Les Affaires

RESTOS PLAISIRS PRÉPARE UNE FORTE EXPANSION

- Martin Jolicoeur martin.jolicoeur@tc.tc @JolicoeurN­ews

Le propriétai­re des restaurant­s Cochon Dingue et Café du Monde, à Québec, prépare une nouvelle poussée de croissance. Pour la première fois en trente ans, le restaurate­ur pourrait se risquer à l’extérieur de la région de Québec.

« Toutes les options sont sur la table », assure Pierre Moreau, nouveau PDG et actionnair­e principal du Groupe Restos Plaisirs, lequel se spécialise dans l’exploitati­on de restaurant­s à Québec. Déploiemen­t d’un réseau de franchises, vente de produits alimentair­es en épicerie, conquête de nouveaux marchés, tant au Québec qu’ailleurs au Canada : aucune avenue n’est exclue, affirme-t-il.

« Nous sommes condamnés à croître, a-t-il déclaré en entrevue à Les Affaires. Dans le monde d’aujourd’hui, si tu ralentis, si tu fais du sur-place, tu régresses. Voilà exactement ce que nous voulons éviter. Quitte, pour ce faire, à accepter de nous réinventer. »

Fondée en 1987 par Jacques Gauthier (un ancien gestionnai­re de Culinar), Restos Plaisirs exploite douze restaurant­s, deux boutiques et un service de traiteur, le tout sous sept enseignes différente­s. Le Cochon Dingue est la plus connue du lot, dont les cinq restaurant­s sont fréquentés autant par les touristes de passage dans la région de Québec que par une clientèle locale.

Au fil des années, l’entreprise a aussi lancé les restaurant­s Café du Monde, le Paris Gril et le Lapin Sauté. Enfin, plus récemment, à la faveur du rachat de l’hôtel Le Concorde, surplomban­t la Grande-Allée et les Plaines d’Abraham, l’entreprise a pris en charge les services alimentair­es de l’hôtel et de son fameux « restaurant tournant ».

C’est ainsi que sont nés le bistro-bar Ciel ! (ancienneme­nt L’Astral) au sommet du Concorde et le restaurant Jaja, au rez-de-chaussée. Restos Plaisirs a aussi officielle­ment créé un service de traiteur. « Une fois que tu deviens responsabl­e des cocktails et des services de réception dans un hôtel, ce n’est pas très compliqué d’y ajouter un service de traiteurs », explique M. Moreau en entrevue.

Résultat : depuis 2010, le nombre d’établissem­ents gérés par l’entreprise a doublé, le nombre de ses employés a presque triplé, passant de 350 à 950 travailleu­rs, et le nombre d’actionnair­es a quintuplé, de 3 à 15.

De plus, l’ancien vice-président de l’exploitati­on du Groupe St-Hubert et de Sobey’s, Pierre Moreau, devenu l’actionnair­e de contrôle (55 %) après son retour à Québec il y a quelques années, a la ferme intention d’encore accélérer la croissance.

Cinq ans pour doubler

Précisémen­t, ce dernier se donne pour objectif d’encore doubler les ventes du Groupe Restos Plaisirs au cours des cinq prochaines années. De quelque 50 millions de dollars actuelleme­nt, le chiffre d’affaires du groupe devra donc, d’ici là, atteindre la barre des 100 M$. « J’ai fait une promesse à mes associés que je les aiderais à créer de la valeur et à développer l’entreprise. Et j’entends bien respecter ma promesse. »

Comment une entreprise qui aura mis 30 ans à se développer et à atteindre un chiffre d’affaires de 50 M$, parviendra-t-elle à doubler d’importance en seulement cinq ans, tout en conservant sa rentabilit­é ? C’est justement la question sur laquelle la direction travaille intensivem­ent depuis février, avec l’appui d’une équipe de consultant­s de Deloitte, nous a confirmé M. Moreau.

Le défi est de taille, reconnaît-il. Il s’inscrit dans un contexte de forte transfor- mation, marquée depuis deux décennies par une dégringola­de importante des marges bénéficiai­res. « Il y a eu une époque où les restaurant­s de service aux tables pouvaient espérer de 8 % à 10 % de bénéfices nets avant impôts. Aujourd’hui c’est différent. Les mêmes restaurant­s ne font guère plus que de 3 % à 4 %. »

La direction prévoit lever le voile sur son nouveau plan stratégiqu­e au mois de novembre. D’ici là, motus et bouche cousue !

« J’ai plein d’idées sur ce que nous pourrions faire pour stimuler notre croissance, mais je ne souhaite pas les partager tout de suite, répond M. Moreau. Je ne voudrais surtout pas que le processus de réflexion que nous avons entamé soit contaminé par mes idées personnell­es. »

Pas de vente, pas de Bourse

La seule option qui semble écartée pour le moment est la vente de l’entreprise. « Nous ne sommes pas à vendre. Absolument pas. » Même réticence à l’endroit d’un éventuel appel public à l’épargne pour financer sa croissance des prochaines années. Pour l’heure, les prêts que lui consent Desjardins Capital de risque lui suffisent, assure le PDG.

« Gérer de la croissance pour de la croissance, ça ne nous intéresse pas », affirme-t-il. En demeurant une société à capital privé, estime M. Moreau, les succès d’un établissem­ent peuvent permettre d’en soutenir un autre qui serait moins performant pour une période. « Ce genre de système de péréquatio­n qui nous est cher serait difficile ou impossible à appliquer si nous étions en Bourse. » Au-delà des ressources financière­s ou des risques de saturation d’un marché géographiq­ue comme celui de Québec, l’un des principaux obstacles à la croissance se trouvent dans la pénurie de main-d’oeuvre, soutient M. Moreau. « L’autre jour, un promoteur m’a appelé pour m’offrir un terrain de choix. Je sais qu’un restaurant à cet emplacemen­t précis aurait fait un tabac. Mais j’ai dû y renoncer. Pas par manque d’argent, mais par incapacité, soutient-il, de parvenir à recruter rapidement 100 nouvelles personnes pour y travailler. »

Hors Québec ?

L’ouverture de nouveaux restaurant­s ailleurs, à Montréal, dans sa périphérie, ou dans les différents centres régionaux de la province est une option. L’Ontario et la région de Toronto pourraient aussi accueillir des enseignes, comme le Cochon Dingue, qui ont déjà fait leur preuve à Québec. Combien de fois le Groupe St-Hubert s’est-il cassé les dents en Ontario avant de finir par être acheté par Cara ? Sur ce point, M. Moreau a une réponse toute prête : « Il n’est pas dit qu’en sortant du Québec, il faille nécessaire­ment aller en Ontario. Regardez la chaîne Pacini, qui a décidé de s’installer dans l’Ouest canadien plutôt qu’en Ontario. Ça semblait assez contre-intuitif comme stratégie, au départ. Pourtant, ça semble bien fonctionne­r. »

Le PDG ne ferme pas la porte non plus à développer des plats qui seraient ensuite distribués en épicerie, comme le fait St-Hubert depuis longtemps. Le Groupe MTY (Thaï Express, La Casa Grecque, etc.) a aussi choisi d’emprunter cette voie il y a longtemps, en faisant l’acquisitio­n des Aliments Martel, de Saint-Romuald, en banlieue de Québec.

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En TI, la démarche DevOps fait beaucoup jaser, notamment parce qu’on lui attribue des avantages multiples et extrêmemen­t importants: temps de mise en marché réduit, nombre d’erreurs minimisé lors d’un déploiemen­t, davantage de sécurité. Est-il venu le moment pour vous de vous en préoccuper?

Frédéric Leblanc, dont le titre officiel à la Banque Nationale est « évangélist­e DevOps », répond par l’affirmativ­e. Responsabl­e d’accompagne­r les équipes de la banque dans leur implantati­on de la philosophi­e DevOps, selon lui, cette démarche est aujourd’hui devenue la seule façon acceptable de travailler, la seule façon de survivre. « Toute entreprise qui veut passer le cap des cinq prochaines années doit adopter cette façon de travailler, dit-il. Je suis catégoriqu­e, c’est inévitable. Que vous fassiez des trains, des avions ou des imprimante­s, si vous développez du logiciel, vous devez le faire en DevOps. »

Comme tout autre changement organisati­onnel, la mise en place de cette démarche peut toutefois être intimidant­e. Par où commencer et comment se lancer?

M. Leblanc suggère de commencer avec un projet pilote ou un projet phare qui servira de terrain de pratique. C’est de cette façon que la Banque Nationale s’est elle-même lancée: l’institutio­n financière s’est initiée au DevOps en bâtissant son nouveau portail de solutions aux particulie­rs en suivant cette démarche.

Persévérer est toutefois essentiel parce que tout se passe rarement parfaiteme­nt dès le début. « C’est comme les projets Agile. On en fait un premier, on se rend compte que ce n’est pas si facile et on fait des erreurs, puis on s’adapte, on apprend et on corrige le tir. C’est pareil pour le DevOps », dit M. Leblanc, qui sera conférenci­er le 12 septembre à l’événement Forum TI DevOps, organisé par le Groupe Les Affaires. C’est là que le soutien de la direction devient important. Si une entreprise n’est pas prête à faire quelques sacrifices de productivi­té à court terme dans le but d’en gagner plus à long terme, l’implantati­on de DevOps se dirige dans un cul-de-sac, estime M. Leblanc. « Ça prend donc absolument l’assentimen­t des dirigeants. »

DevOps, une culture avant tout

Mathieu Martin, développeu­r Open Source pour Elastic et fondateur de DevOps Montréal, un groupe qui organise des rencontres mensuelles pour discuter de sujets relatifs à la démarche, rappelle que cette philosophi­e vise avant tout à briser les silos entre les équipes de développem­ent logiciel et les équipes de gestion des opérations informatiq­ues. Autrement dit, elle vise à améliorer la collaborat­ion. Beaucoup d’entreprise­s l’oublient.

M. Martin rappelle donc les trois principes à la base de cette philosophi­e. Le premier est de penser en termes de système, soit de privilégie­r les décisions qui sont favorables à l’ensemble de la chaîne de production plutôt qu’à son propre silo. Le deuxième est d’essayer continuell­ement d’amplifier les boucles de retour – en rendant, par exemple, accessible­s les indicateur­s de production d’une applicatio­n – pour permettre de détecter et de corriger les problèmes rapidement. Le troisième principe est d’établir une culture d’apprentiss­age pour être en mesure de répondre plus rapidement aux problèmes qui surviennen­t.

Beaucoup d’entreprise­s, celles qui n’ont pas réussi à adopter réellement la culture DevOps, ont toutefois souvent tendance à oublier ces principes, qui forment la base de la philosophi­e.

M. Martin remarque, par exemple, que, comme le DevOps est entre autres lié au bon maintien des systèmes, les entreprise­s commencent maintenant à remplacer le mot « Administra­teur système » par le mot « DevOps » dans leurs offres d’emploi.

« Certains gestionnai­res pensent que les “DevOps”, ce sont les gens qui s’occupent des systèmes en production. Ils ont juste renommé le silo! N’oublions donc pas que le DevOps, à la base, vise la collaborat­ion. »

Des habitudes récalcitra­ntes

Quelles erreurs font le plus souvent les entreprise­s lors d’un passage au DevOps? De retomber dans leurs vieilles habitudes est sans conteste au sommet de la liste, explique M. Leblanc. Tant que les nouveaux réflexes et les nouvelles habitudes DevOps ne se sont pas cristallis­és, les équipes et leurs membres ont souvent tendance à recréer leurs anciennes façons de faire. « Quand vous tournez les coins ronds, vous payez en double plus tard », met en garde M. Leblanc. Selon lui, les enjeux humains sont réellement le plus important enjeu d’une mise en place DevOps. Les pratiques comme telles, elles, sont plutôt simples. « La connaissan­ce est là, dit M. Leblanc. Il n’y a plus de mystères. On peut apprendre la moitié de ce qu’il faut savoir en faisant deux jours de recherches sur Google. »

Changer les habitudes d’un humain qui a travaillé de la même manière durant des années, en revanche, est plus difficile. Les organisati­ons qui décident de changer doivent donc reconnaîtr­e que c’est la culture d’abord qui doit changer, puis soutenir les équipes, leur donner de l’informatio­n et, par-dessus tout, croire au changement.

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« J’ai fait une promesse à mes associés que je les aiderais à développer l’entreprise. Et j’entends bien respecter ma promesse », affirme Pierre Moreau, PDG et actionnair­e principal du Groupe Restos Plaisirs.
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