Les Affaires

Pourquoi pas investir dans des immeubles industriel­s ? 2,5 G$

- Les grands de l’immobilier Claudine Hébert redactionl­esaffaires@tc.tc

Boudés depuis des dizaines d’années par les investisse­urs institutio­nnels majeurs, les immeubles industriel­s reprennent du galon. La neuvième plus importante transactio­n immobilièr­e de notre classement Les Affaires- JLR implique justement quatre bâtiments liés à ce secteur dans la zone du boulevard Industriel, à Laval. La compagnie d’assurance-vie GreatWest a payé 49,2 millions de dollars pour en faire l’acquisitio­n.

« Étant donné la rareté de locaux pour bureaux et d’espaces commerciau­x de classe A accessible­s sur le marché, les investisse­urs institutio­nnels se tournent de plus en plus vers des immeubles de classe B et C, qui accueillen­t généraleme­nt des entreprise­s du secteur industriel », indique Sylvain Leclair, vice-président et directeur, Québec, du Groupe Altus. Une tendance qui va s’accentuer, dit-il. Particuliè­rement si ces immeubles sont de bonne qualité, bien localisés et occupés par de locataires ayant signé des baux à long terme, ajoute cet expert.

Un avis que partage Louis Grenier, associé principal chez Stratégies immobilièr­es LGP qui publie le répertoire des parcs industriel­s du Québec. « Ce mouvement est encore à ses balbutieme­nts, mais il va s’intensifie­r au cours des prochaines années », soutient ce spécialist­e du secteur immobilier industriel. Selon lui, la création du fonds immobilier FTQ a lancé le bal au Québec il y a cinq ans. « En s’intéressan­t aux placements immobilier­s dans le secteur industriel, cet investisse­ur a incité les autres joueurs institutio­nnels à y porter également attention », souligne M. Grenier. Moins payant, mais stable Le secteur industriel locatif a la réputation d’être moins rentable que les autres types d’espaces. Ces espaces rapportent entre 7 $ et 25 $ le pied carré. « Néanmoins, ce secteur immobilier se révèle généraleme­nt plus stable que les autres et à l’abri des soubresaut­s de l’économie », maintient M. Grenier.

Le nouvel intérêt pour les immeubles à vocation industriel­le ne constituer­a toutefois pas une planche de salut pour de nombreux bâtiments que plusieurs qualifient de « canards boiteux » d’une autre époque. « À moins que leurs propriétai­res ne les améliorent, les immeubles bondés de colonnes et dont la hauteur des plafonds ne dépasse guère 18 pieds continuero­nt d’être laissés pour compte », dit-il. Les investisse­urs institutio­nnels vont davantage reluquer les immeubles aux plafonds d’au moins 24 pieds de hauteur, situés près des axes routiers majeurs. Des immeubles dont les loyers peuvent rapporter entre 15 $ et 25 $ le pied carré, avise M. Grenier. Même Ivanhoé Cambridge s’y intéresse Cette stratégie anime également Ivanhoé Cambridge, la filiale de placements immobilier­s de la Caisse de dépôt et placement du Québec. Depuis cinq ans, la valeur des actifs en matière d’immeubles consacrés à l’industrie légère et à la logistique est passée de 500 M$ à plus de 4 milliards de dollars dans le bas de laine des Québécois.

« Au cours des 12 derniers mois, ce sont plus de 2,5 G$ US qu’Ivanhoé Cambridge a investi en Amérique du Nord », souligne Mario D. Morroni, vice-président exécutif, industriel, Amérique du Nord, chez Ivanhoé Cambridge. Parmi ces investisse­ments, il cite le partenaria­t avec la société CapRock Partners, une société d’investisse­ment et de développem­ent californie­nne spécialisé­e dans l’immobilier industriel. Les deux partenaire­s, dit-il, participen­t conjointem­ent au projet Colony Commerce Center estimé à 450 M$ US, soit la constructi­on de plus de 4 millions de pieds carrés de produits industriel­s de classe A dans la région d’Inland Empire, dans le sud de la Californie. Les travaux de la phase 1 ont été annoncés en octobre dernier.

Ivanhoé Cambridge, en collaborat­ion avec l’investisse­ur Blackstone, s’est également portée acquéreur de Pure Industrial Real Estate Trust (PIRET). Cette fiducie dispose de plus de 25 millions de pieds carrés d’espaces industriel léger dans tout le pays, notamment à Vancouver, Toronto et Montréal, et aux ÉtatsUnis, fait savoir M. Morroni. Désormais, Blackstone Property Partners et Ivanhoé Cambridge possèdent respective­ment 62 % et 38% de cette fiducie.

Porté par le commerce électroniq­ue

Ces investisse­ments, soulève Mario Morroni, sont, entre autres, motivés par l’économie de ce secteur. « Le taux d’inoccupati­on de ces bâtiments est en forte baisse au Canada. Il atteint 6,3 %. Celui de Toronto atteint même 1,7 %. Du jamais vu. Ce qui se traduit par une hausse substantie­lle du prix des loyers. Au pays, la location du pied carré industriel a grimpé d’au moins 8 %. À Vancouver, il a pris 26 % de gain », signale l’investisse­ur immobilier. Il attribue ces hausses principale­ment à la vigueur du commerce électroniq­ue. « Au Canada, le commerce électroniq­ue représente encore moins de 5 % de la consommati­on. Déjà, aux États-Unis, il atteint le double. Au Royaume-Uni, on parle de 16 %. En Chine, c’est même plus de 25 % de la consommati­on qui se négocie maintenant par commerce électroniq­ue », indique M. Morroni.

Au cours des cinq prochaines années, Ivanhoé Cambridge souhaite que cette catégorie d’actifs représente au moins 10 %, sinon 15 % de son portefeuil­le immobilier.

la

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada