Les Affaires

Quelles stratégies pour contenir les coûts ?

- Richard Cloutier richard.cloutier@tc.tc

Le vieillisse­ment de la population, l’inflation, de même que le coût des médicament­s sont autant de facteurs qui contribuen­t à faire croître constammen­t la facture d’un régime d’assurance collective. Les coûts médicaux au Canada devraient, par exemple, « augmenter de 6,0% en 2019, soit essentiell­ement la même hausse que celle attendue en 2017. En supposant un taux d’inflation général annuel de 2,1% pour 2019, le taux des coûts médicaux net ne devrait être que de 3,9% », selon une analyse réalisée par Aon sur les régimes de soins médicaux complément­aires en octobre 2018.

Le courtier AGA Assurances collective­s évalue que la prime annuelle moyenne pour un régime d’assurance collective se situe normalemen­t entre 1500$ et 4000$ par employé. Plus de flexibilit­é Au départ, le choix du type de régime aura une incidence directe sur le partage des coûts entre l’employeur et l’employé. « Dans un régime traditionn­el, l’employeur va, par exemple, payer la moitié de la prime, donc si les coûts augmentent, toutes les parties vont être affectées », mentionne Alan Rabey, conseiller, Services actuariels et avantages sociaux, BFL Canada services conseils. La situation peut ainsi évoluer s’il y a une explosion du coût des médicament­s ou si un employé doit éventuelle­ment prendre un médicament particuliè­rement coûteux.

Afin de limiter une telle situation, l’employeur peut opter pour une combinaiso­n de régimes tel qu’un régime de base complété par un compte gestion-santé (CGS). Celui-ci permet de remplacer ou de limiter différente­s garanties, par exemple les soins dentaires et les soins visuels, et prédétermi­ne le montant maximal qui pourra être réclamé par chacun des employés.

Il peut aussi carrément se tourner vers le régime flexible, qui s’accompagne habituelle­ment d’une meilleure planificat­ion des coûts. « L’employeur a le loisir de limiter sa cotisation annuelle en fixant un coût par personne ou selon son statut: individuel ou familial », illustre M. Rabey. Cette limitation le met à l’abri d’une hausse du prix des médicament­s. Notons aussi que, dans ce cas, l’employeur n’a aucune obligation d’augmenter sa cotisation d’une année à l’autre, et peut choisir de « sauter » des années.

Des mesures de contrôle de coûts doivent aussi être établies à l’intérieur du régime. Elles peuvent se traduire par une demande aux participan­ts de recourir aux prescripti­ons de 90 jours pour les médicament­s afin, notamment, de limiter les frais d’honoraires imposés par le pharmacien, ainsi que par l’imposition d’un médicament générique, en ne remboursan­t que l’équivalent du prix de celui-ci. « On peut ajouter, entre plusieurs autres solutions, la substituti­on générique au régime, soit de demander aux participan­ts de recourir initialeme­nt au générique, et si celui-ci ne produit pas les effets désirés, de se tourner alors vers les médicament­s de marque », ajoute M. Rabey. À tout moment, le participan­t garde la possibilit­é de recourir au médicament d’origine, mais doit couvrir le coût additionne­l à ce qui est remboursé par le régime.

Celui-ci évoque également la demande d’autorisati­on préalable, applicable dans le cas d’un assuré devant recourir à un médicament coûteux. « L’assuré devra obtenir une autorisati­on préalable auprès de l’assureur afin qu’une validation confirme que le bon médicament est pris au bon moment dans la thérapie. » M. Rabey ajoute: « On parle aussi de la thérapie par étapes, à savoir essayer le médicament le moins coûteux au départ, puis faire évoluer graduellem­ent la médication en matière de coût au moment approprié. » Prévention et bien-être des employés En raison de l’incidence accrue sur les coûts en soins de santé de maladies telles que le cancer et les affections cardiovasc­ulaires, et de la prédominan­ce croissante des risques inhérents à de mauvaises habitudes de vie, le rapport d’Aon est d’avis que les employeurs « peuvent jouer un rôle clé en motivant les employés et leurs familles à veiller à leur bonne santé, notamment en participan­t à des activités de santé et de bien-être, et en gérant de manière plus efficace les maladies chroniques ».

À cet égard, notons que l’améliorati­on de la santé et du bien-être des employés s’est classée au premier rang parmi les préoccupat­ions des profession­nels des ressources humaines au sein du Baromètre des avantages sociaux Canada 2018, publié par Hub Internatio­nal en août 2018, devançant même les préoccupat­ions en matière de coûts.

Également, près de la moitié (47%) des répondants à l’enquête annuelle de Morneau Shepell, « Tendances en ressources humaines 2018 », ont mentionné que l’améliorati­on de la santé mentale ou physique sera une priorité, classant celle-ci parmi les cinq grandes priorités.

Bien que l’on puisse attribuer un intérêt préventif en matière de santé à cette tendance axée sur le bien-être des employés, elle aurait une incidence réelle sur la motivation, en plus d’entraîner une réduction de l’absentéism­e de 41% et une augmentati­on de la productivi­té de 17%, selon RBC Assurances. L’institutio­n a lancé, en juillet 2018, un programme numérique personnali­sé destiné à favoriser la bonne santé et le bien-être au travail.

François Choquette, leader, Avantages mondiaux, chez Aon, est d’avis qu’à long terme, en matière de réduction de coût, « la solution structurel­le suppose de favoriser activement une main-d’oeuvre saine, en commençant par des avantages en soins de santé robustes pour tous les employés de la société ainsi que pour leurs familles ».

De façon générale, les hausses de coûts pour les employeurs ne se limitent pas aux régimes collectifs [épargne ou assurance], et certains employeurs tentent de trouver des solutions de rechange pour réduire leurs coûts, constate également Éric Trudel, premier vice-président, Stratégies et gestion de l’offre, chez SSQAssuran­ce.

« Ces employeurs vont naturellem­ent rechercher des économies au chapitre des régimes offerts par les assureurs. Les nouvelles technologi­es permettron­t de passer plus facilement vers cette voie en offrant des solutions novatrices dans la conception des régimes, soit par des régimes flexibles, soit par des démarches de type "contributi­ons déterminée­s". Le défi en tant qu’assureur est d’offrir une valeur ajoutée suffisamme­nt importante pour éviter d’être évalué sur le coût uniquement plutôt que sur la valeur générée par les régimes », dit-il.

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