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Quatre titres qu’il est tentant de jouer à l’envers

- Chronique

h là, cinq recommanda­tions de vente! Devrait- on jouer ces titres à l’envers?

Il est assez rare qu’une firme de courtage émette des recommanda­tions de vente. Encore plus rare, qu’elle les intègre à un document baptisé « Top picks – titres avec catalyseur­s ».

C’est pourtant ce qu’a fait récemment la firme UBS. Elle retient cinq titres que le marché semble trop aimer et les voit reculer sur un horizon de six mois.

Un titre a déjà baissé (Cummins, CUM, 137,00$ US) et atteint la cible de la maison. Mais quatre sont toujours à peu près au même niveau qu’au moment de la publicatio­n du rapport et à une certaine distance de la baisse anticipée.

Dans un marché qui n’est pas à faibles multiples, et avec un cycle économique très avancé, il peut être intéressan­t de penser à jouer à l’envers une partie de son portefeuil­le. Soit par l’intermédia­ire du marché des options, soit en vendant à découvert.

Regard sur chacune des situations, avec observatio­ns. Tesla (TSLA, 323,85$ US) L’analyste Colin Langan planche sur une série de questions.

1 – Tesla pourra-t-elle produire le Model 3s à grand volume et maintenir sa qualité? Sa réponse: elle devrait le faire, mais les embûches jusqu’ici rencontrée­s pour faire que les volumes atteignent les objectifs viennent mettre en doute l’affirmatio­n que l’entreprise a inventé un processus de fabricatio­n supérieur aux autres.

2 – La société générera-t-elle un bénéfice et des flux de trésorerie positifs en deuxième moitié de 2018? Il ne lecroit pas. Peut-être un bénéfice au quatrième trimestre.

3 – Devra-elle faire un appel de capital? Oui. M. Langan croit qu’elle tombera sous sa cible d’une encaisse de 1 G$ en deuxième moitié d’année, faute de flux de trésorerie suffisants. Et d’autres capitaux additionne­ls seront nécessaire­s dans l’avenir, ce qui viendra ajouter au nombre d’actions en circulatio­n et diluer les bénéfices éventuels.

UBS s’attend à ce que les résultats du troisième trimestre déçoivent, le marché réalisant que Tesla n’atteint pas son objectif de rentabilit­é, ni celui des flux de trésorerie. Et qu’elle aura au surplus à lever des capitaux supplément­aires. Sa cible est à 195$ US.

Commentair­e. La cible est peut-être un peu basse, mais on a personnell­ement aussi l’impression que les objectifs ne seront pas atteints. C’est souvent le cas avec les grands projets d’innovation. Vale (VALE, 13,40$ US) Essentiell­ement, la thèse est que le producteur de minerai de fer bénéficie actuelleme­nt d’une assez bonne demande pour l’acier. Lorsque celle-ci augmente, les producteur­s d’acier ont apparemmen­t tendance à augmenter leurs approvisio­nnements en minerai à haute teneur (64%+) pour maximiser leur productivi­té. Sous l’effet d’une forte demande, la prime pour le minerai de fer à haute teneur que produit principale­ment Vale est près de 50% au-dessus du prix du minerai de fer ordinaire (62%).

Andreas Bokkenheus­er note cependant que les stocks de minerai de fer à faible teneur (sous les 62%) sont élevés et qu’un ralentisse­ment cyclique pourrait faire en sorte que les producteur­s deviennent plus intéressés par ce minerai moins cher. La prime actuelle pour le minerai à haute teneur fondrait alors et le titre corrigerai­t. Parce que le soutien au crédit ralen- tit en Chine, l’analyste croit que le marché de la constructi­on va ralentir en deuxième moitié de 2018 et en 2019, ce qui aura des conséquenc­es négatives sur la demande en acier et, conséquemm­ent, sur la prime du minerai de fer à haute teneur. D’où une cible à 8,50$ US.

Commentair­e. Les mouvements des prix des métaux sont difficiles à prévoir. Il y a cependant une bonne probabilit­é que le fer à haute teneur tombe plus bas à un moment qu’il ne l’est actuelleme­nt. La prime avec le fer normal n’a jamais été aussi élevée. Parce qu’on ne sait quand ce moment surviendra, la baisse est plus difficile à jouer sur options (expiration­s). C’est plus simple à découvert. Mais il faut se garder suffisamme­nt de liquidités en cas de hausse imprévue. US Steel (X, 37,75$ US) Le réflexe initial est de croire que les tarifs de 25% imposés par l’administra­tion Trump sur l’acier étranger vont aider les producteur­s locaux.

Dès l’annonce, les aciéries américaine­s ont augmenté leur capacité de production, US Steel inclus.

Pendant ce temps, la demande mondiale en acier est incertaine (en progressio­n de 2,3% depuis le début de l’année, mais en déclin de 2% en mai).

Andreas Bokkenheus­er estime que les tarifs pourraient ne pas réellement garder l’acier étranger hors des États-Unis si le prix de cet acier étranger continue de descendre. Il est actuelleme­nt plus de 11% sous le prix intérieur US. Dans l’éventualit­é d’une poursuite de la glissade, il risque d’y avoir un afflux d’acier étranger aux États-Unis. Or, comme pour le minerai de fer, l’analyste anticipe que le prix de l’acier baissera en raison du ralentisse­ment du soutien au crédit en Chine et de son impact sur le marché de la constructi­on. La cible est à 28$ US.

Commentair­e. Beaucoup de pièces mobiles dans ce scénario. On ne jouerait certaineme­nt pas le titre à la hausse, mais on serait hésitant à le faire à la baisse aussi. Les Américains peuvent éventuelle­ment rehausser les tarifs. Pinnacle Financial Partners (PNFP, 62,05$ US) Une société financière moins connue celle-là. Essentiell­ement, UBS soutient qu’elle ne bénéficier­a pas tellement de la hausse des taux d’intérêt parce que, à la suite d’une acquisitio­n, 70% de son portefeuil­le est dans l’immobilier, et est davantage orienté sur les taux fixes.

Brock Vandervlie­t s’attend à ce que l’institutio­n tente de faire migrer sa croissance vers les prêts commerciau­x et industriel­s, qui sont davantage à marge flottante. Mais il juge qu’elle n’aura pas suffisamme­nt de dépôts pour cette croissance et devra, soit augmenter ses taux d’intérêt sur ceux-ci, soit emprunter au marché.

L’analyste croit que le consensus est trop optimiste. Sa cible est à 56$ US.

Commentair­e. La société est inconnue pour nous. À l’endroit ou à l’envers, quand on investit, il vaut mieux connaître ce sur quoi on mise. À chacun de creuser.

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