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Le capital de risque au Québec : l’essor des fonds ultra-spécialisé­s

- PARTI LIBÉRAL DU QUÉBEC Stéphane Rolland stephane.rolland@tc.tc srolland_la chef du Parti libéral du Québec PARTI QUÉBÉCOIS Stéphane Rolland stephane.rolland@tc.tc srolland_la du Parti québécois Élections Québec 2018

Le principal défi des entreprise­s est la pénurie de main-d’oeuvre et le plan du Parti libéral du Québec (PLQ) est le seul qui permettra d’aider les employeurs à affronter le manque de travailleu­rs, plaide son chef Philippe Couillard. Réduire le nombre d’immigrants ne ferait qu’aggraver les choses, prévient-il.

« Est-ce qu’il est logique de proposer de réduire le nombre de travailleu­rs qui viennent d’ailleurs ? C’est non seulement absurde, c’est antiéconom­ique. C’est une des pires mesures économique­s qui ait été présentée récemment », fait-il valoir en entrevue.

Près de 110000 postes sont restés vacants au Québec au deuxième trimestre de l’année 2018, selon des données de la Fédération canadienne des entreprise­s indépendan­tes (FCEI). Sur le terrain, M. Couillard dit voir les effets concrets de cette statistiqu­e. « On est rendu à un point si critique, que la pénurie touche les travailleu­rs spécialisé­s et non spécialisé­s. Les manoeuvres d’usines sont en demande partout. Vous avez de petits commerces de détail qui ne sont pas capables de commencer leur journée [car il n’y a pas d’employés]. De voir un parti politique qui ne juge pas cette question essentiell­e, moi, je ne comprends pas », dit-il sans nommer directemen­t ses opposants.

M. Couillard se défend d’avoir négligé l’intégratio­n des immigrants, comme le lui reprochent la CAQ et le PQ. Il souligne les mesures que prévoit son programme. Le parti veut déployer près de 135 millions de dollars sur cinq ans pour soutenir l’intégratio­n, notamment en encouragea­nt la francisati­on en entreprise et en aidant les municipali­tés à mieux planifier l’immigratio­n économique.

Finances publiques : pas d’autres choix possibles à l’époque

En entrevue, M. Couillard se targue d’avoir rétabli la santé des finances publiques, ce qui a contribué à augmenter la confiance des entreprise­s, selon lui. Il rejette les critiques de ses trois principaux adversaire­s, qui jugent que l’atteinte de l’équilibre s’est fait au détriment des services à la population en santé et en éducation. « On n’a pas coupé, on a ralenti la croissance des dépenses budgétaire­s. On n’a jamais diminué le poids des dépenses publiques par rapport au PIB en bas de sa moyenne historique. La soi-disant austérité, elle n’a jamais existé au Québec. »

Certains soutiennen­t que le gouverneme­nt a été trop agressif dans sa quête de l’équilibre budgétaire pour ensuite redistribu­er des « cadeaux » sous forme de baisses d’impôts et de promesses de nouvelles dépenses électorale­s.

Philippe Couillard se défend d’avoir agi stratégiqu­ement sur le plan politique.

« Écoutez, on était dans le trou de 7 milliards de dollars [au moment de prendre le pouvoir]; les gens oublient vite, insiste-t-il. C’est majeur comme impasse budgétaire. On était à la veille d’être décoté. Une des premières choses que j’ai dû faire est de téléphoner aux dirigeants des agences de crédit pour leur demander de nous faire confiance, qu’on rétablirai­t l’équilibre budgétaire. Si on avait été décoté, ça aurait été catastroph­ique pour les finances publiques du Québec. Ce sont des centaines de millions de plus en paiement d’intérêt. »

D’autres baisses d’impôt?

S’il obtient un deuxième mandat, M. Couillard priorisera les investisse­ments publics avant d’annoncer de nouvelles baisses d’impôt. Elles seraient accordées « seulement » s’il reste une marge de manoeuvre supplément­aire après l’adoption des promesses faites en campagne, que son parti chiffre à 2,4 G$. Il existe quelques mesures ciblées comme la promesse d’accorder un montant de 150$ à 300$ par enfant pour chaque famille.

Si aucune baisse d’impôt pour les entreprise­s n’a été communiqué­e en campagne, c’est que l’annonce a été faite juste avant cette dernière, nuance M. Couillard. Le gouverneme­nt a annoncé un bouquet de mesures totalisant 863M$ sur cinq ans pour contrer la guerre tarifaire. Parmi ces mesures, on compte un devancemen­t de la réduction de la cotisation au Fonds des services de santé sur la masse salariale (263 M$) ainsi qu’une bonificati­on du crédit d’impôt à l’investisse­ment (340 M$).

la Le Parti québécois (PQ) entend devenir le « gouverneme­nt des PME » en réduisant leur fardeau administra­tif et en les aidant à exporter. S’il devient premier ministre, Jean-François Lisée s’attribuera la responsabi­lité des PME pour forcer l’administra­tion publique à développer de meilleures relations avec les entreprene­urs, promet-il en entrevue avec Les Affaires.

« Il y a eu des progrès, mais il reste que le fardeau administra­tif représente 8 milliards de dollars de coûts pour l’ensemble des petites entreprise­s. Si on réduit ce fardeau du tiers ou de la moitié, on vient de réduire les coûts des entreprise­s sans avoir à alléger leur fardeau fiscal », affirme-t-il.

La culture au sein de l’administra­tion publique doit changer en ce qui concerne les relations avec les PME. Plutôt que de chercher à pincer les entreprene­urs qui démarrent une entreprise, les organismes gouverneme­ntaux devraient plutôt les aider à respecter les règles, qui peuvent être complexes pour quelqu’un qui se lance en affaires, juge celui qui était ministre des Relations internatio­nales, de la Francophon­ie et du Commerce extérieur dans le gouverneme­nt Marois. Il souhaite aussi que la délivrance de permis et de certificat­s se fasse plus rapidement, tout en s’assurant du respect des lois.

D’autres mesures s’adressent aux PME. Parmi elles, le PQ veut contraindr­e les grandes entreprise­s à payer leurs fournisseu­rs (souvent de plus petites entreprise­s) dans un délai de 30 jours. On veut aussi adopter un crédit d’impôt pour encourager les entreprise­s québécoise­s à augmenter leurs revenus à l’étranger.

Une Caisse de dépôt plus interventi­onniste

Parce qu’il estime que le gouverneme­nt Couillard a fait montre d’une « absence de réflexe national », M. Lisée veut remettre le développem­ent économique du Québec au sein de la mission de la Caisse de dépôt et placement du Québec, au côté de la création de rendement pour ses déposants. La loi qui régit la Caisse serait modifiée pour que le développem­ent national, régional et sectoriel fasse partie de sa mission.

Une clause touchant la protection des sièges sociaux serait également ajoutée. Pour les investisse­ments dans du matériel roulant, on imposera à la Caisse de s’assurer qu’il y a un minimum de 30% de contenu québécois dans le projet. M. Lisée déplore que ce n’ait pas été le cas pour le Réseau express métropolit­ain (REM). « Ça se fait partout ailleurs. Sur le contenu local, les libéraux sont les idiots de la classe, car tout le monde a compris. »

Malgré ces critères, la direction de la Caisse conservera son indépendan­ce, assure M. Lisée. Elle pourra toujours décider en fonction des meilleurs investisse­ments pour les déposants, mais elle devra tenir compte de sa nouvelle mission, précise le chef du PQ.

Le Fonds des génération­s serait aussi appelé à contribuer au développem­ent économique du Québec. M. Lisée n’a pas l’intention de changer la raison d’être du Fonds, qui est de contribuer à la réduction de la dette du Québec. Ses actifs et les versements prévus seront maintenus. Par contre, 10% des nouveaux ver- sements devront être dirigés vers des projets « structuran­ts » pour le Québec.

Salaire des PDG

Un gouverneme­nt péquiste punirait les sociétés inscrites en Bourse qui verseraien­t une rémunérati­on « déraisonna­ble » à leurs cinq dirigeants les mieux payés.

Une « taxe glouton » serait imposée à l’excédent des rémunérati­ons qui dépassera le ratio de 30 fois le salaire médian. Les entreprise­s recevront un préavis de deux ans. À la troisième année, la taxe sera de 10% de l’excédent et grimpera à 25% à la quatrième année.

Le PQ sera-t-il capable d’imposer cette taxe aux entreprise­s à charte fédérale? Une hésitation est perceptibl­e. Nicolas Marceau, l’exministre des Finances, qui participe à l’entrevue, dit que ce serait « un peu plus complexe », mais qu’il y a « certaineme­nt » des façons de le faire, en changeant la Loi de l’impôt sur le revenu, notamment. « Puis, dans un deuxième mandat, comme on sera indépendan­t, la question ne se posera plus », ajoute M. Lisée.

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