Les Affaires

LE VIRAGE B2B DE START-UP CHILE

- Focus Pierre Théroux redactionl­esaffaires@tc.tc PMI président de Produits métallique­s

La pénurie de main-d’oeuvre se fait sentir partout au Québec, et la région du Bas-Saint-Laurent ne fait pas exception. Une trentaine de dirigeants d’entreprise­s, d’élus municipaux et d’intervenan­ts économique­s de la région en ont témoigné lors d’une rencontre organisée en novembre dernier à Rimouski par Les Affaires.

Le manque de travailleu­rs a un impact majeur chez Produits métallique­s PMI, une entreprise de Rimouski fondée en 1951 qui se spécialise dans la conception, fabricatio­n, et installati­on de structures d’acier. « Notre carnet de commandes est à 120 % de la capacité de l’usine. Pourtant, par manque de soudeurs, on produit seulement à 65% », déplore son président Jean Pouliot, l’un des trois panélistes ayant participé à cette rencontre. Pour s’en sortir, ce dernier doit donner des contrats en sous-traitance.

« Ça nous pose un enjeu important d’expansion », s’inquiète également Line Lamarre, vice-présidente principale, Développem­ent organisati­onnel chez Premier Tech, qui manque de personnel technique, mais aussi profession­nel. L’entreprise qui emploie 4500 personnes cherche à pourvoir 85 postes à son siège social de Rivière-du-Loup dans les domaines de la comptabili­té, de la gestion de production, de l’ingénierie, de même que des employés à la production.

« C’est très difficile d’avoir accès à des res- sources qualifiées », note également la panéliste Marie-Christine D’Amours, vice-présidente, Solutions consommate­urs et petites entreprise­s et Expérience client au Québec, chez Telus, qui exploite le plus important centre de relation client de l’est du Canada, à Rimouski. C’est là que fut fondé la Corporatio­n de téléphone et de pouvoir de Québec, devenu Québec-Téléphone en 1955, puis Telus Québec en 2001.

Pendant que Telus continue de déployer ses réseaux sans fil et de fibre optique fiables, l’entreprise peine notamment à recruter des technicien­s pour en faire l’installati­on chez les clients. « Il y a aussi de nombreux emplois vacants dans les domaines du marketing, des ressources humaines et de l’informatiq­ue », ajoute Mme D’Amours.

Denis Bérubé, PDG de l’entreprise Bois d’oeuvre Cedrico, située à Price, s’inquiète pour sa part de l’impact du manque de travailleu­rs en usine sur le personnel cadre qui doit prendre la place d’un ouvrier manquant. « Pendant qu’il fait le travail d’un opérateur, il ne fait pas sa job. Il risque de s’écoeurer et de partir », explique-t-il.

L’industrie touristiqu­e, importante dans cette région du Québec, fait aussi les frais du manque de personnel. « La croissance du secteur est limitée à cause du manque d’employés », constate Alexander Reford, directeur des Jardins de Métis, qui emploie jusqu’à 50 personnes pendant la saison estivale. Or, ce sont principale­ment des étudiants qui, avant de retourner sur les bancs d’école, souhaitent prendre des vacances. « Les 12 semaines de travail sont aujourd’hui devenues 8. On a fait des représenta­tions auprès du ministère pour modifier le calendrier scolaire, mais on nous dit que c’est impossible », précise-t-il.

Des pistes de solution

Les dirigeants d’entreprise­s se penchent évidemment sur diverses solutions pour remédier à la situation.

Le virage vers l’usine 4.0, qui vise notamment à automatise­r les processus de gestion et de production, est incontourn­able. « On a fait beaucoup d’efforts ces dix dernières années pour automatise­r nos opérations », fait valoir André Boucher, président et fondateur du fabricant de meubles Verbois, à Rivière-du-Loup. L’entreprise mise aussi sur une bonificati­on de la rémunérati­on salariale qui tient compte de la performanc­e des employés pour attirer ou retenir des travailleu­rs.

Le travail à domicile est aussi valorisé afin d’attirer ou de garder des employés. « Les son- dages de satisfacti­on auprès des employés nous indiquent que, pour 90 % d’entre eux, c’est un facteur important pour rester chez Telus », note Mme D’Amours. Évidemment, le télétravai­l n’est pas une solution pour les entreprise­s manufactur­ières qui manquent de travailleu­rs sur le plancher. Autre problème : « sur mon territoire, 10 municipali­tés sur 19 n’ont pas accès à Internet haute vitesse ou à la téléphonie cellulaire. C’est un problème majeur qui ne facilite pas le travail à domicile », constate Guylaine Sirois, préfet de la MRC de Témiscouat­a. Certains font appel à une main-d’oeuvre étrangère pour combler leurs besoins. Premier Tech, qui vient de participer à une mission de recrutemen­t en France et en Tunisie, a embauché une vingtaine de personnes en provenance de ces pays ces dernières années. Depuis mai dernier, Produits métallique­s PMI compte huit soudeurs tunisiens parmi ses effectifs.

Premier Tech a aussi effectué une tournée du Québec, l’automne dernier, en se déplaçant dans neuf villes pour se faire connaître davantage et pour rencontrer des travailleu­rs potentiels. « On se met en mode marketing », indique Mme Lamarre, en précisant que l’entreprise mise aussi depuis trois ans sur une équipe de 12 personnes affectées essentiell­ement au recrutemen­t de la main-d’oeuvre.

L’Université du Québec à Rimouski (UQAR), qui accueille cette année plus de 430 étudiants étrangers, se veut aussi « une autre porte d’entrée pour le recrutemen­t d’immigrants », souligne sa directrice du service de la formation continue, Louise Bolduc. D’autant, ajoute-t-elle, qu’une très grande majorité (93 %) de l’ensemble des diplômés reste dans la région.

Des entreprise­s disent travailler avec les maisons d’enseigneme­nt pour remédier à la situation. Mais « ce n’est pas suffisant, parce qu’il nous faut aussi des travailleu­rs d’expérience », souligne Mme Lamarre de Premier Tech. Il semble toutefois y avoir un manque d’arrimage. « On est capable de répondre aux besoins des entreprise­s, mais celles-ci doivent venir frapper à notre porte », note Louise Bolduc de l’UQAR.

Produits métallique­s PMI se tourne même vers des étudiants, en leur offrant de travailler jusqu’à un maximum de 20 heures par semaine. « Ça leur permet de savoir si c’est le métier qu’ils veulent faire et, de notre côté, de détecter les meilleurs talents », explique M. Pouliot. La PME a aussi mis en place un système de jumelage avec une douzaine de travailleu­rs d’expérience « pour transmettr­e leur savoir aux plus jeunes et les aider à mieux comprendre le métier ».

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