LE CAPITAL-RISQUE MONTRÉALAIS À LA RECHERCHE DE L’ANTI-ZUCKERBERG
Ce professeur qui rêve de se lancer en affaires, mais qui hésite ; ce vice-président qui a toujours les bonnes solutions, mais dont la carrière plafonne ; ce travailleur autonome qui n’a pas les moyens de créer sa propre entreprise : à l’heure où on déboulonne la statue des Mark Zuckerberg de ce monde, voilà les nouveaux héros du capital de risque canadien.
Le marché du capital de risque a amorcé l’année 2018 en lion, stimulé notamment par des rondes de financement de plus grande ampleur, avec une valeur moyenne de 6 millions de dollars. Les cinq plus importantes transactions ont totalisé près d’un demi-milliard, ce qu’on n’avait pas vu depuis cinq ans, rappelait d’ailleurs l’Association canadienne du capital de risque (CVCA) dans son rapport semestriel sur la question paru à la fin de l’été.
Cette tendance vers le haut crée un vide dans un créneau que s’empressent désormais de combler certains fonds d’investissement : le financement d’amorçage, et même de préamorçage de nouvelles entreprises. « Il y a clairement un besoin pressant pour une aide à l’amorçage de moins de 1 M$ », constate Sylvain Carle, associé chez Real Ventures, à Montréal. Depuis l’été. M. Carle s’occupe d’un nouveau fonds spécialisé dans ce créneau, appelé Orbit, créé à partir des 180 M$ octroyés à Real Ventures à la fin de l’année dernière par divers partenaires, dont Teralys, BDC Capital, Investissement Québec et même Tencent.
« Pour nous, c’est un retour aux sources qui nous ramène à l’époque de Montreal Startup [le nom de Real Ventures au moment de sa création en 2007]», poursuit M. Carle. « On sait qu’à ce stade, les entrepreneurs ont plus de mal à obtenir un financement avantageux, alors ce qu’on offre, au-delà de l’argent, c’est un réseau de contacts et une expertise qui vont aider à peaufiner un premier produit, à lancer un projet pilote et à signer les premiers clients. »