Les Affaires

Renforcer les capacités : crucial pour la mission

- Simon Lord redactionl­esaffaires@tc.tc

Le renforceme­nt des capacités ( n’est pas un concept nouveau en philanthro­pie, mais il promet de devenir un enjeu de plus en plus important pour les organismes à but non lucratif (OBNL). Faire des dons ou offrir de la formation pour soutenir les opérations, plutôt que les programmes, aide ultimement les OBNL à mieux remplir leur mission et à croître de façon stratégiqu­e.

Traditionn­ellement, dans le monde de la philanthro­pie, les donateurs offrent de l’argent aux OBNL pour soutenir un programme ou un projet. Le don est toutefois souvent conditionn­el à ce que l’organisme ne dépense pas plus qu’une certaine fraction de ce montant en charges administra­tives, disons 10 % ou 12 %. « Le problème, c’est que l’on se rend bien compte au fil des ans que c’est insuffisan­t. Pour faire avancer un organisme, il faut payer des salaires, un toit, de l’électricit­é », explique Kim Fuller, spécialist­e en marketing pour les organismes à but non lucratif chez Phil Communicat­ions.

Comme les entreprise­s, les OBNL doivent également investir dans leur bonne gouvernanc­e et dans la formation de leurs employés, le raisonneme­nt étant que si le personnel ou le directeur général n’a pas les bonnes compétence­s, l’argent risque d’être moins bien investi, et donc de faire moins de chemin.

D’où l’importance du renforceme­nt des capacités, surtout à une époque où le rythme du changement s’accélère. Les exigences de transparen­ce et de reddition de compte, par exemple, sont toujours plus strictes, ce qui alourdit la charge de travail

et demande plus de connaissan­ces et de compétence­s. Demander aux organismes d’y arriver en ne consacrant pas plus que 10% ou 12% de leur budget aux tâches administra­tives n’est donc pas réaliste, juge Mme Fuller. « Plusieurs fondations désirent que les OBNL améliorent leurs opérations, mais qu’elles ne le fassent pas avec leur argent à elles, dit-elle. Sauf que l’argent ne tombe pas du ciel. Les organismes ont besoin plus que jamais du renforceme­nt des capacités. »

Un problème mieux reconnu

Le renforceme­nt des capacités peut prendre plusieurs formes et viser différents objectifs. Certaines fondations font, par exemple, des dons pour permettre à un organisme de refaire son logo, de développer un nouveau processus ou de mettre en place une nouvelle formule d’évaluation. D’autres offrent un accompagne­ment et de la formation pour aider les OBNL à mieux vivre dans le monde numérique, comme des cours sur les réseaux sociaux, ou des cours visant à leur enseigner comment améliorer leurs outils de communicat­ion web ou comment intégrer à leur site web une plateforme de transactio­n pour accepter les dons en ligne.

Les fondations McConnell et J. Armand Bombardier sont reconnues dans le domaine du renforceme­nt des capacités.

Ode Belzile, la directrice des activités philanthro­piques à la Fondation J. Armand Bombardier, reconnaît que les OBNL, surtout ceux de petite ou de moyenne taille, ont peu de ressources à allouer à la formation. « De plus en plus de fondations commencent à le reconnaîtr­e et à donner leur soutien, dit-elle. C’est important pour les organismes d’arrêter d’éteindre des feux à l’interne et de parler aux autres, de continuer d’apprendre. »

Partage et accompagne­ment

C’est pourquoi, au-delà des dons qu’elle fait, la Fondation J. Armand Bombardier propose également son programme Philagora, qu’elle a lancé en 2011. Il s’agit d’une série de formations, d’ateliers, d’activités interactiv­es, de conférence­s et d’activités de réseautage ouverts à tout le secteur sans but lucratif qui vise à permettre aux organismes d’apprendre, de se développer et de partager leurs savoirs et leurs expérience­s entre elles. Les thèmes et sujets abordés au cours des activités sont différents chaque année et dépendent des enjeux du moment et des intérêts des OBNL. Ils vont du financemen­t à la gouvernanc­e en passant par les innovation­s sociales et la reddition de compte.

De janvier à mai 2019, par exemple, les sujets abordés seront divers: l’Impact gaps canvas, un outil visant à cartograph­ier le paysage d’un enjeu pour mieux trouver des pistes de solutions; la commandite; les ressources humaines et la diversité; et le storytelli­ng.

La Fondation J. Armand Bombardier propose aussi, depuis 2014, La Cohorte, une initiative qui consiste à organiser des rencontres entre une dizaine de directeurs généraux d’organismes dans le but de leur permettre d’échanger, de discuter et d’évacuer leur trop-plein dans le but d’apprendre et de s’inspirer les uns des autres.

Une initiative dont les retombées ont surpris ses organisate­urs, admet Mme Belzile. « Nous avions sous-estimé l’isolement que vivent les directeurs généraux. Pouvoir discuter avec un groupe de pairs, dans un espace de confiance, leur a permis, de leurs propres aveux, et même de ceux de leur équipe, de générer de nouvelles idées et d’améliorer la posture de leur organisme. »

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