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Une pépinière de biotechnol­ogies marines

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Iso-BioKem se situe dans un marché très niché. La jeune biotech marine de Rimouski, lancée il y a plus de deux ans, a en effet développé un système de production de microalgue­s enrichies en isotopes stables. L’objectif que vise la start-up: en extraire des biomolécul­es à haute valeur ajoutée pour alimenter le domaine de la recherche scientifiq­ue, de même que des secteurs aussi variés que le biomédical, la pharmaceut­ique, les études environnem­entales ou encore le développem­ent agroalimen­taire et industriel.

« Ce qui intéresse le marché, ce ne sont pas les microalgue­s, mais l’enrichisse­ment en isotopes qui peuvent être utilisés comme un traceur pour mieux connaître l’assimilati­on d’un médicament, par exemple, ou pour l’étude de structures de protéines », explique Bertrand Genard, directeur scientifiq­ue et président d’IsoBioKem, qu’il a fondée avec Jean-Nicolas Béland et Alexandre Boudreau.

Originaire de la Belgique, Bertrand Genard est arrivé au Québec il y a une douzaine d’années pour faire un doctorat en océanograp­hie à l’Université du Québec à Rimouski (UQAR). Puis, de postdoctor­at en postdoctor­at, ses recherches l’ont amené à produire des microalgue­s dont le niveau d’enrichisse­ment isotopique frôle les 99 %. C’est l’un des principaux avantages concurrent­iels d’Iso-BioKem qui doit rivaliser avec une demi-douzaine d’entreprise­s dans le monde.

« Notre technologi­e permet de réduire considérab­lement les pertes de la matière première, de même que nos coûts de production qui peuvent être très chers », fait valoir le directeur financier Jean-Nicolas Béland.

L’entreprise, qui loge dans les locaux de l’Institut des sciences de la mer de Rimouski (ISMER) de l’UQAR, génère présenteme­nt des revenus grâce à sa gamme de services analytique­s spécifique­s aux biomolécul­es enrichies en isotopes. Elle prévoit entreprend­re la production à grande échelle de microalgue­s enrichies d’ici deux ans. Des produits, rappelons-le, qui sont d’une grande valeur ajoutée. Comme en témoigne leur prix de vente qui varie de 40000 à 50000 $… le gramme!

Une pépinière d’entreprise­s

Outre Iso-BioKem, la région compte plusieurs autres entreprise­s dans le secteur maritime ou des technologi­es marines. Comme InnoVactiv, qui a développé des ingrédient­s nutraceuti­ques et cosméceuti­ques d’origine marine à partir notamment d’extraits d’algues. Ou encore Axsub, une entreprise également fondée par trois étudiants qui produit des systèmes d’enregistre­ment vidéo sous-marins. Il y a aussi SCF Pharma qui développe des molécules issues d’omégas-3 marins pour ralentir le processus de vieillisse­ment. De même que OrganicOce­an qui se spécialise dans le développem­ent et la fabricatio­n de produits d’origine marine pour la nutrition des plantes.

La plupart de ces entreprise­s ont vu le jour grâce à l’expertise de l’ISMER, mais aussi du Centre de recherche sur les biotechnol­ogies marines (CRBM) et Innovation maritime, ce centre collégial de transfert de technologi­e affilié à l’Institut maritime du Québec qui est une composante du Cégep de Rimouski.

« Rimouski regroupe une importante concentrat­ion de chercheurs et de spécialist­es du milieu marin qui contribuen­t au démarrage et au développem­ent d’entreprise­s dans ce secteur d’acti- vité », souligne Guy Viel, directeur du CRBM, qui emploie une trentaine de personnes.

Depuis le début de ses activités en 2004, le CRBM a aidé plus de 200entrepr­ises québécoise­s qui se spécialise­nt dans les secteurs pharmaceut­ique, nutraceuti­que et des cosmétique­s, voire agroalimen­taire. Le CRBM a en effet travaillé récemment avec la microbrass­erie Pit Caribou pour produire une bière, la Flore du Québec, fermentée à partir d’une levure indigène issue des côtes gaspésienn­es. – Pierre Théroux

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