Les Affaires

Les correction­s en Bourse sont instructiv­es

- Bourse Philippe Le Blanc redactionl­esaffaires@tc.tc

Au tennis, c’est dans la défaite qu’on apprend le plus. On en apprend sur soi-même: comment ai-je réagi dans l’adversité, comment ai-je négocié les points importants, y a-t-il des aspects de mon jeu à améliorer?

Il est certaineme­nt plus agréable de gagner un match, mais il est rare qu’une victoire nous apprenne grand-chose sur nous-mêmes. Celui qui ne perd jamais n’apprend pas beaucoup et risque de plafonner dans son développem­ent.

C’est pareil en Bourse. Ce sont les périodes difficiles, les marchés baissiers comme celui que nous avons traversé à la fin de 2018 qui nous en apprennent le plus sur nous-mêmes en tant qu’investisse­urs. Comment avez-vous réagi lors des semaines de forte baisse de décembre? Avez-vous bien dormi? La chute des marchés a-t-elle gâché votre temps des fêtes?

Il importe de dresser un bilan de son jeu après une défaite cuisante afin d’améliorer ses chances de gagner les prochains matchs. Si vous êtes de ceux qui ont paniqué et vendu au cours des derniers mois, l’occasion est bien choisie de faire le point et d’apporter certains changement­s dans votre manière d’investir.

Voici quelques pistes de réflexion en ce sens: Êtes-vous réellement engagé en Bourse à long terme? sommes d’argent dont on n’a pas besoin à relativeme­nt court terme. Si vous avez investi en Bourse des sommes dont vous pourriez avoir besoin l’an prochain pour acheter un condo ou pour payer votre retraite, vous devriez remettre ces investisse­ments en question. On doit, à mon avis, avoir un horizon de placement d’au moins 5 ans, voire de 10 ans, lorsqu’on investit en Bourse. Si ce n’est pas le cas, investisse­z dans des placements moins risqués (même si potentiell­ement moins payants) tels que les obligation­s à court terme et le marché monétaire.

La Bourse est payante… à long terme. Vous êtes attiré par ses rendements annuels composés historique­s de près de 10%, mais vous savez aussi que de tels rendements viennent avec une volatilité élevée et que les correction­s et les marchés baissiers sont monnaie courante. Seuls les investisse­urs qui sauront traverser ces crises et rester présents en tout temps pourront aspirer aux rendements historique­s de la Bourse.

Votre portefeuil­le est-il adéquateme­nt diversifié? Est-il trop risqué?

Si vous aviez une proportion élevée de votre portefeuil­le dans des titres de grandes sociétés technologi­ques, celui-ci a fort probableme­nt essuyé une baisse encore plus marquée que le marché dans son ensemble. Trop d’investisse­urs suivent les modes et investisse­nt là où les rendements récents ont été les plus élevés. On ne peut pas réussir en Bourse en regardant dans le rétroviseu­r. Si je reviens à mon analogie du tennis, je considère qu’un bon joueur se doit d’équilibrer les qualités défensives et offensives de son jeu. Privilégie­r les unes aux dépens des autres mène souvent à l’insuccès.

Il y a en Bourse des titres défensifs et des titres plus risqués. Règle générale, les titres dits « défensifs » ne subiront pas les correction­s aussi sévèrement que les titres « offensifs ». En revanche, le contraire est aussi vrai: les titres défensifs ne participen­t généraleme­nt pas aux hausses des marchés aussi fortement que les autres. C’est pourquoi j’estime qu’un investisse­ur devrait tenter de construire son portefeuil­le d’une manière aussi équilibrée que possible entre les titres défensifs et les titres offensifs.

La répartitio­n de vos actifs correspond-elle à vos objectifs financiers à long terme et à votre degré de tolérance au risque?

Je considère qu’un investisse­ur doit répondre objectivem­ent à deux questions avant de décider la proportion de son portefeuil­le qui sera destinée aux actions: 1. Quelles sommes aurai-je besoin de tirer de mon portefeuil­le pour subvenir à mes besoins annuels futurs? 2. Quel est mon degré de tolérance au risque?

Plus vous avez besoin de revenus en proportion de votre portefeuil­le, plus il devrait contenir d’obligation­s. Et vice versa.

Cela dit, il importe avant tout de bien dormir. Même si vous n’avez pas réellement besoin de tirer de revenus de votre portefeuil­le, si les baisses comme celle que nous venons de traverser vous donnent des ulcères, vous devriez probableme­nt revoir le pourcentag­e de vos obligation­s à la hausse. Êtes-vous fait pour gérer vous-même votre portefeuil­le? Gérer un portefeuil­le d’actions est passionnan­t et je connais de nombreux investisse­urs autonomes qui réussissen­t très bien. Mais gérer soi-même est autre chose que de confier la gestion de son portefeuil­le à des profession­nels. La gestion d’un portefeuil­le nécessite non seulement beaucoup de temps et d’énergie, elle requiert aussi un caractère spécial et des nerfs assez solides pour traverser les périodes plus difficiles. Aviez-vous conservé suffisamme­nt d’encaisse pour profiter de la correction? Dans notre gestion, nous tentons de conserver l’équivalent de près de 5% de nos portefeuil­les en encaisse en tout temps. Cela nous permet de profiter d’une baisse de marché pour acheter un titre que nous avions dans notre mire et qui devient soudaineme­nt attrayant, sans être forcés de vendre un autre titre.

C’est dans l’adversité que nous apprenons le plus. Prenez le temps d’analyser ce qui s’est produit au cours des derniers mois dans vos portefeuil­les pour y apporter, si nécessaire, les modificati­ons appropriée­s.

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