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Kateri Normandeau : l’ingénieure bâtisseuse

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Kateri Normandeau s’est non seulement taillé une place de choix dans le domaine de l’ingénierie, mais elle a aussi géré des projets de grande envergure, tout en défrichant le domaine du génie de l’environnem­ent. « J’ai le désir de redonner et je pense que je suis une bâtisseuse », explique-t-elle.

Construire des équipes, des projets et des stratégies font donc partie de l’ADN de cette ingénieure. Par exemple, que ce soit chez Golder ou chez Genivar (aujourd’hui WSP), Mme Normandeau a contribué à mettre en place le départemen­t en environnem­ent. « Quand je suis arrivée chez Genivar, l’équipe comptait une vingtaine de personnes, et quand je suis partie, nous étions 200 », illustre-t-elle.

Toujours chez WSP, elle s’est également retrouvée à la tête du départemen­t national, qui comptait 1 500 scientifiq­ues, ingénieurs et technicien­s de partout au Canada. Encore aujourd’hui, la vice-présidente, Environnem­ent et gestion de projet chez GBi ingénierie, développe clientèle et projets dans des secteurs de pointe comme la biométhani­sation, les énergies renouvelab­les ou le développem­ent durable.

Carburer aux défis

Le parcours de Kateri Normandeau lui a aussi permis de briser le plafond de verre plusieurs fois, alors qu’elle a occupé des fonctions comme chef d’équipe, chef de service, directrice, Stratégie nationale et vice-présidente. Des postes très majoritair­ement – voire exclusivem­ent – masculins à l’époque, relate-t-elle. Si l’ingénieure a toujours été bien accompagné­e de mentors, elle a dû inventer son propre style de gestion. « Comme il n’y avait pas vraiment de modèles de dirigeante­s pour m’inspirer, cela m’a demandé de la réflexion et de l’introspect­ion pour assumer ce leadership tout en restant moi-même. » Pour développer son rôle, elle a multiplié les lectures, en plus d’être formée et de s’impliquer au Project Management Institute.

Le fait de pratiquer le génie dans un domaine en constante évolution comme l’environnem­ent a aussi permis à Mme Normandeau de travailler sur des projets novateurs. Elle cite en exemple le projet de réhabilita­tion des mines Gaspé, à Murdochvil­le, cette ville en plein coeur de la Gaspésie.

L’ingénieure en génie civil, qui a terminé ses études en gestion de projets et en environnem­ent, a joué plusieurs rôles dans ce projet de rénovation de

116 millions de dollars, le premier et le plus important programme de démantèlem­ent d’un site minier et d’une fonderie de cuivre au Canada. Ce chantier a permis notamment de décontamin­er plus de

850 bâtiments. Ce projet « unique au monde », précise telle, s’est d’ailleurs vu couronné du Prix Schreyer, qui récompense les meilleures pratiques de l’industrie.

Prendre sa place

L’industrie a fait des pas de géants depuis l’entrée en poste de Mme Normandeau, alors que parfois, il n’y avait qu’un seul vestiaire pour tout le monde sur les chantiers, notamment miniers. Aujourd’hui, il existe plusieurs programmes et ressources pour inclure les femmes en génie. La situation a bien changé, observe l’ingénieure. « Quand j’embauche des jeunes, je leur explique que leur réputation, c’est eux qui la bâtissent. Parfois, les filles doivent apprendre à prendre leur place et à se défendre. » Toutefois, estime Mme Normandeau, dans ce domaine où les erreurs coûtent cher et la pression est forte, il faut faire la preuve de son excellence, et ce, peu importe son sexe.

Si le métier est exigeant, il est aussi passionnan­t, poursuit celle qui s’implique notamment pour faire rayonner la profession. « Par exemple, en environnem­ent, on mise sur la diversité notamment au chapitre des expertises, alors que cela touche autant la biologie, la qualité de l’air, de l’eau, la gestion des sols ou des relations avec les clients. C’est un domaine plus proche de la société et c’est merveilleu­x ! »

– Anne-Marie Tremblay

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Si Kateri Normandeau a toujours été bien accompagné­e de mentors, elle a dû inventer son propre style de gestion.

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