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Le Québec mise sur son aluminium vert

- Industrie de l’aluminium Pierre Théroux redactionl­esaffaires@tc.tc

En avril dernier, Rio Tinto devenait la première entreprise du monde à recevoir la certificat­ion Aluminium Stewardshi­p Initiative (ASI). Cette norme, qui reconnaît notamment la capacité de l’entreprise à produire de l’aluminium de façon responsabl­e, devrait grandement profiter non seulement à ce géant mondial, mais aussi à toute l’industrie québécoise.

Rio Tinto, qui exploite trois aluminerie­s au Saguenay–Lac-Saint-Jean de même qu’une raffinerie à Vaudreuil, s’attend à ce que la demande d’aluminium vert devienne de plus en plus importante pour ses clients et les consommate­urs qui achètent leurs produits.

Nespresso, qui a fait sa marque en commercial­isant des machines à café utilisant des capsules en aluminium, s’est d’ailleurs dite impatiente de s’approvisio­nner en aluminium certifié par l’ASI. Même son de cloche chez Audi, dont l’aluminium est une partie intégrante de la fabricatio­n de ses automobile­s plus légères.

« En utilisant de l’aluminium certifié ASI, les fabricants et les utilisateu­rs finaux seront désormais en mesure de démontrer leur engagement envers une chaîne d’approvisio­nnement durable », a indiqué Rio Tinto par voie de communiqué lors de l’obtention de cette certificat­ion.

L’entreprise, qui affirme produire dans ses usines d’électrolys­e de l’aluminium dont l’empreinte carbone est parmi les plus faibles au monde, avait lancé en 2016 RenewAlmc, une marque qui identifie ses produits à faible teneur en carbone.

L’avantage canadien

Le programme de certificat­ion de l’ASI, adopté l’an dernier et dont Rio Tinto est un des membres fondateurs, vise à favoriser la production et l’approvisio­nnement responsabl­es de l’aluminium à toutes les étapes de la chaîne de valeur: extraction de la bauxite, affinage de l’alumine, électrolys­e de l’aluminium, fabricatio­n de produits à valeur ajoutée, transforma­tion, recyclage et activités connexes. La certificat­ion fait suite à un audit indépendan­t.

L’aluminium vert devient ainsi un matériau de choix pour réduire l’empreinte carbone et augmenter le recyclage d’un large éventail de produits finis, depuis l’emballage alimentair­e aux bâtiments, en passant par les avions, voitures, téléphones mobiles et ordinateur­s, affirme l’industrie canadienne.

À l’heure où l’industrie canadienne de la production et de la transforma­tion de l’aluminium est frappée d’une taxe de 10% sur l’exportatio­n de ses produits vers les États-Unis, l’offre d’un produit plus vert lui permettrai­t de se démarquer et de trouver de nouveaux débouchés.

« On est dans une position très avantageus­e. L’aluminium vert est un important élément de différenci­ation qui pourrait à l’avenir amener de l’eau au moulin d’un grand nombre d’entreprise­s québécoise­s », soutient Jean Simard, président et chef de la direction de l’Associatio­n de l’aluminium du Canada, qui représente les trois producteur­s Alcoa, Alouette et Rio Tinto.

D’autant que, en matière de volume, le Canada ne peut plus rivaliser avec la Chine, qui produit 50% des 70 millions de tonnes d’aluminium produites annuelleme­nt dans le monde. Un aluminium produit principale­ment à partir du charbon, souligne M. Simard. Or, au Canada, « on a la chance, grâce à l’hydroélect­ricité, de produire de l’aluminium plus vert et de développer des technologi­es sans aucune empreinte de carbone », fait valoir M. Simard.

La création d’Elysis, une coentrepri­se lancée en mai dernier par Rio Tinto, Alcoa et Apple, témoigne de l’appétit des entreprise­s pour inclure de l’aluminium vert dans la fabricatio­n de leurs produits. Cette entreprise s’affaire à développer un nouveau procédé qui pourrait éliminer les émissions directes de gaz à effet de serre provenant de la fusion de l’aluminium.

Outre les producteur­s d’aluminium, il y a de plus en plus d’entreprise­s en aval de l’industrie qui souhaitero­nt adopter la certificat­ion ASI. « Ça ouvre des portes aux entreprise­s de transforma­tion, particuliè­rement auprès des industries de l’automobile et de l’aéronautiq­ue, qui souhaitent construire des produits plus verts », indique Marie Lapointe, PDG d’AluQuébec.

Les entreprise­s québécoise­s pourront alors frapper à la porte du Bureau de normalisat­ion du Québec qui, en novembre 2017, est devenu le premier organisme de vérificati­on au monde à recevoir l’accréditat­ion de l’ASI. Cette accréditat­ion lui permet d’auditer toute entreprise travaillan­t dans la chaîne de valeur de l’aluminium et désirant être certifiée selon les normes de l’ASI.

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