Les Affaires

Redynamise­r les industries en déclin pour stimuler l’expansion

- Claudine Hébert redactionl­esaffaires@tc.tc

Le carton domine encore l’industrie de l’emballage mondial, alors qu’il détient un peu plus de 35% des parts du marché. Cette matière est cependant en voie d’être rattrapée par les emballages de plastique.

Dictée par la forte demande du secteur de l’alimentati­on pour des formats plus alléchants au regard et plus agréables au toucher, l’industrie de l’emballage a développé un large penchant pour les contenants de plastique rigide et flexible au cours des cinq dernières années. Selon la firme britanniqu­e Smithers Pira, ces deux types d’emballage se partagent déjà plus de 40% des parts du marché mondial (23% pour les emballages souples et 18% pour le plastique rigide). Et la tendance montre que cette demande à la hausse ne fait que commencer.

En plus de leur malléabili­té et de leurs vertus sur le plan de la préservati­on et de la protection des aliments, ces nouveaux types d’emballage ont l’avantage d’être beaucoup plus légers. Ce qui réduit considérab­lement les coûts de transport, indique le dernier rapport de Smithers Pira. Selon cette firme, le secteur de l’alimentati­on représente plus de 75% de la clientèle qui utilise ces matières plastiques. Les produits pharmaceut­iques, médicaux, cosmétique­s et de toilette sont parmi les autres grands marchés non alimentair­es pour les emballages souples.

Second souffle pour d’autres industries

Ces nouvelles tendances en produits d’emballage ont pour effet de donner un second souffle à d’autres industries, notamment celle du papier et de l’imprimerie. C’est notamment le cas de TC Transconti­nental (propriétai­re du Groupe Les Affaires) qui, au printemps dernier, a mis la main sur Coveris Americas, un important fabricant d’emballage souple de Chicago pour 1,32milliard de dollars américains. En 2014, l’entreprise avait entrepris un virage à 180 degrés vers l’emballage souple en faisant l’acquisitio­n des deux usines de Capri Packaging, au Missouri.

« Nous avons d’abord apprivoisé le marché de ce type d’emballage avant d’y prendre davantage d’expansion. Depuis ce jour, 26 autres usines d’emballage souple, principale­ment aménagées à proximité d’entreprise­s en transforma­tion alimentair­e, se sont ajoutées à notre tableau de bord », indique Donald LeCavalier, vice-président des finances et affaires corporativ­es de TC Transconti­nental. Désormais, l’emballage souple représente­ra 48% des revenus totaux de Transconti­nental.

Ce virage se traduit également par des transforma­tions d’usines. Dès cet automne, l’ensemble de l’usine Flexipak déménagera sa production sous le toit du bâtiment Transconti­nental Métropolit­ain, où était imprimé le journal La Presse. Fermée depuis janvier 2018, l’ancienne imprimerie de 125000pied­s carrés – soit une superficie trois fois plus grande que l’actuel bâtiment de Flexipak –, sera convertie en usine d’emballage souple. Ni le montant du déménageme­nt ni celui des investisse­ments pour l’achat de futurs équipement­s n’ont encore été dévoilés.

Projets de modernisat­ion

L’entreprise Kruger, qui détient neuf usines au Québec, veut elle aussi sa part du gâteau dans le monde de l’emballage. Une volonté qui se traduit par plusieurs projets de diversific­ation au sein de ses usines. Parmi ces transforma­tions, notons celle de l’usine de Trois-Rivières, qui a permis la conversion de la machine à papier journal no 10 (MP10) en machine à carton doublure léger 100% recyclé. Un investisse­ment de 250 millions de dollars, souligne fièrement Mike Lafave, vice-président principal et chef de l’exploitati­on, Emballages Kruger. Ce projet de modernisat­ion, dit-il, est venu redynamise­r l’usine de pâtes et papiers dont la production était en déclin.

En plus de sécuriser les 270 emplois de l’usine, la MP10 permet de fabriquer annuelleme­nt 360000 tonnes métriques de carton doublure haut de gamme 100% recyclé. « Cette nouvelle catégorie de carton, utilisée autant pour les emballages primaire, secondaire et tertiaire, connaît une forte croissance en Amérique du Nord et ailleurs dans le monde. Elle s’inscrit, explique M. Lafave, dans une quête du poids optimal par les entreprise­s. » Il s’agit pour les entreprise­s de trouver le parfait équilibre entre les différents aspects tels que le grammage du carton doublure, la résistance, le format de l’emballage, de même que l’empreinte écologique et le coût à l’utilisatio­n pour les fabricants de boîtes en carton ondulé, poursuit M. Lafave.

Une large portion de la production est vendue aux usines de boîtes d’Emballages Kruger situées à Montréal (arrondisse­ment LaSalle) et à Brampton (Ontario). D’autres investisse­ments sont également en cours pour moderniser les usines Kruger de Brompton et de Wayagamack, enchaîne M. Lafave. Ces transforma­tions vont permettre de réduire graduellem­ent la production de certains produits en décroissan­ce, tels que le papier journal et le papier pour magazines. Ces usines qui bénéficien­t d’investisse­ments totaux de 107,5 M$ vont notamment produire des emballages à partir du filament de cellulose qui provient de l’usine de Trois-Rivières.

« Cette matière, précise M. Lafave, utilisée pour la production d’emballages alimentair­es flexibles, de l’étiquetage et l’impression numérique, sont tous de nouveaux créneaux qu’on retrouve dans l’industrie de l’emballage. »

Au terme du projet, l’usine de Brompton aura cessé complèteme­nt la production de 200000 tonnes par année de papier journal et se consacrera exclusivem­ent aux nouveaux produits de spécialité.

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