Les Affaires

Richard Guay

- Gestion de portefeuil­le Chronique

La nouvelle utilité du dividende

L’anticipati­on des rendements des marchés boursiers et obligatair­es joue un rôle déterminan­t dans la répartitio­n de l’actif d’un portefeuil­le diversifié. Prévoir correcteme­nt si le rendement du marché boursier sera supérieur ou inférieur à celui du marché obligatair­e permettra d’effectuer une meilleure répartitio­n de l’actif, ce qui bonifiera la performanc­e de votre portefeuil­le.

L’année 2018 fournit un bon exemple du phénomène. Avec le recul des marchés boursiers au dernier semestre de 2018, les portefeuil­les qui ont affiché la meilleure performanc­e sont ceux qui avaient une faible pondératio­n en actions. Ceux qui avaient une forte pondératio­n en obligation­s ont mieux performé. Par contre, au deuxième trimestre de 2018, c’était l’inverse. Les marchés boursiers ont été favorables et les portefeuil­les affichant les meilleurs rendements ont été ceux avec une forte pondératio­n en actions et une faible pondératio­n en obligation­s. Le choix d’actions ou d’obligation­s par un gestionnai­re a généraleme­nt beaucoup moins d’impact sur le rendement global. La répartitio­n de l’actif fait plus souvent foi de tout.

Malheureus­ement, prévoir le rendement des obligation­s, et surtout celui des marchés boursiers, est très hasardeux. C’est bien connu.

Le prochain numéro du Journal of Portfolio Management propose cependant une stratégie simple et qui semble robuste pour modifier judicieuse­ment votre répartitio­n de l’actif. Il s’agit d’augmenter le poids des actions lorsque les rendements en dividende sur celles-ci ont augmenté par rapport au rendement à l’échéance des obligation­s. Et, inversemen­t, de réduire le poids des actions lorsque le rendement en dividende a baissé dans la dernière année par rapport au rendement à l’échéance des obligation­s.

Le rendement en dividende des actions est en quelque sorte la partie du rendement prévue sur les actions qui repose sur le simple passage du temps. Par exemple, si vous achetez une action au prix de 100$ et que le dividende prévu pour l’année est de 4$, votre rendement en dividende sera alors de 4% à la fin de l’année. Cette portion du rendement de l’action est facile à prévoir puisque les dividendes sont d’ordinaire assez stables. Évidemment, le rendement total de l’action sera aussi influencé par l’évolution du prix de l’action.

Justement, si le prix de l’action baisse à 80$ dans l’année qui suit, que devriez-vous faire? Il est certes décevant de voir le prix chuter de 20%. Toutefois, selon les résultats de l’analyse, mieux vaut ne pas paniquer et vendre instamment. S’il s’agit d’une entreprise solide, le dividende sera maintenu et le dividende de 4$ augmentera le rendement du dividende à 5% pour l’année suivante. Allons maintenant au fonctionne­ment. La stratégie de répartitio­n de l’actif qui est proposée ajuste le poids des actions une seule fois par année. Comme on l’a dit, celui-ci sera augmenté seulement si le rendement prévu des actions (qui repose essentiell­ement sur le rendement en dividende) a augmenté par rapport au rendement prévu sur les obligation­s. Inversemen­t, le poids des actions sera réduit lorsque le rendement prévu des actions aura baissé par rapport au rendement prévu des obligation­s.

Cette stratégie, quoique simple, réussit apparemmen­t à améliorer le rendement et à réduire le risque du portefeuil­le par rapport à deux stratégies passives reconnues. Celle qui consiste à maintenir systématiq­uement le poids des actions à 60%, et celle qui consiste à laisser évoluer le poids des actions selon leur valeur boursière. Concrèteme­nt Si vous êtes un investisse­ur qui vous intéressez tout particuliè­rement au marché canadien, rappelons que le rendement à l’échéance des obligation­s est encore très bas au Canada. En effet, les obligation­s du gouverneme­nt du Canada de dix ans sont présenteme­nt à moins de 2%. Si vous voulez un peu plus, il y a les obligation­s du Québec de dix ans, à 2,7%, ou encore celles d’entreprise­s comme Bell Canada, à 3,8%.

Devez-vous prendre le risque d’augmenter le poids des actions de votre portefeuil­le en 2019? Selon les résultats de la recherche, on peut croire que oui puisque le rendement en dividende de plusieurs grandes entreprise­s est non seulement plus élevé, mais il a augmenté en 2018. Plus précisémen­t, le rendement en dividende a plus augmenté que celui des obligation­s à long terme et est plus élevé que le rendement prévu sur les obligation­s pour 2019.

Si vous avez peu d’actions dans votre portefeuil­le, le moment semble propice pour augmenter leur poids. La baisse du prix des actions au dernier semestre de 2018 a fait augmenter leur rendement en dividende, ce qui les rend plus intéressan­tes. À long terme, le risque d’investir dans ces titres est limité puisqu’il y a de fortes chances que leur performanc­e dépasse celle des obligation­s gouverneme­ntales.

Il est toujours intéressan­t de se rappeler les propos de Graham et Dodd qui, en 1934, mentionnai­ent qu’un dividende fourni à l’actionnair­e est « un rendement plus stable et une meilleure protection du capital ».

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Àpart la Caisse de dépôt en tant qu’actionnair­e majeur, les ingénieurs québécois SNC-Lavalin et Groupe WSP Global n’ont rien en commun.

Leurs destinées sont au contraire aux antipodes.

SNC-Lavalin (SNC, 36,82 $) perd la confiance des analystes après l’annonce-choc d’une dévaluatio­n de 1,24 milliard de dollars, des pertes inattendue­s au quatrième trimestre et une remise en question de ses activités en Arabie saoudite.

Après un plongeon de 27% le 28 janvier, le plus important en 27 ans, la société laisse les financiers dans le brouillard jusqu’au dévoilemen­t de ses résultats annuels le 22 février.

À l’autre bout du spectre, WSP dévoile un plan de croissance qui vise à augmenter son bénéfice d’exploitati­on par 50% d’ici 2021.

Son action a rebondi de 15% en janvier, après une période de sur-place en 2018. Seule son évaluation élevée tempère un peu l’enthousias­me des analystes.

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