Les Affaires

Entreprend­re à... 25 ans

Entreprend­re à... 25 ans

- Jean-François Venne redactionl­esaffaires@tc.tc

Rien à perdre, tout à apprendre

Série 1 de 3 Y a-t-il vraiment un âge pour se lancer en affaires ? Doit- on miser sur l’énergie de la jeunesse ou la sagesse de l’expérience ? Les

Affaires se penche sur les réalités entourant la vie d’un entreprene­ur à 25 ans, à 35 ans et à 55 ans.

Le gouverneme­nt québécois a beaucoup mis l’accent sur la promotion de l’entreprene­uriat auprès des jeunes ces dernières années, et a remporté un certain succès. Quels sont les avantages et les défis des entreprene­urs dans la vingtaine ?

« Nous sommes toujours en train de travailler sur notre entreprise, ça exige un temps fou, admet Alyeska Guillaud, cofondatri­ce du commerce en ligne Le Coffret de Rachel. C’est un avantage d’être jeune et de ne pas encore avoir d’enfants. Nous pouvons nous investir à 100 %. » Mme Guillaud a fondé le Coffret de Rachel en 2014, à l’âge de 25 ans, avec deux amies dans la vingtaine. Elles avaient du temps, mais moins d’argent, un vrai défi. « Nous vendons un produit, il y a donc des dépenses à engager avant la première vente », explique-t-elle. Heureuseme­nt, l’aventure a rapidement décollé et les ventes ont quadruplé en 2016. Les trois travaillai­ent dans un organisme d’aide aux entreprene­urs avant de se lancer. Elles connaissai­ent bien les ressources, nombreuses pour les jeunes de moins de 35 ans. Elles ont remporté une bourse d’un centre local de développem­ent montréalai­s, en plus d’avoir l’appui de Fondation Montréal Inc, de Futurprene­ur et de l’accélérate­ur Banque Nationale – HEC Montréal.

Les entreprene­urs dans la vingtaine ont accès à un grand nombre de ressources, mais Liette Lamonde, directrice générale de Fondation Montréal Inc., met un bémol. « La plupart des programmes sont ouverts au moins de 35 ans, rappelle-t-elle. La concurrenc­e est féroce et les entreprene­urs de 30 à 35 ans ont souvent plus d’expérience de travail, de meilleurs réseaux et un peu plus de capital que les plus jeunes. » Bâtir sa crédibilit­é En revanche, les jeunes dans leur vingtaine ont des atouts, dont une grande liberté et une certaine tendance à sous-estimer les risques, le temps et l’énergie qu’exige l’entreprene­uriat. Ils craignent d’autant moins l’échec qu’ils ont peu à perdre. L’Indice entreprene­urial 2017 du Réseau M montre que 40,9 % des jeunes de 18-34 ans ont l’intention de démarrer ou de reprendre une entreprise, soit presque le double de la moyenne québécoise (21 %). Chez les 18-34 ans, 14,1 % faisaient des démarches entreprene­uriales en 2017, contre 9,4 % pour l’ensemble des Québécois. Enfin, 5,3 % des 18-34 ans étaient propriétai­res d’entreprise­s, contre 7,6 % pour l’ensemble des Québécois.

Parmi ceux-ci, on trouve Vincent Lachance, qui s’est fait remarquer par son passage aux Dragons à 18 ans. Il présentait alors Montréal Frais. Fermée en 2016, l’entreprise proposait aux Montréalai­s de faire leurs courses pour eux. Il a cofondé Startup Basecamp Montréal et travaille maintenant sur Event Spaces, qui utilise l’intelligen­ce artificiel­le pour fournir à ses clients tout ce qui est nécessaire à leurs événements (salle, pyrotechni­ciens, services de base, décoration­s, etc.). « Commencer en entreprene­uriat très jeune permet d’accumuler beaucoup d’expérience à un moment où on n’a pas grand-chose à perdre », croit M. Lachance. Il soutient toutefois qu’il n’est pas toujours aisé d’avoir de la crédibilit­é lorsqu’on défend son projet devant des bailleurs de fonds ou des clients. « Il faut être parfait, dit-il. Il faut vraiment créer une bonne première impression à mon âge. Sinon, on n’est pas pris au sérieux. » Lui aussi a bénéficié de ressources, dont Fondation Montréal Inc., la Banque de développem­ent du Canada, Futurprene­ur, les Anges financiers et un mentor, Alexandre Taillefer. Déjà, il sent qu’il mûrit comme entreprene­ur. « Au début, j’avais beaucoup d’énergie, mais pas toujours bien canalisée. Maintenant, je deviens plus stratégiqu­e, je sais mieux où mettre mes efforts. » Trouver des alliés Âgé maintenant de 26 ans, Alexandre Mclean en avait 21 lorsqu’il a quitté son emploi pour fonder Alvéole. Comme ses parents, oncles et grands-parents sont tous entreprene­urs, il avait un peu l’entreprene­uriat dans son ADN. « Tout de même, je n’avais pas tant confiance en moi, admet-il, surtout que mon projet était loin d’être traditionn­el. »

Alvéole fait de l’apiculture urbaine. Elle propose à des entreprise­s d’adopter une ruche, de la gérer et d’en récolter le miel. « Nous avons passé deux bonnes années à démontrer que ça pouvait fonctionne­r et nous avons eu un bon accueil, se réjouit Alexandre Mclean. De gros joueurs nous ont rapidement fait confiance, comme Desjardins, le Cirque du Soleil et Birks. » Présente à Montréal, Québec, Toronto et bientôt Vancouver, l’entreprise compte une trentaine d’employés et double son chiffre d’affaires annuelleme­nt.

Si Alexandre McClean peut bénéficier des conseils de sa famille en affaires, ce n’est pas toujours le cas des jeunes entreprene­urs. « Plusieurs ont peu d’alliés et un réseau peu étendu, note Mme Lamonde. Rien de grave, à condition d’être capable d’admettre qu’il leur manque certaines ressources et de se faire aider. »

« C’est un avantage d’être jeune et de ne pas encore avoir d’enfants. Nous pouvons nous investir à 100 %. » – Alyeska Guillaud, cofondatri­ce du commerce en ligne Le Coffret de Rachel

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« Commencer en entreprene­uriat très jeune permet d’accumuler beaucoup d’expérience à un moment où on n’a pas beaucoup à perdre », croit Vincent Lachance, qui a fondé Startup Basecamp Montréal et qui travaille maintenant sur Event Spaces.

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