Cinq zones industrielles qui bouillonneront en 2019
Des attributs qui propulsent Valleyfield au sommet
Les efforts que déploie la
Ville de Valleyfield depuis deux ans pour stimuler son développement économique commencent enfin à porter leurs fruits. Le parc industriel et portuaire Perron, qui s’étend sur une superficie de plus de 38 millions de pieds carrés, se hisse au sommet des zones industrielles qui bénéficieront des plus importants investissements en 2019, avec près de 1,3 milliard de dollars.
D’où viennent ces investissements ? Tout d’abord, la Ville a remporté le gros lot l’automne dernier lorsqu’elle est parvenue à séduire Solargise Canada, alors courtisée par près d’une dizaine d’autres locations partout dans la province. Le fabricant de panneaux solaires d’origine britannique, qui privilégiait au départ l’est de Montréal, a fait l’acquisition d’un terrain de
3,3 millions de pieds carrés dans le parc industriel et portuaire Perron. L’entreprise prévoit y injecter 950 millions de dollars pour la réalisation de la première phase dont les travaux de construction débuteront d’ici la fin de l’été 2019. Une fois en service, cette première phase se traduira par l’embauche de 450 personnes. En attendant, les 600 travailleurs actuels veilleront aux travaux de construction.
D’autres investissements totalisant plus de 410 M$ (incluant l’implantation de l’usine du fabricant de cannabis The Green Organic Dutchman [TGOD], ainsi que les agrandissements majeurs du fabricant de lingots de zinc CEZinc et de l’usine de revalorisation JPB Énergies) annoncés en 2018 contribuent également à dynamiser l’activité économique de la zone Perron.
Comment expliquer cette soudaine effervescence économique que Valleyfield n’avait pas vécue depuis plus de 40 ans ? « Plusieurs éléments ont servi de bougie d’allumage. Notamment le crédit de taxes qui a été instauré à l’été 2017 », analyse le directeur du développement économique, Yvon Daoust. L’attitude dynamique de l’administration municipale, qui a décidé de ne plus attendre que le téléphone sonne, a également favorisé ce nouvel essor.
Parmi les autres avantages du parc industriel campivallensien, notons la proximité de l’autoroute 30, terminée en décembre 2012. La présence d’un port et d’une gare de triage, ainsi qu’un accès aux réseaux électrique et de gaz naturel ne sont pas non plus négligeables. « Mais ce qui aide surtout à nous différencier, c’est notre réseau d’eaux brutes, considéré parmi l’un des plus purs du Québec. Il permet aux entreprises de bénéficier d’une bonne eau qui revient 15 fois moins chère qu’une eau filtrée, » soutient le maire Miguel Lemieux.
Petite anecdote qui témoigne des atouts de Valleyfield. Lorsque Raj Basu, président du groupe Solargise, a mis les pieds en ville pour la première fois à l’été 2018, ce ne devait être que pour une visite éclair en matinée avant de prendre un vol pour New York. « En découvrant un à un nos attributs, le président a décidé d’annuler son vol, raconte le maire Lemieux. Impressionné, il a pris toute la journée pour voir tout ce qu’on avait à lui offrir. Vous connaissez la suite… »
Shawinigan : une reconversion industrielle réussie
Octobre 2019 marquera les cinq ans de la fermeture de l’usine de pâtes et papiers Laurentides des Produits forestiers Résolu, dans le secteur Grand-Mère, à Shawinigan. Près de
275 personnes avaient alors perdu leur emploi. Un triste anniversaire qui sera pourtant beaucoup moins douloureux cette année grâce aux actuels travaux de reconversion de l’usine désormais occupée par Nemaska Lithium.
Cette entreprise chimique, qui produit de l’hydroxyde et du carbonate de lithium de haute pureté nécessaire à la fabrication des piles au lithium, procède actuellement aux aménagements de sa phase commerciale, estimés à plus de 700 M$, selon Luc Arvisais, directeur du développement économique, à la Ville de Shawinigan. Fixés initialement à 540 M$, ces coûts ont été majorés en février dernier. Avec les 55 M$ déjà investis pour la phase 1, cet espace industriel se hisse parmi ceux qui profitent des plus importants investissements en 2019.
« La sélection de ce site nous a permis d’épargner temps et argent dans le projet. Au moins 20 M$ ont été épargnés en coût d’aménagement, en comparaison avec une nouvelle construction. La Ville de Shawinigan a également été très généreuse en nous vendant le site pour 2 M$. Et puisque la région possède une longue histoire avec de grands industriels comme Rio Tinto Alcan, cela nous donne accès à un bassin de main-d’oeuvre hautement qualifiée, notamment en électrochimie », indique Guy Bourassa, président et chef de la direction, Nemaska Lithium.
« En plus de redonner vie à une zone industrielle centenaire, l’implantation de cette entreprise canadienne se traduira par la création d’une centaine d’emplois lors de sa mise en service en 2020 », souligne M. Arvisais. L’arrivée de Nemaska Lithium permet également de consolider la nouvelle filière économique
liée au transport électrique qui prend racine à Shawinigan depuis cinq ans. Rappelons que la ville accueille déjà les usines de fabrication de bornes électriques AddÉnergie et Elmec. Shawinigan profite aussi de la présence du Centre national en électrochimie et en technologies environnementales.
Le site industriel sera bonifié d’un élément caractéristique très particulier. Bordée par la rivière Saint-Maurice, cette zone sera bientôt l’hôte d’une toute nouvelle marina. « Nous disposons d’un peu plus de 40% des 5,4 millions de pieds carrés du site. La moitié servira à l’aménagement d’une zone récréotouristique. Nous souhaitons ainsi redonner un accès à la rivière. Les plaisanciers pourront accéder au plan d’eau et naviguer jusqu’à la hauteur de La Tuque », explique M. Arvisais. Ce projet, évalué à 12 M$, doit voir le jour dès cet été.
Le parc aéroportuaire de Saint-Hubert en plein décollage
En matière de développement économique, le malheur des uns fait souvent le bonheur des autres. C’est le cas du déménagement de l’entreprise Molson Coors, qui va quitter son site historique de la rue Notre-Dame, à Montréal, pour aller brasser ses bières dans la cour de l’aéroport de Saint-Hubert. Un déménagement qui fait de cette immense zone industrielle parmi les plus prospères de l’année.
Les travaux de construction, qui ont commencé en octobre dernier, sont évalués entre
500 M$ et 600 M$. « Ce nouveau complexe brassicole, qui doit être opérationnel à compter de 2021, réunira les bâtiments de la production et de la distribution », indique François Lefebvre, directeur des affaires corporatives chez Molson Coors.
Pourquoi avoir choisi cette zone industrielle en particulier? Plusieurs facteurs ont séduit le brasseur. Notamment la disposition du terrain, la proximité de l’autoroute 30 ainsi qu’un bon réseau d’aqueduc pour l’approvisionnement en eau et le traitement des eaux usées, explique M. Lefebvre.
Il faut dire également que Longueuil déroule depuis deux ans son tapis rouge. En septembre 2017, la Ville a adopté certaines mesures incitatives qui lui permettent d’accorder un crédit de taxes foncières régressif sur cinq ans (dont un crédit de 100% lors des deux premières années), ainsi qu’une aide financière qui permet aux entreprises d’acheter un terrain dans ce secteur pour moins de 1,50$ le pied carré sous certaines conditions, au lieu de 4$ à 6$ le pied carré selon les autres emplacements en ville.
Actuellement, l’entreprise Molson Coors emploie près de 1 000 travailleurs. M. Lefebvre tient toutefois à préciser qu’il est encore trop tôt pour indiquer le nombre d’emplois dont héritera la Ville de Longueuil.
Soulignons que cette zone industrielle aéroportuaire a été bonifiée d’une nouvelle piste au coût de 17 M$. Inaugurée l’été dernier, cette nouvelle infrastructure a été conçue pour accueillir des appareils moyens porteurs, tels des Airbus 320, Airbus 220 (l’ancien C-Series de Bombardier) ainsi que des Boeing 737, indique Jane Foyle, directrice générale, Développement de l’Aéroport Saint-Hubert de Longueuil (DASH-L). « Nous travaillons maintenant très fort, ajoute-t-elle, pour que la zone dispose de son aérogare grand public d’ici 2021. »
Le prolongement de l’autoroute 30 profite à Beauharnois
Les structures des deux ponts Serge-Marcil et Madeleine-Parent impressionnent déjà ceux qui empruntent l’autoroute 30. Il faut ajouter, ces jours-ci, la construction du futur centre de distribution IKEA, à Beauharnois. Impossible de rater visuellement cet immense bâtiment qui occupera un million de pieds carrés de superficie dans l’espace industriel Quartier Urgel-Charrette.
Cet investissement de plus de 400 M$, nous indique-t-on à la Ville, propulse ce secteur de Beauharnois parmi les zones industrielles urbaines les plus profitables de 2019. Ce nouveau centre qui doit ouvrir ses portes d’ici la fin de l’année remplacera celui de Brossard. Il rapportera, estime-t-on également à la Ville, 450 nouveaux emplois à Beauharnois.
Pourquoi ce déménagement? Plus de 90% des produits vendus dans les magasins IKEA du pays se retrouvent également en vente sur le
Web. L’entreprise a donc besoin de grands espaces pour la distribution de ses meubles et autres produits. « IKEA a acheté un terrain d’un peu plus de 5 millions de pieds carrés de superficie, soit plus de 60% de notre nouveau secteur Quartier Urgel Charette. Ce besoin pour tant d’espace laisse présager un éventuel agrandissement des installations », indique Alain Gravel, directeur général de la Ville de Beauharnois.
Par ailleurs, aucun crédit de taxes ou autres incitations n’a été déployé pour attirer IKEA dans la cour de Beauharnois. « L’entreprise a payé 3,50$ le pieds carrés, le même prix demandé aux autres entreprises. Ce montant inclut cependant tous les branchements de services dont les entreprises ont besoin », soutient M. Gravel. Selon lui, un des principaux éléments d’attraction demeure sans équivoque la localisation géographique de Beauharnois. Grâce au prolongement de l’autoroute 30, la ville se trouve désormais à moins de 45 minutes de l’Ontario, de la frontière américaine et de l’aéroport Dorval.
L’entreprise Medicago s’offre un espace industriel juste pour elle à Québec
Les zones industrielles à Québec sont en demande comme l’illustre l’Espace d’innovation d’Estimauville. Aussitôt mis sur le marché par l’administration Labeaume en 2015, les quelque 960000 pieds carrés de cette zone industrielle, nouvellement créée par le réaménagement des terres de l’ancienne ferme SMA, ont été acquis en totalité par le fabricant de vaccins sur plantes Medicago.
Bien qu’ils soient annoncés depuis quatre ans, les travaux de construction, évalués à
245 M$, ont commencé l’automne dernier. Ils se poursuivront jusqu’en 2021, année prévue de la mise en service. Le complexe de près de 475000 pieds carrés comprendra le siège social, les installations de recherche et de développement ainsi que les structures liées à la production, peut-on lire dans un communiqué de Medicago. Le choix de Québec s’imposait en raison de la disponibilité de la main-d’oeuvre hautement qualifiée dans le domaine ainsi que des infrastructures de recherche dans la région. L’entreprise, qui prévoit embaucher
400 personnes, a décliné notre demande d’entrevue.
Ce nouveau complexe devrait permettre la production annuelle de 40 à 50 millions de doses de vaccins quadrivalents contre la grippe saisonnière dès 2023.