Les Affaires

Comment je vois et joue le secteur bancaire

- Bourse Tahar Mansour redactionl­esaffaires@tc.tc

Le système bancaire canadien en est un de type oligopolis­tique. Cela veut dire qu’il y a peu d’entreprise­s et beaucoup de clients. Il y a, au Canada, une dizaine de banques, tout au plus, dont 6 ou 7 sont connues, et les autres sont tellement petites que personne ne s’en soucie (sauf leurs clients). Comparez ce chiffre avec les 7000 banques, environ, que comptent les États-Unis, où les cinq plus grosses s’accaparent quasiment la moitié du marché. Précisons qu’une banque avec un milliard de dollars d’actifs est une microentre­prise dans un tel secteur. À titre d’illustrati­on, avec son actif de 1276 G$ CA, la Banque Royale (plus importante du pays) est la 37e au monde, selon Bankers Almanac.

Le gouverneme­nt du Canada est très protecteur de son secteur bancaire. Il est strictemen­t contrôlé. Personne n’a le droit d’acheter plus que 25 % des actions en circulatio­n d’une banque canadienne. Les dépôts du public auprès des banques canadienne­s sont protégés par la Société d’assurance-dépôts du Canada (SADC) jusqu’à concurrenc­e de 100000$ par banque. Si un événement majeur affecte les institutio­ns, le ministre des Finances du pays est immédiatem­ent averti et peut intervenir. Pour éviter tout mouvement de panique Ainsi, en 1993, notre ex-ministre des finances, Michael Wilson, est intervenu promptemen­t pour protéger les banques canadienne­s lors de la faillite d’Olympia and York. Plus près de nous, en 2007, l’ex-gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, a vu la crise financière se pointer et est intervenu en injectant des sommes importante­s dans le système bancaire canadien. Mieux encore, lorsque la Nordland Bank et la Canadian Commercial Bank de l’Alberta ont fait faillite, vers 1985, la SADC a remboursé tous les déposants, et ce, de façon intégrale. Un déposant américain s’est vu rembourser la totalité de ses dépôts, soit 5 millions de dollars. On veut éviter la panique à tout prix.

Il faut dire que la monnaie et les banques, dans un système économique comme le nôtre, sont le pilier central de l’organisati­on économique. Un mouvement de panique sur les banques et le système s’écroule dans le temps de le dire. Le lecteur comprend mieux pourquoi les autorités américaine­s n’ont pas hésité à injecter des centaines de milliards de dollars dans les grandes banques en 2009. Elles n’avaient tout simplement pas les moyens de faire autrement. Si vous voulez des preuves supplément­aires sur les conséquenc­es du manque de confiance dans la monnaie d’un pays, regardez ce qui se passe dans le richissime Venezuela, où l’inflation dépasse 1000000%.

Les banques sont donc des intermédia­ires financiers entre des agents en surplus de fonds (les épargnants ou les prêteurs) et des agents en déficit de fonds (les emprunteur­s ou investisse­urs). Essentiell­ement, elles tirent leurs revenus de trois sources: les frais de toutes sortes, les opérations pour leur propre compte et l’écart entre les taux débiteur et créditeur. 1. Les frais Les banques chargent des frais chaque fois que vous faites appel à leurs services.

C’est normal, ce ne sont pas des entreprise­s de bienfaisan­ce. Elles sont là pour maximiser le rendement de l’avoir de leurs actionnair­es. D’aucuns jugent ces frais excessifs, mais, ça, c’est une autre histoire. 2. Les opérations pour leur compte Les banques ont leur propre compte dans lequel elles déposent les fonds temporaire­ment libres. Ces fonds ne dorment pas. Ils sont constammen­t utilisés pour des transactio­ns diverses: actions, obligation­s, prêts à très court terme (pour des heures ou tout au plus quelques jours) ou négociatio­n de devises. Sur ce dernier marché (celui des devises), les banques jouent le rôle d’arbitragis­tes. Elles font en sorte qu’il n’y a pas d’écart de prix sur une devise quelconque entre différents marchés. Cela veut dire que si le dollar canadien cote 0,77$ US à Londres, il va coter 0,77$ US à Hong Kong ou Francfort. 3. Les écarts entre taux débiteur et créditeur La troisième et principale source de revenus des banques est le fameux écart entre taux débiteur et taux créditeur. Nous avons dit que les banques ne sont rien d’autre que des intermédia­ires financiers. Elles vous empruntent donc de l’argent à x% (taux débiteur) et se retournent pour le prêter à y% (taux créditeur) avec « y » toujours plus grand que « x ». La différence (y-x) est ce que nous avons appelé l’écart de taux. Historique­ment, cet écart est aux alentours de 2,5%, mais nous avons vu plus comme nous avons vu moins.

Les revenus étant ce qu’ils sont, pour générer des profits, les banques doivent gérer les dépenses et éviter les erreurs fatales. Une erreur fatale serait le manque d’appariemen­t entre les prêts et les emprunts. Exemple: prêter à long terme et emprunter à court terme. C’est ce qui a coulé la Banque canadienne nationale vers la fin des années 1970. Une autre erreur fatale peut être un prêt trop important à un client risqué. Quelle que soit la taille de la banque, elle peut basculer. Pensez à Merrill Lynch, qui a été obligée de fusionner avec Bank of America, ou pensez à Citi Group, que le gouverneme­nt américain a réussi à redresser. Pourquoi je vous raconte tout cela? Dans notre système capitalist­e, les banques forment le coeur de l’organisati­on. Il est donc essentiel que ces entreprise­s soient bien surveillée­s et réglementé­es. Nos banques sont relativeme­nt bien gérées, elles sont financière- ment très solides puisqu’elles ont réussi haut la main des tests de stress (des tests qui simulent des conditions économique­s misérables) et jouissent d’une réputation mondiale enviable. Mieux encore: Elles paient toutes un dividende dont le rendement oscille entre 3 % et 4,5% Leurs actions se négocient à un multiple très respectabl­e qui tourne autour de 12 fois les bénéfices Elles sont relativeme­nt peu volatiles Leur ratio d’endettemen­t est respectabl­e

Bien entendu, il y en a qui sont plus prudentes que d’autres. Par exemple, la Banque TD et la Banque Scotia s’aventurent plus dans le sud que la Royale, mais ce sont des stratégies de diversific­ation différente­s. Normalemen­t, à un risque plus élevé est associé un rendement plus élevé.

Alors, un portefeuil­le respectabl­e doit contenir un certain pourcentag­e de titres bancaires. Mais quelle banque acheter?

Je les achète toutes. En investissa­nt dans un fonds négocié en Bourse (FNB) qui n’achète que les banques canadienne­s. Ce fonds s’appelle le ZEB, créé par BMO. Son rendement est intéressan­t et il vous permet de diversifie­r votre risque à l’intérieur d’un secteur clé de l’économie canadienne.

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