Les Affaires

Dominique Beauchamp

Un trio qui laisse perplexe

- Recommanda­tions d’analystes Dominique Beauchamp dominique.beauchamp@tc.tc beauchamp_dom

Le sort d’Uni-Sélect, Mediagrif et Pages Jaunes sera scellé en 2019. Les deux premières examinent leurs options stratégiqu­es. L’éditeur d’annuaires, devenu société de marketing numérique, veut plutôt se redresser. Le trio vient de rendre des comptes, mais le « brouillard » est encore trop dense pour y voir clair, comme l’évoque Bentley Cross, de TD Valeurs mobilières, au sujet de Pages Jaunes. Pages Jaunes (Y, 6,47$) Le nouveau PDG entretient le flou sur ses visées à plus long terme, ce qui complique l’analyse du titre, qui joue d’ailleurs au yo-yo depuis le début de l’année.

Issu du fonds privé Bain Capital, Daniel Eckert a rapidement mis à pied la moitié des effectifs, a vendu des filiales et a charcuté les dépenses, sans dire mot sur ce qu’il compte faire pour rétablir les revenus publicitai­res.

L’arrivée de nouveaux actionnair­es américains – Golden Tree Asset Management et Empyrean Capital Partners, avec 24% et 18% des actions – ajoute à l’intrigue.

Il y a une limite à couper dans les dépenses, une tactique qui ne garantit pas une améliorati­on durable de la rentabilit­é lorsque les revenus flanchent autant, croit M. Cross, de TD.

« Le titre se négocie seulement à deux fois son bénéfice d’exploitati­on, mais tant que la société ne stabiliser­a pas ses revenus, cette évaluation déprimée devrait se poursuivre », écrit-il.

Au troisième trimestre, les ventes numériques ont chuté de 19%, sans l’effet de la vente de filiales.

« La prudence prévaut pour cette société qui sabre dans les dépenses, mais dont la pression aiguë sur les ventes persiste », note aussi Adam Shine, de Financière Banque Nationale. L’analyste diminue le cours cible de 12 $ à 10$. L’impact financier des coupes et la réduction rapide de la dette impression­nent Aravinda Galappatth­ige, de Canaccord Genuity.

Par contre, le redresseme­nt des revenus numériques est trop incertain pour miser sur le titre. Il retire donc sa recommanda­tion d’achat et abaisse son cours cible de 12 $ à 9$. Uni-Sélect (UNS, 21,48$) Le distribute­ur de pièces et de peinture automobile­s a mieux performé que prévu au troisième trimestre. Toutefois, l’annonce que les flux de trésorerie libres seront nuls en 2019 a fait retomber le titre.

Un important fournisseu­r de peinture change les délais de paiement qu’il exige, causant un manque à gagner de 56 M$ US pour Uni-Sélect en 2019.

« Ce changement unilatéral justifie encore plus l’examen stratégiqu­e », fait valoir Benoit Poirier, de Desjardins Marché des capitaux.

Le PDG intérimair­e, Alain Courville, n’a donné aucun détail au sujet de l’avancement du mandat confié à JP Morgan.

Son cours est bien inférieur à la valeur de 30 $ à 31$ que les analystes lui attribuent dans une vente potentiell­e.

Le potentiel réside dans l’écart entre sa valeur boursière de 952 millions de dollars et le prix de 1,3 milliard qu’elle pourrait obtenir pour sa filiale américaine de peinture pour carrossier­s FinishMast­er.

Jonathan Lamers, de BMO Marchés des capitaux, réitère qu’Uni-Sélect vaudrait 27$ si elle vendait FinishMast­er et 23$ si la vente échouait.

Entretemps, Uni-Sélect a accru de 20 M$ à 25 M$ les économies de son plan de rationalis­ation, d’ici 2020.

Mediagrif (MDF, 9,66$)

Le cas de Mediagrif est encore plus nébuleux parce que le PDG et principal actionnair­e Claude Roy et le Fonds de solidarité de la FTQ, avec 24% et 16% des actions, auront une influence sur la mise en vente.

Si, en septembre, trois analystes estimaient que le propriétai­re de LesPAC et de Jobboom vaudrait de 12 $ à 17$ dans une vente en bloc ou en pièces détachées, l’enthousias­me s’est tempéré depuis.

Richard Tse, de Financière Banque Nationale, parle d’un titre coincé en mode « attente », tandis que Maher Yaghi, de Financière Banque Nationale, craint que le désengagem­ent de M. Roy freine bien des projets.

Il suggère de conserver le titre et ne touche pas à son cours cible de 12$.

L’analyste croit toujours qu’un fonds privé serait le prétendant le plus naturel pour Mediagrif étant donné ses solides flux de trésorerie libres, son bilan peu endetté et l’éventail hétéroclit­e de ses onze cybermarch­és et sites.

Amr Ezzat, d’Echelon Wealth Partners, reste convaincu qu’un démantèlem­ent est le meilleur moyen de mettre au jour la valeur des plateforme­s les plus performant­es telles qu’InterTrade et ASC.

Dans l’intervalle, les flux de trésorerie annuels de 14M$ procurent un bon point d’appui au titre auquel il accorde un cours cible de 15$.

Nick d’Agostino, de Valeurs mobilières Banque Laurentien­ne, augmente son cours cible de 11,50 $ à 12$ et recommande à nouveau l’achat du titre dont il apprécie les marges, le bilan peu endetté et les flux de trésorerie libres.

Il estime que Mediagrif pourrait attirer une offre de 15$.

Le manque de clarté est un irritant pour les investisse­urs quand vient le temps d’évaluer le potentiel de mise aux enchères.

La mauvaise conjonctur­e boursière de l’automne mine aussi le moral des financiers.

D’expérience, ce genre d’environnem­ent est souvent propice aux surprises.

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