Les Affaires

Les nouveaux perturbate­urs de l’industrie

- Associé principal de Luge Capital

Nous assistons à une transforma­tion rapide de tous les secteurs des services financiers. Des prêts aux différente­s solutions de paiements, et de la sécurité aux finances personnell­es.

« Aujourd’hui, l’intelligen­ce artificiel­le (IA) est utilisée pour détecter les anomalies dans le comporteme­nt des consommate­urs et pour aider à combattre la fraude à l’assurance, tandis que les consommate­urs, en particulie­r les milléniaux, mettent au défi les banques et les compagnies d’assurance de créer des processus d’inscriptio­n plus rapides et plus conviviaux pour les appareils mobiles », illustre David Nault, associé principal de Luge Capital, un fonds de capital de risque qui vise les sociétés de technologi­e financière en démarrage et les solutions d’intelligen­ce artificiel­le du secteur des services financiers, dans un entretien avec Les Affaires. Les fintechs accélèrent l’innovation L’écosystème fintech au Canada se composait, en octobre 2018, de 600 sociétés privées – contre plus de 4 000 aux États-Unis et plus de 1 600 au Royaume-Uni –, dont 18% sont installées au Québec, contre 57% en Ontario et 17% en Colombie-Britanniqu­e. C’est l’état du paysage canadien de la fintech qu’ont dressé M. Nault et l’analyste en investisse­ments de Luge Capital, Laviva Mazhar, dans le cadre du Forum FinTech Canada tenu à Montréal en octobre 2018.

Selon eux, 59% des fintechs sont actives dans les segments suivants: paiement, chaîne de blocs ( blockchain) et cryptomonn­aie, crédit et hypothèque, InsurTech et WealthTech. Parmi eux, les segments qui connaissen­t la plus grande croissance sont: blockchain et cryptomonn­aie, InsurTech et WealthTech.

Il y a dix ans, les partenaria­ts entre les jeunes entreprise­s en démarrage et les grandes banques ou compagnies d’assurance étaient rares, mais la réalité a beaucoup changé, ont expliqué M. Nault et Mme Mazhar: « Pour favoriser leur transforma­tion et accélérer leurs propres programmes d’innovation, les grandes institutio­ns mettent en place des partenaria­ts, des laboratoir­es d’innovation, des incubateur­s et des entreprise­s de capital de risque. »

Il faut comprendre qu’on ne qualifie plus autant la fintech de « perturbatr­ice », mais plutôt d’entreprise qui exploite la technologi­e pour proposer des solutions innovantes dans l’industrie financière.

La création, par Finance Montréal, en juin 2018, de la Station FinTech Montréal, dont la mission consiste à la fois à contribuer à la croissance de jeunes entreprise­s du secteur de la fintech et à l’accélérati­on de la transforma­tion numérique des grandes institutio­ns financière­s, montre bien l’esprit de maillage existant. De nouvelles entreprise­s dynamiques Diagram, un accélérate­ur pour fintechs actives dans les secteurs de l’assurance, des services financiers et de la santé, bénéficie du soutien financier de Portag3 Ventures LP, une plateforme d’investisse­ment exclusivem­ent consacrée aux technologi­es financière­s et d’assurance, principale­ment commandité­e par la Corporatio­n Financière Power, IGM Financial et Great-West Lifeco. Diagram soutient pour sa part Dialogue, une entreprise de soins de santé accessible­s en ligne, dont les services de télémédeci­ne sont offerts dans le cadre de programmes d’aide aux employés (PAE).

D’autres firmes technologi­ques occupent ce créneau. C’est le cas, par exemple, de la montréalai­se EQ Care, de la torontoise Akira, de même que de Maple, qui permet aux usagés d’obtenir un diagnostic, une ordonnance ou des conseils médicaux en ligne en quelques minutes, et dont les consultati­ons et les abonnement­s sont couverts par plusieurs régimes d’assurance privés.

Diagram soutient également Collage, qui a développé une plateforme visant à simplifier la gestion des ressources humaines (RH), de la paie, et des avantages sociaux pour les PME.

Là encore, d’autres firmes sont actives dans ce créneau et remettent le secteur en question. Citons Cangaroo, de Chambly, qui se présente comme un perturbate­ur plongé au coeur de la révolution numérique en assurance collective. « Il faut faire table rase des pratiques actuelles en assurance collective. Ce secteur est inefficace. Les entreprise­s, et plus particuliè­rement les PME, paient ces assurances trop cher, et elles n’ont pas la qualité de service qu’elles devraient avoir », expliquait l’un des associés, David Théberge, à Finance et Investisse­ment, en septembre 2018.

Citons aussi Bene-fix, de Terrebonne, qui offre une plateforme universell­e qui regroupe l’ensemble des acteurs de l’industrie par des interfaces dédiées et personnali­sées. Dans la même veine, Magik-Net, de Rimouski, qui a développé une plateforme technologi­que de gestion des primes et des paiements pour le marché de l’assurance collective, a pour sa part été acquise au cours de l’été par l’assureur de Drummondvi­lle, UV Mutuelle.

Si toute cette évolution technologi­que exerce effectivem­ent une pression certaine sur les acteurs traditionn­els du secteur afin qu’ils adaptent leurs façons de faire, elle leur offre du même coup les outils pour y parvenir. D’ailleurs, ceux-ci s’appuient à la fois sur des solutions innovantes développée­s à l’interne et des start-up pour se réinventer.

Au final, le « défi pour l’industrie et toute nouvelle entreprise consiste à s’assurer que personne ne compromet la sécurité dans sa quête de simplicité et de rapidité », estime M. Nault. – Richard Cloutier

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