DE L’ACCOMPAGNEMENT POUR LES EXPORTATEURS QUÉBÉCOIS
Le constat fait l’unanimité: les exportateurs québécois bénéficient de nombreux programmes et d’aide financière pour les appuyer. Les organismes régionaux de promotion des exportations (ORPEX) desservent par exemple annuellement quelque 2 300 PME. « Nous sommes la première ligne de ressources, explique Carole Doussin, présidente de Commerce International Québec. Nous aidons les entreprises à monter leur stratégie, à trouver des clients ou à établir des collaborations entre elles. Nous travaillons aussi avec les délégations du Québec à l’étranger et avec Export Québec. »
Cependant, loin de toujours leur simplifier la vie, l’abondance de ressources peut parfois devenir un problème en soi, puisque l’offre est aussi très disparate et éparpillée. « C’est presque un emploi à temps plein d’essayer de connaître l’écosystème de ressources », ironise Nicolas Martin, conseiller en affaires internationales au ministère de l’Économie et de l’Innovation du Québec.
Les entrepreneurs soutiennent dépendre beaucoup du conseiller responsable de leur dossier, certains connaissant mieux l’étendue de leur programme que d’autres. Ainsi, certains conseillers penseront à rediriger un entrepreneur vers un autre programme ou organisme mieux adapté à ses besoins, mais cela semble encore là très aléatoire.
Serait-il possible d’accéder, en un seul endroit, aux ressources d’accompagnement et de financement? C’est du moins la solution proposée par Frédérik Guérin, PDG de Club Tissus, qui souligne l’importance d’avoir des programmes simplifiés et qui présentent moins de barrières. Un point de vue partagé par plusieurs entrepreneurs présents, qui déplorent que les critères d’admissibilité varient énormément entre les programmes et entre les ordres de gouvernement.
La lourdeur des démarches de demande de subvention en irrite aussi plusieurs. « Les exigences sont élevées et il faut souvent compter 60 heures ou plus pour faire une demande de subvention, déplore Laura Boivin, présidente de Fumoir Grizzly. Il faut simplifier les demandes d’aide financière en exportation. »
C’est d’autant plus important que l’« écart dans l’accès aux ressources entre les TPE, les PME et les grandes entreprises reste très marqué », remarque Juliana Zerda, coordonnatrice de projets internationaux à l’École des entrepreneurs du Québec. Cet écart vient du fait que les grandes entreprises peuvent consacrer plus facilement une partie de leurs ressources humaines à la recherche de subventions. Elles disposent aussi de plus de moyens financiers pour lancer des projets d’exportation, un plus grand accès au crédit, etc.
Défis: Recherche des bonnes ressources, lourdeur des démarches.
Solutions: Guichet unique ou meilleure capacité de référencement entre les programmes, simplification des demandes de subvention.
tuent également des ressources précieuses. Moins connu, le site hofstede-insights.com permet de comparer différents pays sur six indicateurs tels l’incertitude, l’individualisme ou les relations de pouvoir.
Parfois, c’est à l’intérieur même de l’entreprise que l’on trouve ces ressources. « J’ai fait un sondage au sein de mon équipe pour connaître leur origine. Cela m’a permis de réaliser que s’y côtoient 27 langues et 19 nationalités différentes, confie Jean Champagne, PDG de Xmedius Solutions. Ils sont beaucoup plus mis à contribution maintenant lorsque nous abordons divers marchés internationaux. Ils nous fournissent beaucoup de données informelles. »
Marie Lapointe, PDG d’AluQuébec, a de son côté obtenu des séances d’information de la part d’Export Québec pour savoir comment interagir avec les Chinois. « Cela m’a beaucoup outillé afin de comprendre les subtilités culturelles », note-t-elle.
Par ailleurs, la langue anglaise demeure un atout important, mais qui n’est pas maîtrisé par tous. « La langue constitue une barrière à l’exportation pour les entrepreneurs québécois, quand même assez nombreux, qui ne parlent pas ou très peu l’anglais », soulève Isabelle Martin, associée, fiscalité internationale au cabinet Mallette. Défis: Appréhension de cultures parfois très différentes des nôtres Solutions: Aller chercher l’information auprès des ressources offertes, avoir des partenaires sur place, bien connaître l’anglais. Suite à la page 10
« Pour que ça fonctionne, la décision d’aller à l’international doit venir de la direction », croit Lise Déziel, PDG de Cordée électrique.
Cela peut sembler évident, mais c’est pourtant loin de l’être. Il n’est pas rare qu’une entreprise délègue le projet d’expansion international à un responsable, puis s’en lave plus ou moins les mains par la suite. Cela peut venir du fait que la haute direction est trop prise par le quotidien ou encore du fait que le projet ne rapporte pas de revenu à court terme. C’est plus souvent le cas dans les entreprises un peu plus grosses. Et c’est généralement une erreur.
« Aller à l’international est un geste transformationnel pour une entreprise. L’engagement de la direction est donc crucial, avance Charles Douville, premier vice-président et responsable en chef des services aux entreprises pour le Québec de la Banque HSBC Canada. Elle n’est pas obligée d’exécuter chaque détail du plan, mais elle doit surveiller la progression, aider à surmonter les obstacles, et approuver les ressources financières et humaines. »
D’autant qu’il y a un risque à confier cette responsabilité à quelqu’un qui peut partir du jour au lendemain, emportant avec lui l’expertise qu’il a développée.
« Développer un marché exige beaucoup d’efforts et d’argent, et l’augmentation des ventes ne se voit pas nécessairement rapidement, donc la direction doit être convaincue qu’il y aura un rendement de l’investissement à moyen terme », souligne Michel Brouillette, directeur de Capital intelligent Mtl à PME MTL.
Cet engagement doit venir dès l’étape de la planification. Pourquoi l’entreprise veut-elle aller à l’international ? Cela ne doit pas être une fin en soi, mais un moyen pour atteindre des objectifs de croissance et de développement de l’entreprise. La vision que la haute direction a de la mission de l’entreprise doit s’incarner dans ce projet et être communiquée à l’ensemble des employés. Une fois la décision prise, « il faut se donner les moyens de réussir et les donner aussi à ses employés, martèle Laura Boivin, présidente de Fumoir Grizzly. L’engagement va au-delà des mots, il faut poser des gestes concrets. » Elle conseille de ne pas hésiter à embaucher un consultant externe pour se faire conseiller.