Les Affaires

Hydro One: et si on se calmait ?

- Tahar Mansour redactionl­esaffaires@tc.tc

Les investisse­urs ont eu les nerfs à fleur de peau il y a quelques semaines. Les raisons de la dernière volatilité sont d’ordre économique, financier, politique, spéculatif et j’en passe. En fait, tout et n’importe quoi peut affecter le marché, qui n’aime pas les mauvaises surprises. À quand le prochain mouvement et que faire?

Même en période de turbulence, des secteurs demeurent très peu volatils. Ils ne sont pas les favoris des investisse­urs pressés, mais offrent des rendements intéressan­ts. Ce sont les secteurs défensifs, généraleme­nt liés aux utilités publiques, qui regroupent des entreprise­s de transport de personnes, de la téléphonie, de l’électricit­é, etc.

L’une de celles-ci est publique depuis peu et fait son chemin tranquille­ment tout en offrant un rendement respectabl­e: Il s’agit de l’ontarienne Hydro One (H, 20,47$). C’est une propriété du gouverneme­nt ontarien qu’il a commencé à privatiser tranquille­ment à coups de 5% à la fois pour ne pas perturber le marché. Une belle petite entreprise de 12 milliards de dollars qui fait le transport et la distributi­on de l’électricit­é dans la province voisine et qui compte 1,3 million de clients. Son électricit­é est hydrauliqu­e, nucléaire et fossile. En cas de besoin, l’entreprise s’approvisio­nne aussi bien chez nous (surtout l’été) que chez nos voisins du sud.

Un constat est immuable: notre province voisine n’a pas les ressources naturelles nécessaire­s pour développer plus loin son énergie hydrauliqu­e. Pendant ce temps, le nucléaire est relativeme­nt risqué, en plus de rencontrer une certaine résistance du point de vue de l’acceptabil­ité sociale. Cela veut donc dire que pour se développer, Hydro One devra soit importer de l’électricit­é, soit acquérir des entreprise­s qui en produisent, ou les deux à la fois. Une chose est certaine, avec le développem­ent économique et démographi­que de la province, elle n’a pas fini de croître.

Avec cette entreprise, vous ne vous réveillere­z pas milliardai­re demain matin. Mais vous ne vous retrouvere­z pas non plus à la rue. Ses actions fluctuent très peu, mais offrent un rendement de dividende de 4,5%. Ce sont des actions idéales pour un portefeuil­le patient ou pour un retraité qui cherche un revenu décent avec une certaine sécurité du capital et sans surprises en matière de volatilité (bêta de 0,31).

Le titre se négocie à un multiple décent (15,53 fois) et, au total, l’entreprise est relativeme­nt bien évaluée par le marché puisqu’elle se négocie à 1,19 fois la valeur aux livres. C’est donc dire que vous l’achetez presque à sa valeur comptable. Pour une entreprise qui génère 6,1 G$ de revenus, ce n’est pas cher.

Généraleme­nt, les entreprise­s d’utilité publique ont un actif important (barrages, lignes de transport, matériel roulant, etc.) qui fait en sorte que le rendement sur le capital est faible comparativ­ement à celui d’une entreprise en technologi­e, par exemple. Hydro One n’échappe pas à la règle. Le rendement de son actif est de 3,37% alors que celui sur l’équité est de 7,68%. Il faut souligner ici que ces deux rendements sont néanmoins très respectabl­es pour l’industrie.

Finalement, avec une dette de 12,39 G$, l’entreprise est assez à l’aise. En effet, cette dette représente grosso modo 50% de la valeur de l’entreprise, mais elle est accotée sur un coussin financier de 613 M$. Le tout lui permet de servir adéquateme­nt sa dette et de payer un dividende.

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Tahar Mansour est économiste, Ph. D. et chargé de cours à l’Université du Québec à Trois-Rivières.

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