INVESTIR : 5 MÉTAUX SOUS LA LOUPE
Le marché mondial des métaux vit une grande période d’incertitude en raison du spectre d’une guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine. Après une poussée de près de 60% sur deux ans, l’indice LMEX du London Metal Exchange – qui rassemble six grands métaux, soit le cuivre, l’aluminium, le plomb, l’étain, le zinc et le nickel – a clôturé à son plus bas niveau depuis le début de l’année, en recul de 6,5%.
Une guerre commerciale pourrait nuire au commerce et à la croissance de l’économie mondiale, selon des spécialistes, mais elle pourrait aussi ne pas être si mauvaise, affirment d’autres. La Chine pourrait en effet lancer un plan de stimulation économique d’ici le début de 2019afin de soutenir son économie, ce qui pourrait faire augmenter les prix des ressources.
La conjoncture mondiale demeure pour l’instant favorable. En 2018 et 2019, l’économie de la planète devrait progresser de 3,9% comparativement à 3,7% en 2017, selon le Fonds monétaire international (FMI). Les économies émergentes sont dynamiques, affichant une croissance respective prévue de 4,9% et de 5%.
Voici dans le détail l’état de la situation dans le secteur des métaux de base et, étant donné l’incertitude, celui de l’or. Avec quelques entreprises qui se trouvent sur le radar des analystes.
L’état du marché Le marché mondial du cuivre se caractérise par un écart important entre l’offre et la demande, souligne Financière Banque Nationale (FBN). En fait, le déficit de production du cuivre observé depuis des années n’est pas près de disparaître dans un avenir prévisible.
Clarksons Platou Securities croit que le déficit offre-demande s’amplifiera dans les prochaines années. En 2017, il s’établissait à 10000 tonnes métriques. Cette année, il devrait être à 490000 tonnes, pour atteindre 610000 tonnes en 2019.
Or, cette tendance exerce une pression à la hausse sur le prix du métal rouge.
Pour l’ensemble de 2017, le prix moyen du cuivre s’est établi à 2,80 $ US la livre, selon Morgan Stanley. Cette année, il devrait demeurer le même, mais atteindre 2,90$ US en 2019, selon les anticipations de la firme.
Deutsche Bank est plus optimiste: elle voit la livre de cuivre à 3,26$ US en 2018 et à 3,40$ US en 2019. Les raisons d’être optimiste Un important facteur réside dans la nouvelle politique de la Chine sur la ferraille et les déchets. Comme ce pays consomme près de 50 % de la production mondiale de cuivre, tout changement de tendance dans la deuxième économie de la planète a un impact sur les prix. La nouvelle politique, présentée en 2017, est vue d’un bon oeil par les analystes, car elle devrait accroître la demande pour le cuivre raffiné de plus grande qualité. À compter de 2019, Pékin bannira les importations de ferrailles de cuivre de catégorie 7. Selon la Banque Nationale, la consommation chinoise de cuivre de faible qualité devrait diminuer de 3,1 %, en 2018, et de 2,1% en 2019. Les sources d’inquiétude Le ralentissement structurel de la croissance économique en Chine – incluant la politique de Pékin pour réduire la dette et les dépenses publiques – diminue la demande mondiale pour le cuivre, selon Financière Banque Nationale. Cela pourrait exercer une pression à la baisse sur le prix.
L’essoufflement du secteur de la construction en Chine est aussi à surveiller, car ce déclin contribue également à réduire la demande du métal rouge.
Une étude de Bloomberg estime que les investissements dans les infrastructures devraient diminuer de 12% en 2018. Ce recul pourrait réduire la consommation chinoise de cuivre de 2,5% cette année. Les sociétés à surveiller Freeport-McMoRan (FCX, 17,90$ US) – Jefferies Securities aime le titre du plus important producteur de cuivre au monde, en soulignant qu’après avoir coupé son dividende, il vient de le réintroduire. L’action est en hausse de plus de 30 % sur un an. First Quantum (FM.TO; 17,63$CA) – Les analystes de Paradigm Capital aiment le titre de ce producteur de cuivre de Vancouver. Depuis un an, l’action a pris 28%.
L’état du marché Après avoir fondu de moitié en 2014 et stagné dans une fourchette de 4$ à 5$ US la livre depuis, le prix du nickel est en hausse de près de 50% depuis le début de l’été 2017.
La demande en acier oxydable augmente, un facteur favorable au nickel, ingrédient indispensable. La production de nickel diminue aussi aux Philippines et en Indonésie, deux importants pays producteurs. Les raisons d’être optimiste Plusieurs facteurs favorisent une hausse du prix à long terme.
Le métal est de plus en plus essentiel à la fabrication des batteries des voitures électriques, note Financière Banque Nationale. En 2016, la demande mondiale de nickel pour les batteries s’élevait à 40 0000 tonnes. En 2025, elle pourrait atteindre 220000 tonnes. L’impact significatif dans ce marché devrait cependant se faire davantage sentir entre 2021 et 2025.
Des entraves à la production favoriseront aussi une hausse du prix, selon Paradigm Capital. Les quotas sur les exportations de nickel en Indonésie (le sixième pays producteur) et les restrictions environnementales sur la production en Chine (le huitième pays producteur) réduiront l’offre mondiale, alors que la demande augmente.
La fermeture de plusieurs mines de nickel aux Philippines (le premier pays producteur), également pour des raisons environnementales, aura aussi un impact positif sur le prix, estime Deutsche Bank.
Enfin, les grands projets d’infrastructures stimulent la demande.
À elles seules, les nouvelles routes maritimes et terrestres de la soie de la Chine devraient faire augmenter la demande d’acier de plus de 150 millions de tonnes d’ici cinq ans, selon la minière australienne BHP Billiton. Les sources d’inquiétude Bien que la demande soit en forte hausse et qu’il y ait des contraintes sur l’offre, celle-ci n’est pas en berne pour autant.
Dans les prochaines années, la Chine prévoit construire de deux à trois fois les capacités actuelles dont le marché a besoin, comme elle l’a fait dans le passé avec d’autres métaux, soulignait récemment le PDG du producteur canadien de nickel RNC Minerals, Mark Selby, en entretien à Mining Weekly.
Bref, la Chine continuera d’augmenter sa capacité de production de nickel, mais avec des projets miniers moins polluants.
Même si la Chine est seulement le huitième pays producteur de nickel, une hausse importante de sa production pourrait exercer une pression à la baisse sur le prix, si l’offre mondiale venait à surpasser la demande. Les sociétés à surveiller Glencore (GLEN.L ; 3,54 livres ou GNCLF, 5,03 $ US) – Les analystes de Clarksons Platou Securities préfèrent le titre de cette entreprise anglo-suisse qui extrait des matières premières et produit notamment 8% du nickel mondial. Depuis un an, l’action la multinationale présente au Canada s’est appréciée de 13%. Vale S.A. (VALE; 13,09 $ US) – Les analystes de Morningstar suggèrent le titre de cette minière brésilienne qui produit notamment 14% du nickel dans le monde. Depuis un an, l’action s’est appréciée de 34 %.