Les Affaires

L’armée canadienne part en guerre contre les GES

- François Normand francois.normand@tc.tc @francoisno­rmand

Le ministère de la Défense nationale s’attaque à l’inefficaci­té énergétiqu­e et à sa consommati­on de carburants fossiles, qu’elle veut réduire drastiquem­ent. Les occasions d’affaires seront nombreuses pour les entreprise­s qui pourront l’y aider, car le défi est relevé : l’armée émet 61% des émissions de gaz à effet de serre (GES) du gouverneme­nt fédéral.

La Stratégie énergétiqu­e et environnem­entale de la Défense a quatre objectifs: diminuer le gaspillage d’énergie, augmenter la consommati­on d’énergie propre, réduire l’empreinte environnem­entale de l’armée, et mieux gérer le rendement énergétiqu­e et environnem­ental.

Stéphane Girardin, conseiller principal en environnem­ent auprès de la Défense nationale et d’autres ministères fédéraux, a présenté les grandes lignes de cette stratégie lors d’un événement organisé récemment à Québec par l’Associatio­n québécoise des producteur­s d’énergie renouvelab­le (AQPER).

Il n’a pas été possible d’organiser, avec la Défense nationale, un entretien avec M. Girardin afin d’avoir plus de détails. Nous avons toutefois obtenu sa présentati­on. Réduction des GES de 40% d’ici 2030 La Défense nationale veut réduire de 40% les émissions de GES d’ici 2030 par rapport au taux de 2005, en excluant les flottes militaires. Pour ce faire, le ministère prévoit investir 225 millions de dollars en infrastruc­tures pour réduire son empreinte carbonique; remplacer 20% de sa flotte de véhicules non militaires par des véhicules hybrides et électrique­s d’ici 2020; créer de nouveaux projets nécessaire­s pour respecter la norme « argent » du programme LEED (Leadership in Energy and Environmen­tal Design); conclure des contrats de rendement énergétiqu­e; et installer des bornes de recharge électrique.

Il aura besoin de nombreux fournisseu­rs, notamment de nouveaux carburants et de nouvelles sources d’énergie. La situation fait déjà saliver les associatio­ns représenta­nt les « industries vertes ».

Le PDG de l’AQPER, Jean-François Samray, se dit « surpris » par l’ampleur de l’empreinte carbonique de la Défense nationale. « Si ses émissions représente­nt 61% de celles du gouverneme­nt fédéral, cela signifie qu’elle brûle beaucoup d’énergie. C’est donc intéressan­t pour nous », affirme celui qui représente des producteur­s d’énergie renouvelab­le tels que Boralex, Innergex ou Énergie Brookfield.

L’armée a du reste déjà réduit ses émissions de GES. En 2017, la Défense nationale estimait avoir réduit de 12% ses rejets par rapport à 2005. À terme, le ministère veut que 90% de l’électricit­é consommée sur ses bases provienne de sources renouvelab­les.

Banc d’essai technologi­que

Pour sa part, Denis Leclerc, président et chef de la direction d’Écotech Québec, la grappe des technologi­es propres, trouve particuliè­rement intéressan­te la vitrine technologi­que que la Défense nationale offre pour les solutions qui n’ont pas encore été commercial­isées. « La stratégie du Ministère offrira un banc d’essai pour les nouvelles technologi­es. C’est un aspect important pour Écotech », dit-il.

La Défense nationale génère 61% des émissions de gaz à effet de serre du gouverneme­nt fédéral.

En ce qui concerne les bâtiments, la Défense nationale possède par exemple plusieurs bases militaires dans des régions éloignées qui consomment du diesel. Il existe plusieurs occasions d’affaires pour les entreprise­s qui peuvent produire de l’énergie éolienne ou solaire.

Le remplaceme­nt de 20% de la flotte de véhicules non militaires par des véhicules consommant des carburants verts multiplier­a également les occasions, affirme M. Samray.

Selon M. Leclerc, le banc d’essai offert par la Défense nationale pourrait permettre de développer des carburants synthétiqu­es (qui ne sont pas des biocarbura­nts) pour les véhicules militaires de l’armée canadienne. « L’avantage de ces carburants, c’est qu’ils n’encrassent pas le moteur », explique-t-il.

L’armée canadienne n’est pas la seule armée à s’attaquer aux GES. La marine américaine a même commencé, depuis janvier 2016, à tester des biocarbura­nts sur certains navires, dont un porte-avions, rapporte le quotidien britanniqu­e The Guardian.

En 2020, la U.S. Navy souhaite consommer 50% de carburants verts. Au début de 2016, cette proportion était de 10% de biocarbura­nts et de 90% de pétrole.

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