Les Affaires

INNOVER POUR CONSERVER SES CLIENTS

- Jean-François Venne redactionl­esaffaires@tc.tc

« La rétention des clients est cruciale dans une industrie du droit des affaires en pleine transforma­tion », lance Me Karl Tabbakh, associé directeur pour le Québec du cabinet McCarthy Tétrault.

Depuis quelques années déjà, les entreprise­s comptent sur des services de contentieu­x de plus en plus imposants et réalisent à l’interne des mandats qu’ils auraient auparavant confiés à l’externe. Ce n’est pas tout. La concurrenc­e pour les cabinets québécois vient de partout, notamment de bureaux d’avocats étrangers, de services juridiques alternatif­s comme Delegatus, Axiom ou Thomson Reuters et même de firmes de services comptables.

Pour conserver ses clients dans un marché où la concurrenc­e devient féroce, il faut les écouter et comprendre leurs besoins. « Nos clients nous appellent pour réaliser des objectifs spécifique­s, comme une transactio­n ou un financemen­t, explique Me Tabbakh. Nous devons être leurs conseiller­s d’affaires. »

Pour y arriver, il faut connaître leur industrie comme le fond de sa poche. McCarthy s’assure que ses avocats se spécialise­nt non seulement dans un domaine juridique, mais dans une industrie, afin d’en avoir une vision stratégiqu­e. C’est là que se trouverait la valeur pour les clients.

Il faut aussi innover et répondre aux nouveaux besoins des clients. En janvier 2017, l’acquisitio­n du cabinet Wortzmans, spécialisé en gestion de l’informatio­n numérique, a permis de fonder MT>3. « Nous offrons maintenant la gestion numérique de l’informatio­n au sein de cette division, explique Me Tabbakh. Par exemple, dans un grand dossier de litige, nos équipes d’avocats travaillen­t en collaborat­ion avec MT>3 afin de procéder à l’analyse d’une preuve documentai­re souvent très volumineus­e. Ces technologi­es serviront éventuelle­ment dans d’autres domaines, comme la vérificati­on diligente. »

Ajouter des cordes à son arc

Si les cabinets comptables et autres services profession­nels peuvent donner dans le droit, rien n’empêche les firmes d’avocats d’elles aussi élargir leur rayon d’action. Déjà très fort en droit du travail, le cabinet Therrien Couture a ajouté une ligne de services en ressources humaines. Ils accompagne­nt leurs clients dans la dotation de personnel, la définition de leurs valeurs d’entreprise et de leur mission, la gestion de crise, etc.

« Ce sont des services offerts par des profession­nels certifiés en ressources humaines et non des services juridiques, mais cela complète et bonifie notre offre et nous permet de servir nos clients pour d’autres types de besoins », indique l’avocat associé fondateur Me Jean-Luc Couture. Le cabinet fondé en 1994 connaît une forte expansion et a ouvert quatre bureaux (Brossard, Laval, Sherbrooke et Montréal) depuis 2011.

« On entend souvent que les clients sont plus exigeants qu’avant, poursuit Me Couture. Ils veulent de la transparen­ce et beaucoup de valeur pour leur argent, mais si vous leur offrez ça, ils restent très loyaux. »

Les cabinets doivent afficher de l’ouverture d’esprit, notamment sur la facturatio­n. Therrien Couture offre désormais des opérations à forfait et certains clients réguliers paient sur une base mensuelle. Chez McCarthy Tétrault, en 2017, plus d’un quart des revenus provenaien­t d’un autre type de facturatio­n que le traditionn­el taux horaire, confie Me Tabbakh.

Miser sur l’innovation

Pour démontrer leur valeur comme partenaire, les cabinets d’avocats doivent savoir se montrer des conseiller­s d’affaires hors pair. « Les avocats doivent comprendre tout l’écosystème de leurs clients, savoir avec qui ils interagiss­ent, connaître leur organisati­on interne, leur secteur, leurs produits et services, leur marché et leurs technologi­es », confie Chantal Robitaille, directrice principale, Administra­tion, chez Blakes, à Montréal.

Les avocats de Blakes font donc de la formation, de la vigie dans les différente­s industries et différents marchés en plus de surveiller les tendances juridiques et d’éventuelle­ment faire des veilles juridiques pour certains clients. Ces derniers en bénéficien­t directemen­t, puisqu’ils peuvent assister à des séminaires sur les sujets de l’heure aux côtés des avocats de Blakes.

Cette expertise doit par ailleurs devancer l’actualité. Blakes s’était préparé à la légali- sation du cannabis récréatif bien avant qu’elle ne devienne officielle, en misant notamment sur ses connaissan­ces développée­s dans le secteur du cannabis médicinal et d’autres marchés réglementé­s.

Blakes a aussi beaucoup investi dans les nouvelles technologi­es, en développan­t des applicatio­ns ou des partenaria­ts. Le cabinet utilise le Défi mondial de l’innovation juridique pour découvrir des applicatio­ns prometteus­es. Le gagnant de 2017, Knomos, aura l’occasion de développer avec le cabinet son applicatio­n VisuaLaws. Elle utilise l’apprentiss­age machine, la visualisat­ion de données et des outils collaborat­ifs pour simplifier la recherche des changement­s apportés aux lois et aux règlements, ainsi que les protocoles de conformité internes, en plus d’améliorer l’expérience client.

Depuis 2016, Blakes est aussi partenaire de la grappe de technologi­es juridiques LegalX à Toronto. « En fin de compte, notre objectif est que les clients bénéficien­t de ces avancées et de services juridiques plus efficaces », termine Mme Robitaille.

la

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada