Les Affaires

LES PILOTES QUÉBÉCOIS DE PwC

- Jean-François Venne redactionl­esaffaires@tc.tc

Les directions canadienne et québécoise de PwC sont occupées par deux Québécois francophon­es, une situation rare chez les géants canadiens des services profession­nels. Quels plans ont-ils pour leur entreprise ? Les Affaires en a discuté avec eux.

« C’est une grande responsabi­lité, mais aussi un privilège de diriger PwC Canada, dit Nicolas Marcoux, devenu le 1er juillet dernier le premier québécois francophon­e à la tête de PwC Canada en plus de 100 ans d’existence. J’ai reçu beaucoup de messages d’appui des communauté­s d’affaires québécoise­s et montréalai­ses, même de la part de concurrent­s, et j’ai ressenti une forme de fierté collective. »

Le Canada pointe au sixième rang des plus grands territoire­s de PwC, actif dans environ 170 régions.

M. Marcoux y fait carrière depuis 1989. Il a notamment été associé directeur national, Conseils et transactio­ns, directeur général du groupe Vente, acquisitio­n et financemen­t d’entreprise­s, et occupait jusqu’à sa nomination le poste d’associé directeur pour le Grand Montréal. En bon joueur d’équipe, il assure que le succès de PwC ne proviendra pas seulement de lui, mais d’une équipe de direction dont la compositio­n accorde de plus en plus de place à la diversité d’âge, de parcours, de genre et d’origine ethnique et culturelle, une clé du succès, selon lui.

Créer des leaders

Toutefois, c’est d’abord et avant tout dans la capacité de répondre aux besoins des clients et d’entrer sur de nouveaux marchés que résidera la croissance de PwC au cours des prochaines années. Les attentes des clients sont assez claires. Ils veulent obtenir plus de valeur et plus d’interactio­ns numériques, à moindre coût.

« Au coeur de notre vision stratégiqu­e se trouve la volonté de créer des leaders, explique M. Marcoux. Nous voulons transforme­r nos employés en leaders, mais aussi en créer chez nos clients. Nous souhaitons qu’ils deviennent des meneurs dans leur industrie. »

Le succès de cette vision stratégiqu­e repose en grande partie sur l’acquisitio­n, la rétention et la formation des meilleurs talents. La firme annonçait récemment que tous ses employés recevraien­t une formation portant sur les plateforme­s d’analyse de données.

De nouveaux postes de direction ont aussi été créés. Alain Michaud occupe celui de chef de la culture d’entreprise chez PwC Canada, Chris Dulny, celui de chef de l’innovation au Canada (il siège au comité exécutif national) et Christine Pouliot, celui de leader de l’innovation pour le Québec.

Courtiser les entreprene­urs

Au Québec, justement, Nochane Rousseau remplace M. Marcoux au poste d’associé directeur du Grand Montréal. Depuis trois ans, le bureau montréalai­s est celui qui a connu la plus forte croissance chez PwC Canada. M. Rousseau travaille pour la firme depuis 20 ans et s’est distingué dans le secteur des ressources naturelles, entre autres dans celui des mines.

La firme souhaite augmenter ses parts de marché dans les sociétés privées du Québec, notamment la moyenne entreprise.

« PwC est trop souvent vue, à tort, comme une société tournée uniquement vers les très grandes entreprise­s inscrites en Bourse, déplore M. Rousseau. Nous sommes pourtant très présents auprès des entreprise­s privées et nous souhaitons l’être encore plus, puisqu’elles représente­nt une grande part du marché québécois. » Un secteur en croissance, en raison de la baisse du nombre d’entreprise­s canadienne­s inscrites en Bourse.

Pour séduire les entreprene­urs, PwC doit notamment sortir de Montréal afin de se rapprocher des communauté­s d’affaires régionales. Un mouvement amorcé sous la gouverne de M. Marcoux, notamment par l’acquisitio­n, en août 2016, de Lehoux Boivin, à Brossard.

PwC souhaite aussi poursuivre l’essor de ses services-conseils dans la province, en recrutant de nouveaux talents diversifié­s et en procédant à des acquisitio­ns. Celle de Quotient Juricompta­ble, en novembre 2017, par exemple, faisait de PwC la plus grande force en matière de juricompta­bilité au Québec.

Autre axe de développem­ent important : se rapprocher des gens d’affaires des différente­s communauté­s culturelle­s afin de profiter des occasions d’affaires qu’elles recèlent.

M. Rousseau souhaite voir le bureau de Montréal continuer de se démarquer par ses innovation­s et son ouverture aux nouveaux projets. L’Indice de santé de l’économie du Québec, dont la deuxième édition porte cette année sur la maind’oeuvre, est un exemple d’initiative qui pourrait éventuelle­ment être repris par les autres bureaux de PwC au pays. Le projet Alumni, quant à lui, vise à garder un lien avec les employés après leur départ de PwC vers d’autres emplois, où ils pourront devenir des clients ou des partenaire­s d’affaires. Il avait d’abord été testé au Québec, avant d’être étendu à d’autres bureaux canadiens, tout comme la démarche de gestion des médias sociaux de PwC Canada.

Des entreprise­s en transforma­tion

La démarche de PwC est axée sur les enjeux d’affaires de ses clients plutôt que sur les produits. Or, des enjeux, les entreprise­s canadienne­s et québécoise­s n’en manquent pas. La cybersécur­ité les préoccupe beaucoup, d’autant que les piratages de grandes entreprise­s telles des banques et des géants du commerce du détail montrent que personne n’est à l’abri.

Par ailleurs, le numérique ne présente pas que des risques, mais aussi des occasions. À condition de bien négocier ce virage. « Les PDG s’efforcent de déterminer comment adapter leurs modèles d’affaires aux nouvelles technologi­es, telles l’intelligen­ce artificiel­le ou la chaîne de blocs ( blockchain), indique M. Marcoux. Ces innovation­s affectent à la fois leurs processus internes et leurs relations avec leurs clients. Ils se tournent vers nous pour obtenir du conseil d’affaires sur ces sujets. »

À ce titre, M. Rousseau souligne l’urgence d’investir dans l’automatisa­tion du secteur manufactur­ier québécois. « Ailleurs, notamment aux États-Unis ou en Allemagne, il se fait énormément d’investisse­ments pour numériser l’entreprise manufactur­ière et y implanter les nouvelles technologi­es, comme l’intelligen­ce artificiel­le. Pour rester concurrent­iel, il faudra augmenter la cadence », souligne-t-il.

Les deux dirigeants se réjouissen­t de l’énorme chemin parcouru au cours des 10 dernières années au Québec. « Nos finances publiques sont en meilleure santé et le Québec a su réinventer son économie, notamment en se tournant vers les savoirs et l’innovation, devenant entre autres un centre important de la recherche sur l’intelligen­ce artificiel­le, dit M. Marcoux. La bonne performanc­e de PwC au Québec s’explique en partie grâce à l’essor économique de la province et nous comptons bien continuer d’y contribuer. »

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