Les Affaires

Macroécono­mie

- Pierre Cléroux reactionle­saffaires@tc.tc

Une hausse des taux d’intérêt attendue et nécessaire

Il y a plus d’un an, la Banque du Canada annonçait une première hausse des taux d’intérêt en sept ans. Depuis, la force de l’économie canadienne a amené la banque centrale à décréter quatre nouvelles augmentati­ons qui ont fait grimper récemment le taux directeur à 1,75%, soit une hausse de 125 points de base depuis juillet 2017.

Or, tout porte à croire que cette remontée justifiée des taux d’intérêt va se poursuivre encore l’an prochain. Et qu’elle n’aura pas d’impact majeur sur l’économie, qui se porte encore très bien, merci! À preuve: le PIB du Québec a crû de 3% au cours des sept premiers mois de l’année, par rapport à la même période en 2017. Le marché du travail demeure vigoureux, alors qu’un grand nombre d’entreprise­s peine toujours à recruter de la main-d’oeuvre et que les taux de chômage demeurent historique­ment bas. Par ailleurs, les perspectiv­es économique­s restent solides, tant au Canada qu’aux États-Unis. Sans compter que le nouvel Accord États-Unis–Mexique-Canada (AEUMC) a grandement atténué les incertitud­es quant à l’avenir des échanges commerciau­x en sol nord-américain.

Alors nous y sommes, après une longue reprise économique depuis la récession de 2008-2009, les économies canadienne et québécoise ont atteint leur plein potentiel. La reprise a été longue et marquée par une chute du prix du pétrole en 2014 et une renégociat­ion de l’ALÉNA qui a créé beaucoup d’incertitud­e. L’économie fonctionne maintenant à plein rendement et il n’est donc plus nécessaire de stimuler la croissance avec de faibles taux d’intérêt. La Banque du Canada a également annoncé son intention de relever les taux à un niveau neutre, soit entre 2,5 et 3,5. Ce retour à la normale est nécessaire pour éviter la surchauffe et se bâtir une marge de main-d’oeuvre en vue d’un prochain ralentisse­ment économique toujours possible.

Pression sur l’endettemen­t

Bien sûr, la hausse des taux d’intérêt fait grimper le coût des emprunts et met une pression additionne­lle sur l’endettemen­t déjà élevé des ménages, particuliè­rement chez les propriétai­res qui ont un prêt hypothécai­re à taux variable. Mais les hausses précédente­s, jumelées aux nouvelles règles hypothécai­res adoptées par le gouverneme­nt fédéral pour éviter une surchauffe immobilièr­e, ont déjà calmé le jeu et stabilisé le marché de l’habitation.

On devrait néanmoins voir un essoufflem­ent des dépenses de consommati­on. Ce ralentisse­ment, qui est d’ailleurs déjà amorcé, ne devrait toutefois pas avoir de répercussi­on majeure sur l’économie. Car, rappelons-le, les taux d’intérêt demeurent historique­ment très bas. La Banque du Canada aura aussi la sagesse de tenir compte du niveau élevé d’endettemen­t des ménages canadiens quand viendra le temps de procéder à d’autres hausses de taux.

Les entreprise­s, pour leur part, ne souffriron­t pas trop des augmentati­ons des taux. Elles risquent peu de limiter leurs investisse­ments dans la mesure où leur taux d’endettemen­t est très bas et qu’elles peuvent compter sur de bonnes liquidités. Surtout, leur niveau de confiance demeure élevé et c’est là un facteur important dans leur décision d’investir.

L’économie canadienne n’est cependant pas à l’abri d’une étincelle extérieure en provenance de nos voisins du sud qui pourrait faire vaciller sa croissance. Car, même si l’économie américaine roule bien, le président Trump stimule la croissance à l’aide de fortes baisses d’impôt, ce qui pourrait créer une surchauffe et obliger la Réserve fédérale à augmenter les taux d’intérêt trop rapidement et à un niveau trop élevé. ll faudra donc suivre la situation de près, mais, pour l’instant, la croissance économique au pays s’annonce encore solide pour la prochaine année.

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