Élections au Québec : nos entrevues avec les chefs des principaux partis
Si elle prenait le pouvoir, la Coalition avenir Québec (CAQ) s’appuierait sur Investissement Québec (IQ), le bras financier du gouvernement, pour dynamiser les régions en stimulant les investissements et les exportations.
Le chef de la CAQ, François Legault, explique qu’il modifierait en profondeur la mission de la société d’État pour accroître sa portée en région. « On veut un Investissement Québec plus fort dans chaque région, avec plus d’autonomie, plus de moyens et aussi un mandat de démarche d’investissement dans chaque région », dit-il. Selon lui, il faut augmenter l’investissement privé non résidentiel, en aidant en particulier les entreprises qui créent des emplois bien payés. Créer des emplois à 25 $ l’heure Par l’entremise d’Investissement Québec, la CAQ souhaite créer des emplois payés plus de 25$ l’heure dans plusieurs secteurs, dont le manufacturier 4.0 et l’intelligence artificielle.
Un gouvernement de la CAQ ferait aussi en sorte qu’IQ devienne un guichet unique pour tous les entrepreneurs du Québec.
La CAQ veut aussi stimuler l’entrepreneuriat en région. Pour y arriver, elle financerait quatre écoles supplémentaires qui offrent des formations pour devenir entrepreneurs, en plus de créer un programme de bourses à l’École d’entrepreneurship de Beauce.
La CAQ ne touche pas à la fiscalité des entreprises. En revanche, elle miserait sur l’accompagnement, en demandant aux réseaux des délégations du Québec de documenter davantage les occasions d’affaires pour les exportateurs. Des millions dans les poches des Québécois L’ensemble des Québécois auraient plus d’argent dans leurs poches si la CAQ prenait le pouvoir: 700 millions de dollars en réduction de taxes scolaires 763 M$ en allocations familiales 249 M$ pour la prématernelle à 4 ans 245 M$ pour les « Maisons des aînés » 200 M$ pour les services de maintien à domicile
La CAQ financerait ces mesures en se basant sur un scénario de croissance du PIB réel de 1,3% en 2018 et 2019, puis de 1,8% en 2021 et 2022.
Un gouvernement Legault présenterait aussi un budget équilibré. En revanche, la dette augmenterait, « mais elle diminuerait par rapport au PIB », assure le chef caquiste. Au 31 mars 2018, la dette brute représentait 49,6% du PIB québécois, selon le ministère des Finances du Québec. M. Legault ne précise pas la cible pour la fin d’un premier mandat. Zones d’innovation «à l’allemande » Les caquistes créeraient aussi des zones d’innovation situées près des facultés de génie et des sciences de la vie, en l’occurrence à Québec, à Sherbrooke et à Montréal. La CAQ en créerait aussi près de cégeps dans les régions où il n’y a pas d’université.
IQ serait appelé à aider les entreprises exportatrices à faire breveter leurs innovations à l’étranger.
Le chef caquiste souhaite aussi s’inspirer de la culture allemande pour commercialiser davantage d’innovations dans ces zones. Bref, amener plus de bonnes idées des laboratoires aux planchers des usines. Stratégie continentale pour le climat Pour lutter contre les changements climatiques, la CAQ miserait surtout sur une hausse des exportations d’hydroélectricité dans le nord-est des États-Unis, qui permettraient de déplacer des énergies fossiles.
Pour y arriver, la CAQ miserait sur l’efficacité énergétique ainsi que sur la construction de nouveaux barrages hydroélectriques et de parcs éoliens. Les surplus pourraient servir à stimuler les investissements au Québec, mais à la condition qu’ils rapportent.
Le chef caquiste s’intéresse aussi à l’Ontario, alors que la province projette d’investir quelque 20 milliards de dollars pour rénover des centrales nucléaires. « Il n’y a pas de raison que la province mette 20 G$ dans le nucléaire, alors que nous avons de l’hydroélectricité, une énergie propre et beaucoup moins chère », dit-il.
Mais dans le même temps, M. Legault est conscient qu’il y a des sensibilités politiques à respecter. Ainsi, la CAQ proposerait à l’Ontario de créer une nouvelle société d’État énergétique, où Hydro-Québec serait l’un des principaux actionnaires.
la S’il prenait le pouvoir, Québec solidaire (QS) augmenterait les impôts des grandes entreprises, mais épargnerait les PME, qui jouent un rôle crucial dans les régions du Québec. « C’est important que la grande entreprise contribue aussi au bien-être de la collectivité québécoise », affirme la leader des solidaires, Manon Massé.
Actuellement, le taux d’imposition provincial des grandes sociétés (500 employés et plus) s’élève à 11,7%. QS veut l’augmenter à 14,5% au terme d’un premier mandat.
En revanche, le parti ne toucherait pas au taux d’imposition des PME, car elles sont au coeur du développement économique. « On veut ramener la production, l’économie au coeur de nos régions », dit Mme Massé. Retour de la taxe sur le capital QS rétablirait aussi la taxe sur le capital, mais seulement pour les grandes entreprises. Il la fixerait à 0,12% pour les grandes sociétés et à 0,24% pour les institutions financières.
La cheffe de QS se défend de vouloir taxer l’investissement. « On nous a dit que si on mettait trop de pression sur les entreprises, elles n’investiraient plus. Les gouvernements ont donc enlevé cette pression. Or, ce qu’on remarque, c’est que les entreprises stockent l’argent, le donnent à leurs actionnaires ou le versent à leurs grands dirigeants », affirme Mme Massé.
Les PME ne seraient pas totalement épargnées par les différentes mesures fiscales d’un gouvernement solidaire. Ainsi, aucune entreprise ne pourrait reporter ses pertes pour des raisons fiscales, à l’exception de celles des secteurs de l’agriculture et des pêches. Les gains en capital taxés à 100% Une autre mesure toucherait toutefois tous les Québécois qui réalisent des gains en capital. Un gouvernement solidaire les imposerait à 100%, alors qu’ils sont uniquement imposés à 50% en ce moment. Cela dit, le parti de Mme Massé ne taxerait pas le gain en capital sur une résidence principale, advenant sa vente. Des revenus supplémentaires de 13 G$ L’ensemble des mesures proposées par QS permettrait de récolter 12,9 milliards de dollars en nouveaux revenus. Ils permettraient de financer plusieurs mesures, dont la gratuité scolaire, du CPE au doctorat.
« Nous voulons remettre l’éducation au coeur de la mission de l’État », insiste Mme Massé. Les solidaires évaluent cette mesure à 2,45 G$.
L’autre grand chantier de QS est son plan de transition économique (évalué à 1,7 G$ sur quatre ans), qui vise à « décarboniser » l’économie québécoise. À long terme, ce plan nécessiterait des investissements de 12,1 G$, y compris la nationalisation du transport interurbain. Premier budget équilibré dans un premier mandat Québec solidaire prévoit présenter un budget équilibré « pour un premier mandat ».
Au 31 mars 2018, la dette brute représentait 49,6% du PIB québécois. Mme Massé explique qu’un gouvernement solidaire afficherait « à peu près » le même ratio au terme d’un premier mandat (selon un scénario de croissance du PIB réel de 1,3%, prévue au cadre de référence actuel du gouvernement). Des cibles de réduction de GES ambitieuses Pour réduire les gaz à effet de serre (GES), le parti propose aussi des mesures fiscales pour favoriser l’adoption des voitures électriques (il garde la subvention de 8000$) et décourager l’achat de voitures à combustion. C’est pourquoi les cibles de réduction de GES des solidaires sont ambitieuses. D’ici 2030, QS veut les réduire de 48% par rapport à leur niveau de 1990.
Pour atteindre ces cibles, tous les concessionnaires de voitures du Québec auraient l’obligation, à compter de 2030, d’offrir des véhicules électriques et hybrides. En 2040, la vente de voiture à combustion (incluant l’hybride) serait interdite. Enfin, en 2050, il n’y aurait plus de voiture carburant à l’essence autorisée à circuler sur les routes du Québec.
la