Les Affaires

Encore la démographi­e

- Julie Cailliau Éditrice adjointe et rédactrice en chef, Groupe Les Affaires julie.cailliau@tc.tc @julie140c

En plein mois de l’entreprene­uriat, permettez-moi de vous parler de… main-d’oeuvre. Oui, encore, la fameuse, la profonde pénurie de main-d’oeuvre. C’est que ses effets pourraient bien se manifester jusque dans le registre de la création d’entreprise.

« À cause de la rareté de la main-d’oeuvre, les hausses de rémunérati­on et des avantages consentis aux salariés pourraient éventuelle­ment nuire à l’activité entreprene­uriale au Québec et réduire le potentiel de développem­ent économique des régions à moyen et à long terme », écrit Marc Duhamel, en marge des résultats québécois du Global Entreprene­urship Monitor 2017 (GEM) publiés la semaine dernière. Il cosigne avec Étienne St-Jean, comme lui professeur à l’UQTR et chercheur à l’Institut de recherche sur les PME, le volet québécois de cette étude annuelle internatio­nale.

Ainsi, constatent-ils, le Québec compte une plus grande proportion d’entreprene­urs hybrides, autrement dit qui dirigent leur entreprise tout en conservant un emploi salarié. À l’étape du démarrage, seulement 19,6% se consacrent entièremen­t à la création de leur entreprise, comparativ­ement à 35,6% dans le reste du Canada (parmi les entreprene­urs établis, ils sont 35% comparativ­ement à 57,9%). On les comprend, quand on sait que plus du tiers des entreprise­s ne passent pas le cap des cinq ans d’existence. Cependant, c’est le creux démographi­que, qui est en grande partie responsabl­e de la rareté de la main-d’oeuvre et donc de l’attrait du salariat, qui pourrait encore mieux expliquer cet écart.

La démographi­e est aussi en cause en ce qui a trait aux sorties entreprene­uriales. Bien que le Québec soit un des endroits du monde où les entreprise­s survivent le plus au départ de leur fondateur, c’est aussi le « territoire où la proportion de sorties entreprene­uriales avec cessation des activités est la plus grande de tous les pays tirés par l’innovation », et ce taux « a considérab­lement augmenté cette année ». L’étude ne permet pas de conclure dans quelle mesure le départ à la retraite pèse sur cette statistiqu­e, mais elle « observe une proportion plus élevée de fermetures causées par les départs à la retraite et par la bureaucrat­ie et l’interventi­on de l’État au Québec qu’ailleurs au Canada ».

Malgré la pression démographi­que, qu’on ne s’y trompe pas. Cette 5e édition du GEM québécois dresse un bilan plutôt positif de l’entreprene­uriat, soulignant par exemple que l’entreprene­uriat émergent est en forte progressio­n chez les 35 à 44 ans et que même si les femmes sont toujours moins nombreuses que les hommes à se lancer en affaires, elles le font maintenant avec un degré d’ambition semblable à celui des hommes.

la

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada