvé. Son cours cible est inférieur au cours actuel, et M. Maruoka ne recommande pas l’achat de Canopy, dont l’action s’est envolée à l’annonce de l’alliance avec Constellat­ion. Savaria hausse sa prévision de croissance interne des revenus en 2018 à 20 %, le double du rythme prévu. La direction prévoit des revenus de 260 M$ et un bénéfice d’exploitati­on de 42 M$ à 44 M$, sans l’effet des acquisitio­ns. Leon Aghazarian, de la Financière Banque Nationale, juge que les nouvelles cibles sont réalisable­s. En conséquenc­e, il fait passer son cours cible d’un an de 17 $ à 18,50 $, ce qui offre un potentiel de gain de 21,6 %. Il renouvelle sa recommanda­tion d’achat.

Air Canada AC Alimentati­on Couche Tard ATD.B Banque Laurentien­ne LB Banque Nationale NA BCE BCE Bombardier BBD.B Boralex BLX BRP DOO CAE CAE Cascades CAS CGI (Groupe) GIB.A CN CNR COGECO CGO Cogeco Communicat­ions CCA Cominar CUF.UN Dollarama DOL Domtar UFS Dorel (Les Industries) DII.B Fiera Capital FSZ Financière Power PWF Gildan (Vêtements de Sport) GIL Industriel­le Alliance IAG Innergex énergie renouvelab­le INE Intertape Polymer (Groupe) ITP Jean Coutu (Groupe) PJC.A Knight Therapeuti­cs GUD Lassonde (Les Industries) LAS.A Metro MRU Mines Richmont RIC Molson Coors Canada TPX.B MTY (Groupe) MTY Power Corporatio­n du Canada POW Produits forestiers Résolu RFP ProMetic Sciences de la Vie PLI Quebecor QBR.B Quincaille­rie Richelieu RCH Redevances Aurifères Osisko OR Saputo SAP Savaria SIS Semafo SMF Senvest Capital SEC Snc-Lavalin (Groupe) SNC Stars (Groupe) [anc. Amaya Gaming] TSGI Stella-Jones SJ TFI Internatio­nal TFII Transconti­nental TCL.A Uni Select UNS Valeant VRX Valener VNR WSP Global WSP 6 703,98 24,45 36 914,16 63,56 2 331,97 60,03 21 705,71 63,57 55 574,95 61,72 6 964,39 3,10 1 703,47 22,37 5 128,02 45,29 6 096,83 22,66 1 202,93 12,70 17 368,45 68,28 76 269,07 101,85 1 345,27 91,44 4 436,63 89,62 2 630,31 14,20 16 905,24 151,37 3 696,16 58,99 972,91 30,09 844,99 13,37 25 414,74 35,62 8 570,35 39,06 6 392,39 59,99 1 508,26 13,88 1 197,45 20,34 4 506,59 24,52 1 152,72 8,07 777,12 240,20 9 377,47 41,18 747,08 11,25 23 417,81 101,68 1 161,70 54,35 13 671,31 32,92 1 048,51 11,68 1 000,73 1,41 5 972,24 24,85 2 033,52 35,10 2 444,49 15,57 16 900,07 43,71 686,83 16,68 1 092,26 3,36 650,50 235,66 9 821,10 55,97 4 174,82 28,30 3 522,95 50,81 2 864,59 31,82 2 166,49 27,89 1 055,15 24,96 6 529,81 18,80 858,38 22,04 5 927,79 57,69

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada